Prisonnier politique Pierre Killick Semelus : »Nous sommes gardés ici dans des conditions inqualifiables. Ici c’est l’enfer ».
Port-au-Prince, vendredi 7 août 2020 ((rezonodwes.com))–Accompagné du doyen du Tribunal civil de Port-au-Prince, Bernad Saint-Vil, du commissaire du gouvernement a.i de Port-au-Prince, Gabriel Ducarmel, du responsable de la Direction de l’administration pénitentiaire l’inspecteur général Charles Nazaire Noël, le ministre de facto Rockefeller Vincent entendait s’enquérir sur la situation de détention du plus grand carcéral d’Haïti. Il a promis d’adresser avec célérité le phénomène de la détention préventive prolongée.
Plus de 3600 détenus croupissent dans les cellules du Pénitencier national, un chiffre qui dépasse largement les 800 prisonniers habilités a être enfermés dans ce centre de détention. La surpopulation carcérale au Pénitencier national a toujours été le prétexte pour des ministres de la Justice et de la Sécurité publique et autres acteurs du système judiciaire pour justifier une tournée dans cette prison. Ce vendredi 7 août, le nouveau titulaire du MJSP, Rockefeller Vincent n’a pas dérogé à la règle en rendant visite aux détenus entassés dans les cellules dans des conditions honteuses et infra-humaines.
»Ma présence s’inscrit dans la dynamique de désengorger les cellules et faire appliquer le politique pénale du gouvernement », a-t-il déclaré.
Le phénomène de la détention préventive prolongée qui fragilise le fonctionnement du Pénitencier national s’est accéléré en raison de l’insécurité qui s’installe au Bicentenaire, croit comprendre le doyen du Tribunal civil de Port-au-Prince. Le juge Bernard Saint-Vil, promet de mobiliser la machine pour faciliter l’élargissement de plusieurs détenus. Il annonce l’activation des leviers devant accélérer la libération des détenus coupables de délits mineurs.
De son côté, le chef du Parquet, Gabriel Ducarmel entend tout mettre en branle pour extraire certains détenus de leurs cellules. Il annoncé la tenue d’audience correctionnelle et criminelle pour traiter des dossiers en souffrance.
Les conditions de détention inhumaines interpellent autorités et travailleurs en charge de couvrir la visite. À l’intérieur du Pénitencier, une odeur pestilentielle, des piles d’immondices forment le décor. Le militant politique Pierre Killick Semelus, arrêté le 30 novembre 2019, met le ministre et les membres de la délégation face a la réalité des detenus. Sa cellule repérée au quartier Hall acceuille une cinquantaine de prisonniers, une situation qui révolte le militant farouche opposant au régime en place.
« Nous sommes gardés ici dans des conditions inqualifiables. Ici c’est l’enfer », affirme-t-il avec amertume.
D’autres détenus en ont profité pour glisser leur nom aux autorités dans l’espoir que leur dossier sera pris en compte dans le cadre de l’opération coup de poing initiée par le ministère de la Justice et de la Sécurité publique.
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com
