Dilemme : Quel avenir pour l`(ex?) rebelle Guy Philippe?

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Le CEP de Bellanger, fait face à un second grand défi, après celui de questionner l’élection de plus d’une quarantaine de « mal élus » au Parlement.

C’est presqu’un conte de fée, comme un château caché quelque part dans une forêt. Pour me décrire un peu l’accès difficile à Pestel, le fief où Guy Philippe se retranche, une amie qui a travaillé dans le social pour une ONG que j’ai interviewée tout récemment, et qui a contourné presque tout le Département de la Grande-Anse, à l’une de mes questions de description de son voyage dans cet endroit précis, m’a référé à une page de notre histoire.




L’accès des troupes indigènes à la Butte Charrier, lors du Combat de Vertières. Elle me racontait le placement des postes de contrôle et d’identification éparpillés par ci par-là « dans les rajés » puis montés par des hommes en civil lourdement armés. Au spectacle hideux, s’ajoute le fichier d’une localité au calme apparent où de grosses pierres pesantes jonchent la chaussée. Elle assimile la ville de Pestel à une zone fortifiée, bien protégée comme tant un petit État enclavé dans le massif de la Hotte.

Déjà bien avant l’expiration des 120 jours du mandat de Jocelerme Privert, conformément à l’Accord mort-né dit « Accord 5 février », il paraissait impossible de convoquer Guy Philippe par devant le parquet de Jérémie, au point de renvoyer l’audition à une date ultérieure, samedi, avec la publication du rapport du BAC sur les attaques mortelles du commissariat des Cayes, comment ce gouvernement arriverait-il à mettre à exécution les conclusions de ce rapport d’enquête.




M. Philippe, considéré comme le Robin des bois haïtien, candidat en ballottage aux sénatoriales de la Grande-Anse, maintenant avec son nom cité parmi les 16 individus ayant commis le forfait du 16 mai 2016, aux Cayes, pourrait-il repartir en campagne ? Le pays, tout le long de la semaine, pourrait s’attendre à un bras de fer et un durcissement de ton du côté des Parlementaires réfractaires à donner un teint de vermeil à Jocelerme Privert, à moins qu’un certain élan de patriotisme les amène à penser autrement. La stabilité politique du pays d’abord.

Maitre Elco Saint-Amand, à son humble avis : « En toute logique de droit, Guy Philippe n’a pas encore un casier judiciaire. Mais, on peut le stopper pour suspicion légitime ».

L’ancien commissaire du gouvernement, immédiatement contacté par Haiti-Observateur, à l’issue du point de presse de BAC (brigades anti-criminelles), fait allusion à l’éventuelle participation de l’ancien officier Guy Philippe aux sénatoriales de la Grande-Anse. Monsieur Saint Amand dénonce la déclaration du porte-parole de la PNH qui aurait déposé tout le poids du suivi de l’application du rapport de la commission d’enquête sur le dos de BAC. Pour lui qui intervenait àu forum « INTERACTIF », un show hebdomadaire en ligne passant au peigne fin l’actualité socio-politique du pays, il ne revient pas directement au BAC de procéder à l’arrestation de Guy Philippe.

Il est plutôt du devoir de la PNH de se mettre en quatre aux fins de procéder à l’arrestation de Guy Philippe. Selon l’ex-commissaire Saint Amand, la candidature de M. Philippe aux élections n’est pas automatiquement remise en question. Il insiste pour dire qu’en toute logique de droit, il n’a pas encore un casier judiciaire, toutefois, le CEP pourrait lui barrer la route pour suspicion légitime. Un acte qui viendrait ajouter de l’eau au moulin déjà trop rempli d’un CEP contraint, comme l’une des conditions sine qua non pour une prorogation du mandat de Privert, de surseoir sur la révision des dossiers de presqu’une cinquantaine de Députés et de Sénateurs « mal-élus ».




Pour un autre intervenant au forum, beaucoup plus direct, y voit moins de complication pour le CEP à statuer sur un dossier d’un candidat poursuivi par la justice de son pays. Il se prononce sur le rejet de la candidature de Guy Philippe même quand un jugement défavorable n’est pas encore prononcé contre lui. Il se base sur la suspicion des faits dénoncés par la clameur publique en mai dernier. Quelques heures après l’échec d’invasion du Commissariat des Cayes. Un tel rejet viendrait, d’après lui, éclabousser le candidat à la présidence que Guy Philippe appuie ouvertement et qui a mené campagne auprès de lui dans la bastion de l’ancien chef des rebelles et associé à l’armée cannibale en 2004. Les tombeurs du pouvoir de Jean-Bertrand Aristide.

Faudrait-il armer l’impunité pour poser des actes répréhensibles en son nom ?

Toute la démonstration de la réelle capacité de Jocelerme Privert à diriger le pays, sera mise à dure épreuve cette semaine et en continuité comme la séance avortée du 28 juin dernier qui n’est jamais levée, à cause d’un désaccord sur le point du jour. Guy Philippe, qui au lendemain de l’attaque, dans un « timing » tellement précis, intervenait à la radio Caraibes FM, comme invité du jour pour commenter l’actualité politique. Il défiait publiquement l’autorité de Privert et si l’on voulait pour preuve, sa comparution au Parquet de Jérémie qui n’a jamais lieu. Ses avocats qui ont obtenu gain de cause pour un report à la huitaine de l’audience, semblaient, avant la publication du rapport du BAC, se diriger vers une annulation de poursuite se basant sur un article de la loi électorale contre toute persécution d’un candidat.

Le brandissement du carton rouge contre toute poursuite judiciaire assimilée à de la persécution trouve un clientélisme chez tous les membres de l’ancienne administration Martelly-Lamothe-Paul pour ne pas répondre de leurs crimes financiers. Le PHTK-Tèt Kalé et alliés, en mal de dominer le Sénat, comptent beaucoup sur une éventuelle arrivée de M. Philippe au Parlement. D’ailleurs, ce dernier n’a pas caché son allégeance au parti de l’ancien chanteur du groupe Sweet Micky qui a échoué lamentablement dans l’organisation des seules élections qu’il a eues à réaliser durant son quinquennat.

La crise pourrait ne pas trouver une solution apaisante quand l’on voit la nette domination de l’impunité avec une élection présidentielle à refaire avec les mêmes tricheurs, pour la plupart armés et en position de force de nuisance. Encore pire qu’à l’école de Troie, du temps de l’Antiquité, qui vous laisse copier mais sévèrement punis et réprimandés, si vous êtes surpris. Les démonstrations des anciens dirigeants que beaucoup affirment n’être jamais à leur place, ou à la hauteur de leur poste, nous édifient assez sur le mode de réussite de l’intellectuel haïtien qui accouche des décideurs pour la patrie.

Un pays où tout est urgence. Où rien ne va plus. Pas d’eau, pas d’électricité. Les hôpitaux sont en grève depuis 3 mois et au Parlement, c’est la surenchère pour la tenue d’une séance en Assemblée nationale. Une arme, en elle-même, s’est déjà révélée dangereuse, imaginons un instant quand l’immunité la détient ? Tout sera fait en son nom jusqu’à même arriver à l’empêchement de la pose de scellée sur une maison appartenant à un ancien baron de la drogue. Oh! immunité que de choses en ton nom !

cba / Rezonodwes

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