Samedi 4 juillet 2020 ((rezonodwes.com))– Déjà ils ne se comptent pas en nombre suffisant pour marquer une différence significative dans la marche titubante du pays. Pourtant alors qu’on s’y attend le moins les ténèbres qui obscurcissent littéralement le pays lui ravissent subitement un de ses preux chevaliers pour consolider les canailles dans leurs desseins de le maintenir dans les griffes de l’oppression, de la misère et de l’insécurité. A quelle fin? A juste effleurer les soupçons qui ont tendance à découler de toute analyse logique de la situation, le frisson secoue et notre intellect et notre physique.
Se pourrait-il que toutes ces combines n’ont pour but que de provoquer l’exode forcé de l’ensemble de la population pour favoriser l’appropriation du territoire par d’autres à cause des mille opportunités qu’il offre. Régulièrement refoulés de la république voisine que nos frères envahissent pour fuir la faim, bloqués à la frontière de la Colombie et du Panama pour intrusion illégale, déportés par l’administration Trump pour désengorger les prisons, nombre de nos frères en situation incertaine au Canada, aux Bahamas, et, et,….considérés comme des pestiférés presque partout les progénitures du premier pays qui s’est constitué libre et indépendant en se débarrassant des fers de l’esclavage ne savent à quel saint se vouer pour diminuer le poids des malheurs qui les accablent.
Nous sommes arrivés à un carrefour où il est légitime de nous demander de quel crime abominable ce pays s’est-il rendu coupable pour mériter un tel sort? Loin de nous la propension de déclarer qu’il est un pays maudit car à l’instar de tous les autres il est habité par des hommes semblables à tous les autres avec des institutions, gérés par des lois peut-être imparfaites mais cela ne peut pas expliquer en toute logique la courbe descendante qu’il a décidé d’emprunter sans possibilité de s’infléchir pour amorcer son ascension vers la lumière.
Quels en sont les responsables? Inutile de perdre son temps en conjectures. Le pays est dirigé par des incapables qui sont conseillés au plus haut niveau par des ressortissants de pays qui se disent amis d’Haïti alors qu’aucun pays n’a d’ami. Il regorge tout simplement de richesses et de potentiels, objets de la convoitise de tout un chacun. C’est la seule raison qui justifie que ses destinées soient confiées à cette kyrielle d’énergumènes auxquels la fierté d’être Haïtien échappe totalement.
Certes ils ne sont pas nombreux les éléments capables d’assumer le pouvoir et d’assigner une nouvelle direction à notre eldorado, mais il suffit de faire un choix éclairé dans la panoplie de prétendants qui s’inscriront comme candidats et d’élire Président celui qui sera drapé d’un programme bien ficelé pour que l’espoir renaisse et que le pays reparte sur des chapeaux de roues vers la reconquête de notre souveraineté et de notre dignité. Des mille possibilités que notre position géopolitique nous offre, pourquoi notre coin de terre n’est-il pas encore pourvu d’au moins une cale sèche dans l’admirable baie de Fort-Liberté que la nature nous a légué.
Pourquoi le pays ne se vend-il pas en construisant des marinas dans cette même baie et du côté de Saint-Louis- du-Sud pour ne citer que ces deux points? La république voisine a suivi notre exemple du Bicentenaire en faisant du Malecon une avenue de prestige tandis que l’oeuvre dont nos voisins se sont inspirés est tombée en décrépitude ayant perdu tout son lustre d’antan. Nous avons fait le pari, c’est vraiment à ne rien comprendre, de nous reléguer toujours à la dernière place après avoir occupé la première sur tout podium international.
Quant à l’industrie du tourisme, fabuleux filon de l’économie mondiale que la Covid-19 a sérieusement mis à mal, qu’en avons-nous fait? Des apatrides et des sycophantes au service de tous les autres pays sauf d’Haïti se sont, semble-t-il, toujours ligués pour paralyser et même freiner l’essor de ce secteur d’activités tantôt au profit de notre concurrent direct, la république voisine, tantôt au bénéfice d’autres contrées intéressées.
Depuis les trente dernières années le pays n’a eu qu’une seule fois la chance d’être desservi par un cabinet ministériel conséquent, ce fut durant les quatre mois et treize jours que dura le gouvernement de Leslie Manigat. A première vue, il paraît que ce gouvernement aurait pu exécuter la mission dont il était chargé, mais lorsqu’on examine à la loupe la contribution de Gérard Latortue dans l’éviction de Laurent Gbagbo et l’avènement d’Alassane Ouattara à la présidence de la Côte d’Ivoire l’on se demande perplexe s’il fut naguère un patriote et par la suite un vendu.
