Le conseiller électoral démissionnaire, Jean Simon St-Hubert, traite Jovenel Moise de « président de facto »

0
2176

Pour les Evêques d’Haïti, le pays est tombé « dans une dérive totalitaire périlleuse avec certains éléments de ces différents décrets qui menacent les fondements mêmes de notre société« … »Apprenti-dictateur » , « président de facto » , « régime totalitaire » , « usurpateur de titre » ; tous ces qualificatifs ne sont pas encore accolés au dos de Jovenel Moise, à l’échelle internationale, simplement tout autant qu’il reste très soumis aux diktats et continue de défier les braves gens de la société civile par l’imposition de décisions contradictoires, arbitraires et inconstitutionnelles.

Après la démission de Simon St-Hubert d’un CEP avarié, le président Jovenel Moise dont le champ d’action semblerait être très vaste, va-t-il puiser dans son panier de « décrets en folie » pour remplacer le conseiller démissionnaire ? Ou ceux qui sont encore en place pour ne rien faire vont-ils faire monter les enchères ? Persiste néanmoins une incertitude sur la présence pour encore longtemps du représentant de l’Eglise catholique au sein de ce CEP moribond, après la sortie fracassante des Evêques pour condamner les dérives d’un président qui ne dirige que par personne interposée.

Président de facto et premier-ministre de facto, dg a.i PNH, commissaire du gouvernement a.i Port-au-Prince, commissaire du gouvernement a.i. Croix-des-Bouquets et bientôt un maire a.i. à l’Arcahaie où le symbole du drapeau est permanent et pourquoi pas des sénateurs et députés a.i. nommés par décret en folie…car tout le monde semble être en transit dans ce pays, pour aller bâtir des châteaux en Espagne loin de la Cote des Arcadins…

Vendredi 3 juillet 2020 ((rezonodwes.com))–Lettre de démission de l’ex-conseiller électoral Simon St-Hubert adressée au président Jovenel Moise:

Monsieur le président,

Par la présente, je vous informe de ma décision de me démettre de ma fonction de conseiller électoral au Conseil d’Administration du Conseil Électoral Provisoire, ceci, après délibération avec le Secteur des Droits Humains.

Ma décision fait suite à une longue réflexion sur la situation générale du pays. En effet, l’institution de ce conseil électoral provisoire a été rendue possible grâce à de nombreuses consultations entre différents secteurs du pays. Notre mandat aurait du prendre fin immédiatement après l’installation du président de la République pour laisser la place à une institution permanente selon l’article 289.3 de la Constitution d’Haïti. Malheureusement, la mauvaise foi et l’incapacité des uns et des autres ont fait basculer le fragile consensus de 2016.

Ainsi, vous vous trouvez vous-même, M. le président, dans une situation de facto car du moment que vous dirigez le pays par décret, sans la supervision d’un corps législatif, votre présence au pouvoir relève de ce qu’on appelle en droit constitutionnel un coup d’état.

D’un autre coté, l’organisation des élections est fondée essentiellement sur les libertés d’association, de réunion, d’expression et de rassemblement. Or, depuis environ deux ans, le cadre de jouissance de ces libertés est systématiquement réduit par le développement accru du gangstérisme qui sévit partout dans le pays. De là, découle une ambiance politique inappropriée pour un retour à l’ordre républicain.

C’est donc au nom des prescriptions de la Constitution que j’adhère à la position des organisations de la société civile, et spécialement celle que je représente au Conseil, la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH), qui réclament la démission des Conseillers Électoraux.

Ma démission est effective dès réception de cette lettre.

Espérant que vous prendrez, Monsieur le Président, la bonne décision pour libérer le peuple haitien de la crise de gouvernance républicaine et démocratique, je vous prie d’agréer mes sympathies.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.