Repenser Haïti, comment?

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Vendredi 3 juillet 2020 ((rezonodwes.com))– Il est évident que les structures de base d’une société s’axent sur un ensemble de besoins comme la sécurité, la santé, l’éducation et l’emploi. Questionner les raisons de l’effritement de l’État Haïtien amène à réfléchir sur l’effondrement de tout un système sociopolitique. Les explications ne sont pas « unes » et elles marginalisent le plus souvent le cadre évènementiel en matière de solutions.

Du coup, l’assujettissement récurrent dans les fonctions publiques deviennent normatives, la misère règne, aucun droit de survivre, l’État de droit patauge dans la sphère de l’imaginaire. Telle est la situation d’une nation qui se dit etre la première république noire du monde. Fierté, mais… Triste équation.

A part d’un discours péremptoirement lié aux dégradations systémiques des valeurs, les prolégomènes d’une histoire de développement avec des lunettes non-occidental font voyager dans la sphère du désespoir et de la routine de la pression infernale. Est-on dans une société en progéniture, en miniature, en projet ou autres? Légions sont ceux qui continuent à croire qu’un changement est possible dans un mandat présidentiel de cinq années. C’est le premier de nos maux.

Aucun développement social n’est possible sans les politiques publiques. Persuasion ou doute, l’essentiel est de considérer l’histoire, non pas comme le biologiste qui fait l’histoire des espèces, mais comme l’historien des révolutions politiques ayant causé d’impacts positifs sur l’économie de sa patrie. Les politiques publiques sont une perspective de développement qui entrent dans une dynamique paradigmatique.

C’est-à-dire, elles sont l’essence et l’affinité de projets et programmes de développement qui sont connexes. Pour un développement effectif, les politiques publiques doivent se lier entr’elles in situ et in visu : politiques publiques d’infrastructure routière, de santé, de la culture, de sécurité etc. Parcourons un peu certains facteurs de la vie publique.

Du point de vue de la culture, le système social haïtien, a-t-il déjà été en mesure d’appliquer quelques-unes parmi celles évoquées auparavant, si du moins il en avait? Car, retenez vous bien, il n’y a jamais eu de politique culturelle haïtienne! Cette culture qui nous identifie, qui nous rend authentique avec nos productions artistiques, nos valeurs identitaires, nos croyances religieuses n’a pas un document cadre (politique culturelle) qui détermine les plans de développements culturels de la nation.

En exemple, le site « Fort-Liberté » à Petit-Goâve a été restauré depuis 1954, le Carnaval est réduit à une question de polémique entre groupes musicaux, les musées n’ont pas de financement adéquat pour leur fonctionnement, les fêtes champêtres ne détiennent aucun circuit touristique de valorisations culturelles. Et j’en passe.

Du point de vue de la sécurité, quelle est donc cette possibilité de vivre en paix dans le pays qui a donné l’exemple de la prise de liberté? Liberté et paix, ne sont-elles pas sœurs jumelles ou sont-elles une problématique apparente et outrée? Martissant, autrefois florissant, le Bicentenaire autrefois convoité par l’International et autres sont aujourd’hui considérés comme des zones de non-droit. Politique publique de sécurité imaginaire? Une mauvaise harmonie qui plonge l’âme dans l’agonie. Le surplombant préconisait l’alarme de la vertu, perdue dans l’océan du virus destructif. L’ouvrage « Sécurité, Justice et Paix effectives en Haïti » se trouve encore dans la sphère de l’imaginaire après 216 ans d’indépendance.

Du point de vue de la santé, c’est encore grave. La Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP), entité de l’UEH n’est pas épargnée de cette maladie contagieuse qu’est la non-existence d’une politique publique de santé. Le Covid-19 a mis à nu les problèmes majeurs et fondamentaux de ce système mafieux politisé dans tous les secteurs de la vie publique. Quand la science dirige la politique, le résultat n’est autre que le développement social pour le bien collectif. Cependant, quand la politique dirige la science, cela donne Haïti et son sous « sous-développement »!

Pour confirmer ces propos, visitez les hôpitaux publics. Les médecins résidents n’ont presque pas de salaire et, au même moment, les virements de fonds font l’apanage de tout un cercle inhumain, corrupteur ayant toujours gagné les élections depuis toujours. Choix masochique du peuple ou imposition de nulle part?

Du point de vue de l’infrastructure routière, ne savez-pas que les gouvernants planifient nos décès? Considérons les circuits à sens contraire et les périmètres des routes Nationales. Les collusions sont les premiers types d’accidents possibles. Les longs circuits routiers devraient être repensés avec une perspective de quatre voies séparées entre elles après les deux premiers sens uniques. Signalons que le circuit Pont-Sondé / Mirebalais est en terre battue et est très dangereux pour la population.

