Désinformation au temps du COVID-19 : « Il faut de la discipline », prône l’Unesco en Haïti

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Intervention de Mme. Pilar Alvarez-Laso, Représentante de l’UNESCO ; M. Bruno Lemarquis, Coordonnateur Résident de l’ONU ; M. Pradel Henriquez, ministre de la Culture et de la Communication ; M. Eddy Jackson Alexis, Secrétaire d’Etat à la Communication ; Harry Régis, Représentant de l’Association Mondiale pour la Communication Chrétienne ; M. Vénel Remarais, Président de l’AMIH ; M. Jacques Desrosiers, Secrétaire Général de l’AJH, et M. Godson Pierre, du Groupe Media Alternatif, le vendredi 8 mai 2020, au Centre d’Information Permanentes sur le Coronavirus (CIPC)

Samedi 9 mai 2020 ((rezonodwes.com))–  Mme. Pilar Alvarez-Laso, Chef de bureau et Représentante de l’UNESCO en Haïti ; M. Bruno Lemarquis, Coordonnateur Résident des Nations-Unies en Haïti ; M. Pradel Henriquez, ministre de la Culture et de la Communication ; M. Eddy Jackson Alexis, Secrétaire d’Etat à la Communication ; M. Harry Régis, Représentant de l’Association Mondiale pour la Communication Chrétienne (WACC) ; M. Vénel Remarais, Président de l’Association des Médias Indépendants d’Haïti (AMIH) ; M. Jacques Desrosiers, Secrétaire Général de l’Association des Journalistes Haïtiens (AJH), et M. Godson Pierre, du Groupe Media Alternatif ont intervenu vendredi au Centre d’Information Permanentes sur le Coronavirus (CIPC) pour faire le point sur « La désinformation au temps du COVID-19 »

Le Chef de bureau et Représentante de l’UNESCO en Haïti, Mme. Pilar Alvarez-Laso, a été la première intervenante à prendre la parole à cette table-ronde pour rappeler que la Journée mondiale de la liberté de la presse 2020, a été célébrée récemment sous le thème suivant : « journalisme sans crainte ni complaisance ».  Elle a fait le plaidoyer en faveur de l’état de droit et d’une société inclusive où tout le monde a les mêmes droits. Elle a également opté en faveur de l’indépendance du travail de tout un chacun.

Selon Mme Alvarez-Laso,  « le journaliste doit partir à la quête de l’information véritable, maintenant nous recevons d’abord les infos des réseaux sociaux et non des medias traditionnels comme cela se faisait auparavant, donc il faut de la discipline ».  La Représentante de l’UNESCO en Haïti pense qu’il faut considérer l’intérêt général et se dit en faveur d’un journalisme professionnel.  Elle affirmé que le journaliste doit faire le tri des nombreuse informations qui lui sont accessibles et véhiculer des informations fiables.  Il doit toujours chercher à vérifier ou éclaircir les informations avant de les diffuser, dit-elle.

Pour sa part, M. Bruno Lemarquis, Coordonnateur Résident des Nations-Unies en Haïti a d’abord salué les efforts déployés par les journalistes  dans un contexte aussi difficile où le COVID-19 fait de nombreuses victimes à travers le monde.

Selon M. Lemarquis, « l’ONU renouvelle son engagement à travailler en faveur d’une presse libre.  La liberté de presse est indispensable pur un monde meilleur et pour le respect des droits humains ».

Il a rappelé que les Nations Unies demandent aux gouvernements de protéger les professionnels des medias et de permettre aux journalistes de faire leur travail particulièrement pendant la pandémie du coronavirus.

Le ministre de la Culture et de la Communication, M. Pradel Henriquez a commencé à saluer cette initiative de l’Unesco qui, dit-il, nous permet de parler de désinformation dans ce contexte particulier.

Selon M. Henriquez, « le COVID-19 menace la civilisation occidentale.  La presse est l’entité incontournable pour protéger la population dans ce contexte particulier. Le remède à la désinformation c’est la presse ; c’est lui le médicament ».