Ils ne sont malheureusement pas nombreux les éléments vraiment capables de gouverner le pays. Cependant les citoyens qui ont été assujettis à l’élaboration du monstre que nous appelons affectueusement Constitution de 1987 portent en grande partie la responsabilité de la détérioration du pays à tous les points de vue pour avoir permis à n’importe qui d’accéder à n’importe quelle fonction sans titre ni qualification.
Tel individu est membre de la Cour Supérieure des Comptes et il n’est ni avocat, ni comptable, ni économiste, ni analyste financier. Il a été nommé en qualité d’ami et souvent, pour la femme, de petite amie d’un grand manitou du régime ou sur la recommandation d’un sénateur ou d’un député. Un autre lit avec beaucoup de difficulté, il est un ancien membre de gang et le voilà élu sénateur par la volonté du président. Les maigres capacités de ce troisième larron lui ont permis d’occuper un poste d’agent de sécurité au casino d’El Rancho, et sans qu’on puisse comprendre comment, le voilà élu député, puis réélu et maintenant sénateur de la République.
Le pays de Jean-Jacques Dessalines n’obéit à aucune logique dans le choix de ses dirigeants, quiconque s’estime vraiment incapable de percer dans les autres sphères de la vie est obligé de se tourner vers la politique où il est assuré de réussir à coup sûr. Dans ces conditions de la plus haute magistrature jusqu’au bas de l’échelle politique les intérêts du pays et le bien-être du peuple ne peuvent pas être pris en compte car les responsables sont dépourvus de formation, de compassion et d’empathie pour penser dans de si hautes dimensions. L’inexistence de balise dans notre loi-mère rend de nos jours la situation extrêmement compliquée car l’audace , l’intimidation et même la terreur sont les armes favorites auxquelles les faibles d’esprit sont obligés de recourir pour éliminer un adversaire ou voler une élection.
Vu sous cet angle, la constitution de 1987, n’ayant jamais été complétée jusqu’à date dans toutes ses visées, sa volonté de tenir des joutes sénatoriales à chaque deux ans ayant été presque toujours dans l’impossibilité d’être réalisé et l’imposition de barrières à l’entrée toujours absente, après trente-trois ans de turbulence elle doit être mise au rencart pour faire place nette à une Charte nouvelle susceptible de faire germer et fleurir la vie sous la férule de dirigeants compétents, consciencieux et responsables dont la vocation sera uniquement de chercher par tous les moyens à assurer le bonheur de tous nos frères et de l’intérieur et de la diaspora.
Un sujet est de nos jours d’actualité dans les cercles haïtiens de la diaspora: celui de l’intégration réelle des haïtiens de l’extérieur dans la vie active de l’intérieur dans tous ses compartiments. Une revendication plus que légitime qui soulève la peur et la colère chez nombre de compatriotes. Pour preuve un fleuron de la diaspora qui a pris l’initiative de retourner en Haïti pour mettre ses compétences au service de son pays a été crapuleusement assassiné. La recherche du ou des commanditaires tout comme des mobiles risquent comme tous les autres cas semblables de durer une éternité et de se solder par l’enquête se poursuit ou l’enquête est toujours en cours. Le gardien qui affirme avoir reconnu deux des cinq individus qui ont pénétré dans l’hôtel va-t-il se dédire ou tout simplement disparaître sans laisser de trace.
Quoiqu’il en soit Norvella Bellamy faisait peur parce qu’il représentait un réel danger pour ceux qui se croient héritiers légaux d’un pouvoir PHTK dont la durée de vie est estimée à cinquante ans pour paraphraser l’ancien premier ministre Jack-Guy Lafontant. En éliminant l’obstacle que constituait dans votre cerveau tortueux le sacrifié vous venez d’enfoncer le dernier clou dans votre cercueil pour que l’esprit de Monsieur Bellamy, offert en holocauste sur l’autel de la patrie bien-aimée puisse offrir au pays la paix, le progrès, la sécurité et l’abondance auxquels il aspire tant. Norvella est mort mais son esprit survivra à sa matière et ne connaîtra point de fin. Que la terre lui soit légère.
Garry Muzeau
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