Tant d’autres villes (Gonaïves / Gros-Morne, Bassin-Manyan, Port-de-paix) sont dans la même situation malgré les promesses non accomplies de plusieurs élus. Je me souviens toujours de cette misère sur la route menant au siège social de l’APV (Vallue / Petit-Goâve) en compagnie de mes étudiants dans le cadre d’une recherche dans le cadre de leurs évaluations académiques.

Les petits projets personnels des gouvernants ont toujours prôné la faisabilité des futilités, gaspillages et les gabegies de toutes sortes. Dans un autre sens critique, ne serait-il pas aussi question d’un conditionnement du refus d’élaborer et d’appliquer les politiques publiques pour mieux organiser leurs pillages au détriment du bien commun? Repenser Haïti.

Repenser Haïti dans le vrai sens qu’est le sens progressif pour le bien de tous est de s’attacher aux politiques publiques, à l’éthique et à la transparence. Une politique d’importation ne peut être, en aucun cas, salutaire pour le pays et nous vivons les conséquences néfastes de ce phénomène. Les productions agricoles, le système d’emploi, l’éducation saine doivent constituer la base d’opérationnalisation de ce développement aspiré.

En attendant, je vous souhaite la Bienvenue en Haïti, là où les armes à feu sont fournies à la population en lieu et place d’emploi, d’engrais, de financement des PME et des productions artistiques, de salles de cinéma; là où le budget de la santé, de l’Université, de l’éducation fait plus de trois fois moins que les frais des gouvernants, tous inclus…

Wilguens Régis

Doctorant en ethnologie et Patrimoine, Université Laval, Québec

Avocat au Barreau de Petit-Goâve et Professeur à l’UEH

Principaux ouvrages déjà publiés :

  1.  Comment penser la politique culturelle de reconstruction et de revalorisation du patrimoine bâti avant le séisme? (Mai 2016)
  2. Ipso Facto ou l’échec du Messianisme politique Haïtien (Octobre 2017)
  3. Le destin de Rutshelle (Mars 2019)
  4. Haïti, rivière d’amours et de souffrances (Janvier 2020)

1 COMMENT

  1. Vous etes d’accord aussi un mandat presidentiel de cinq ans ne signifie pas mettre le pays sur la route du « Shithole, » de remplir les poches, d’etre des esclaves de meteques et de predateurs d’outre-mer. En quatre mois, le president Leslie Francois MANIGAT commencait par jeter les bases d’un autre pays.

    Il est evident, « aucun politique social n’est possible sans les politiques publiques. » Il n’est pas donner a’ des Rats de mettre en mettre en place des politiques publiques, mais des hommes. C’est la’ que le bas blesse.

    Vous aviez souligne’, « …les virements de fonds font l’apanage de tout un cercle inhumain, corrupteur ayant toujours gagne’ les elections depuis toujours. Choix masochique du peuple ou imposition de nulle part. » En parlant de peuple, il ne faut pas penser aux « Analfabet pa bet » qui avaient envahi l’hotel Montana en 2006 pour imposer Rene Preval, le domestique du « groupe de Bourdon. » Et cinq ans plus tard (2010), ils allaient agir de la meme maniere, en mettant le Feu dans certains endroits de la ville des Cayes au profit de Michel Joseph Martelly. Ci-git Lavalas. Bef la chanje Gado’.

    Il faut mettre en cause les Errances de toutes les spheres de la societe haitienne. En 2006, comme candidat, Rene Preval avait boude’ la presse boudachire, en ne faisant aucune declaration, et c’etait acceptable. La societe civile, idem. Les Don Kato et Amaral Duclona (pour le vote des zones de non-droit)… et Jacques Sauveur Jean, faisaient la promotion de la portion mortelle.

    J’ai encore en memoire le CRI de DETRESSE du cineaste Raoul Peck en vue de mettre la « nation » en garde contre un eventuel retour de Preval au pouvoir, « yon kout Preval yon kout Aristide. Yon kout LASINI yon kout MOTORA. Le l te pwezidan pwemye fwa a se kriye selman li te ka kriye le yo te asasinen bon zanmi l Jean Leopold Dominique. » C’etait le 6 janvier 2006. Sous peu, je dois fouiller mes archives pour relire ce long texte qui s’apparente a’ un poeme.

    Repenser Haiti, comment? En tout premier lieu nous avons besoin des Patriotes au pouvoir, et non des futurs Voleurs des deniers publics et des esclaves de l’oligarchie. La Dictature des Lois.

    Temoin historique

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