Pour le ministre de la Culture et de la Communication, toute information doit être libre en Haïti.  « L’information libre doit nous aider à faire face à la crise et mieux la comprendre. La désinformation doit être combattue, car le droit à l’information est aussi le droit à une information de qualité en vue sauver les populations », dit-il.

M. Henriquez affirme que le gouvernent veut travailler avec la presse, selon les normes et dans le respect mutuel. Il reste ouvert. « La presse demeure le principal partenaire du gouvernement et nous n’avons pas le choix », rappelle-t-il.

Selon M. Henriquez, « le COVID-19 est une maladie qui tue et Haïti n’est pas préparée politiquement, économiquement et aussi bien sur le plan infrastructurel.  Donc, la communication a un défi additionnel à relever, c’est de faire face aux coûts de nos précarités ».

Il poursuit :  « Nous assistons à une dictature populaire depuis quelques temps en ce qui a trait à cette maladie.  Notre mission est de rappeler à la population que ce n’est pas son rôle de trancher car nous sommes en démocratie ». M. Henriquez a l’impression que la population a pris le coronavirus comme un phénomène surnaturel.  En ce sens, explique-t-il, « le CIPC fait de son mieux pour informer et lutter contre la méfiance exprimée par la population ».

Le ministre de la Culture et de la Communication affirme que la question du numérique c’est l’avenir. Il y a beaucoup de défis à relever et il faudra ouvrir son groupe de travail aux universitaires.  Il faudra également créer un task force multisectoriel qui aurait pour rôle de surveiller la diffusion de fausses informations. Son ministère compte renfoncer l’éducation aux medias à travers des campagnes éducation publique.

M. Henriquez, croit qu’avec la catastrophe qui s’en vient en raison de la pandémie du coronavirus, il faudra former les journalistes sur la façon de se protéger et leur éviter de perdre la vie en plein reportage.

D’un autre côté, le ministre constate malheureusement que ce sont certains journalistes eux-mêmes qui contribuent à la diffusion de fausses informations.  Pour lui, « La désinformation par ces temps-ci est mortelle ».

Pour sa part, le Secrétaire d’Etat à la Communication, M. Eddy Jackson Alexis, affirme que le gouvernement va continuer à supporter la presse.  Selon lui, il a pour devoir de créer les conditions adéquates pour permettre aux journalistes d’exercer le métier, c’est la seule profession au niveau de la constitution où est tracée la ligne à suivre pour l’exercice de ce métier, dit-il.  Selon Alexis, « Notre constitution, la loi mère, a déjà fixé les règles du jeu et nous tenons à les respecter en ce qui a trait à l’exercice de la profession du journalisme en Haïti ». 

Pour M. Alexis, « le combat contre la désinformation est un acte responsable, un acte de foi.  La meilleure façon de la combattre c’est en contrôlant les instruments de désinformations qui créent beaucoup de dégâts dans la société ».  Il indique que, pour combattre les fake news, le ministère de la Communication effectue une certaine vigilance et une veille médiatique.

M. Harry Régis, Représentant de l’Association Mondiale pour la Communication Chrétienne, constate que s’il y a des fake news c’est parce qu’il y a obstruction à la vérité.  Pour éviter ce problème, dit-il, « il faut divulguer suffisamment d’informations vérifiées et permettre de favoriser une connaissance de la situation ». Pour M. Régis, la population n’a pas une bonne connaissance du coronavirus, ce qui fait qu’elle ne fait pas confiance et refuse de croire en la maladie.  « Chacun doit jouer un rôle important, la presse et l’État par report à la diffusion de l’information et de la connaissance sur la maladie.  Ces entités peuvent favoriser le changement de comportement que doivent avoir les citoyens par rapport à la maladie », affirme-t-il.

