Drapeau et dignité !
Faut-il célébrer, en temps de tutelle, la Fête du Drapeau ? Je pense que oui. C’est une façon de saluer dans un rituel civique les Pères fondateurs de la Patrie et d’affirmer notre appartenance commune de peuple à une même histoire et au même destin. Ce sont ces rituels qui font d’une communauté culturelle et historique une nation. Une nation ? La nôtre reste très imparfaite…
Nous devons surtout admettre qu’une nation est une communauté imaginée. Une invention de tous les instants. Elle n’est jamais finie. Le jour où un peuple se dit que son indépendance est un bien acquis et inaliénable; que le drapeau qui symbolise cette indépendance n’est à célébrer que dans des parades mais non dans l’affirmation quotidienne de droits souverains et du sens de la dignité nationale, eh bien ce peuple cesse d’être libre et indépendant dans les faits et les principes.
La Fête du Drapeau en Haiti n’est plus à célébrer dans un élan passager de fierté d’occasion et avec des yeux distraits et contemplatifs d’un passé héroïque dont nous nous sommes faits indignes dans le déshonneur des luttes intestines insensées et la soumission consentie à l’autre. Nous portons sur la poitrine notre déshonneur comme une cocarde de fierté. Des petits pas convaincants sont entrepris pour redonner à notre pays sa dignité perdue. Il s’agira désormais pour nos elites de demeurer inébranlables et résolues sur cette voie délicate de recouvrement de la souveraineté nationale.
C’est avec l’esprit ancré dans notre passé de prouesses, d’épopée et de dignité, la pensée orientée vers un avenir de régénérescence et les yeux projetés dans un futur rédempteur que toute célébration du 18 mai peut avoir du sens. Sinon nous ne faisons que nous moquer de Dessalines Le Grand et rire avec ceux-là qui rigolent de nous-mêmes.Daly Valet
19 mai 2016


