Port-au-Prince, vendredi 3 juin 2016 (rezonodwes).- Après le rapport accablant de la Commission de vérification et d’évaluation électorales montrant clairement la complicité entre les dirigeants d’un gouvernement et un conseil électoral croupion à la solde d’un pouvoir qui a perpétré un vol et viol collectifs sur la nation en organisant les « élections » les plus mauvaises qui soient dans notre histoire récente, nous ne comprenons pas que l’actuel gouvernement hésite encore à mettre l’action publique en mouvement contre les coupables.
Paradoxalement, nous voyons plutôt une levée de boucliers contre un commissaire de gouvernement, Me Danton Léger, qui est en fait le premier défenseur de la société, le chef de la poursuite qui tente de prendre des mesures conservatoires afin que la justice puisse faire son cours en toute équité.
Dans ce cas d’espèce, il y a eu crime économique et financier, crime de lèse-patrie et crime contre la société haïtienne. En effet, en plus des 100 millions de dollars qu’a coûtés la réalisation des élections de 2015 dit-on, se sont volatilisés et ont conduit à ce fiasco, il faut aussi considérer les sacrifices qu’ont consentis les candidats aux différents postes électifs qui ont dépensé des sommes exorbitantes pour participer à ces joutes et remplir leur devoir citoyen.
Le ver est dans le fruit. Nous ne pouvons plus tolérer cette gangrène qu’est l’impunité au pays. Les coupables doivent être poursuivis et punis. Bien sûr, nous sommes contre toute forme d’injustice, mais nous ne pouvons plus continuer cette omerta, cette grande hypocrisie qui consacrent et participent de notre sous-développement et de la misère dans lesquels patauge notre société depuis trop longtemps.
Le travail doit être fait, sinon nous risquons de consacrer l’impunité. Les crimes économiques et financiers qui cachent tout son cortège de souffrances et de grandes inégalités sociales doivent être combattus avec la dernière rigueur. Dans un pays où les gens meurent de faim, de quasi- absence de soins de santé, où les gens meurent à chaque pluie, où les infrastructures sont inadéquates, souvent manquantes et ne correspondent à aucune forme de développement rationnel, il est inacceptable que des grands commis et haut-fonctionnaires de l’Etat continue de tordre la loi, de galvauder les principes démocratiques et moraux pour entretenir et perpétuer le système de corruption institutionnalisé qui constitue un frein à toute émancipation de l’homme et de la femme haïtienne.
Les procéduriers sans étique de la basoche, au lieu de défendre la veuve et l’orphelin, se retrouvent souvent à l’avant-garde de cette entreprise malsaine qui, sous prétexte de défendre les droits humains, en fait déshumanise notre société.
Tous les citoyens sont égaux devant la loi. Tous les anciens haut-fonctionnaires de l’Etat sont de simples citoyens et dépendent des tribunaux ordinaires comme vous et moi. Seuls ceux qui sont encore en fonction, dans les cas de crimes graves et avérés, sont passibles de la Haute Cour de justice qui, après leur destitution, les livrera aux tribunaux ordinaires pour y être jugés selon les lois du pays.
Voilà ce que dit notre Constitution.
Dunois Erick Cantave
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