A propos des moyens disponibles pour identifier les fausses informations, M. Régis rappelle que l’Association des Bloggeurs Haïtiens a créé une application en ligne, et il existe une pléiade de programmes similaires au niveau des compagnies d’informatiques. Comme outil principal, il croit que chaque personne doit jouer sa partition car, d’une certaine façon, le citoyen qui reçoit une fausse information va continuer à la diffuser. Il suggère de partir du principe que l’information reçue peut être fausse donc, il faut toujours douter de son contenu.  Il faut également chercher à remonter à la source. Il recommande également de vérifier si cette information reçue a également été publiée par d’autres medias tout en tenant compte du nom de l’auteur, du logo de l’agence, etc., essayer de croiser les sources et faire attention à la date de publication.  Selon M. Régis, si l’information s’est révélée fausse, il faut rapidement envoyer un message à tous ceux qui l’avaient reçu précédemment.  « Il faut vraiment être prudent car aujourd’hui avec la facilité offerte par la technologie chaque personne symbolise un media », rappelle M. Harry Régis.

Il invite le gouvernement à utiliser la science à travers l’Université pour l’aider dans la résolution des différents problèmes auxquels le pays fait face.

Enfin, pour renforcer la crédibilité, M. Régis croit qu’il faut dépolitiser l’information, éviter toute forme de propagande et promouvoir le droit à la communication. C’est d’ailleurs le 18eme point des Objectifs du Développement Durable (ODD), dans lesquels l’information joue un rôle important, rappelle-t-il.  « La science elle-même se base sur la vérité et c’est une question de vie ou de mort, car le mensonge peut tuer » conclut Harry Régis.

Opinant sur le regard que les medias jettent sur la désinformation du coronavirus, M. Vénel Remarais, Président de l’Association des Médias Indépendants d’Haïti (AMIH), pense que la lutte contre la pandémie du coronavirus est trop importante pour qu’on laisse la désinformation s’en mêler. Selon lui, la désinformation est menée par des irresponsables qui ne se soucient pas de ses méfaits.  « La presse doit jouer de toute la liberté nécessaire pour mener à bien le combat contre le COVID-19 » affirme M. Remarais.  Il rappelle que la liberté sans aucune restriction se base sur la constitution haïtienne. 

M. Remarais pense qu’il ne doit pas y avoir de tromperie, de méchanceté ni de mauvaise foi dans cette lutte contre la pandémie.  Il indique que « ce qui peut empêcher à la population de croire en la maladie, c’est le fait que les autorités découragent le gens à se rassembler, alors qu’en même temps, des institutions de l’Etat utilisent des mégaphones pour continuer à réunir des gens à certains endroits ».

En tant que Senior, M. Remarais rappelle qu’un journaliste professionnel devrait éviter la diffusion de fausses informations car il va compromettre son avenir et celui du media pour lequel il travaille.  Il conseille à ses jeunes confrères de renforcer leur compétence. Il leur demande de faire attention aux textes anonymes circulant sur les réseaux sociaux et comportant de graves fautes grammaticales ou orthographiques.

Prenant la parole à son tour, M. Jacques Desrosiers, Secrétaire Général de l’Association des Journalistes Haïtiens (AJH), a déclaré :  Pour que les journalistes puissent jouer leur rôle contre la désinformation, il doivent respecter les normes et les règles de déontologie.  « Cela oblige les journalistes à bien vérifier toute information avant sa diffusion, à analyser les sources, à s’interroger sur l’auteur du texte, sa notoriété et son expérience.  Il doit se questionner également sur le mobile ou son intérêt derrière l’information publiée ».

Selon M. Desrosiers, pour que le journaliste puisse réellement vérifier les informations diffusées sur les réseaux sociaux avant de les utiliser, il peut se servir des instruments qui ont été développés pour lutter contre les fake news.  Enfin, il croit qu’il est important de favoriser la diffusion d’informations objectives, minutieusement vérifiées et constructives.

A noter que M. Godson Pierre, du Groupe Media Alternatif, Directeur d’AlterPresse et d’AlterRadio a joué le rôle de modérateur.

Empêché, M. Frantz Duval, Président de l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH), n’a pas pu participer comme prévu à cette importante table ronde sur « La désinformation au temps du COVID-19 ».

JL

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