Le jeu vilain de la double personnalité

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La double personnalité est un trouble psychologique provoqué par l’inconscient qui cache souvent un autre problème. Cet état instable nécessiterait une prise en charge urgente. Quand un chef d’Etat, dans sa soif de vengeance et de riposte injustifié, est obstiné à s’attribuer le crédit d’une double personnalité, il faut déduire qu’il sollicite parallèlement des aides médicales.

Mercredi 14 août 2019 ((rezonodwes.com))– Tel président vous dit quand est venu le temps que je me venge des journalistes et des politiciens, je mets de côté mon titre de président pour déployer mes facultés de « bandit légal » pour déblatérer et  dénigrer tous ceux qui critiquent mes comportements déplorables et mes gestions frauduleuses des fonds publics. Pour atteindre mon noble objectif, je me réfère à  mes spécialités dans les invectives et mes talents misogynes d’acteur principal de la série 100%, 200%, …, 800%, en décrochant mon costume authentique de Ti-Simone, quitte à m’en foutre des oreilles chastes et naïves des femmes et des enfants non exempts de mes expressions dévergondées.

Tel sénateur expose des bêtises, des banalités, du dédain et de l’irrespect pour l’enfance, la jeunesse et la gente féminine ; fait l’apologie de liasses de billets verts « Men Bagay, Men Bagay, Men Bagay,… » ; et lance : ce n’est pas le sénateur, mais plutôt l’artiste. Quand il descend son pantalon, il vous dit, ce n’est pas le personnage de la salle de comédie du Bicentenaire ; mais de préférence, le lead vocal de Mass Compas.

Quand il leur faut aller en missions personnelles nécessitant une couverture officielle, ils sont président ou sénateur. Mais, dans leurs moments de banditisme et de sacrificateurs des valeurs républicaines, ces âmes ruinées sans science ni conscience vous diront que ce sont les artistes en eux qui s’extériorisent. Dans d’autres contextes qui requièrent des actions malhonnêtes et ignobles avec un support officiel, ces esprits vils portent simultanément les chapeaux de l’artiste et de l’homme d’Etat.

Quand ces maniaques – épinglés à tort ou à raison, dans des actes de kidnapping, de corruption, de banditisme et suspects de connivence avec des gangsters et des bandits notoires – sont mis à nu, ils vous diront : « Ce ne sont pas les officiels de l’Etat ; mais, les hommes de micro ». Lorsqu’ils distribuent des armes et des munitions, s’associent, mangent, dorment, déjeunent, fument et fêtent  avec les criminels et les malfrats, recherchés et/ou capturés par la justice, ils vous lâcheront que ce ne sont ni le sénateur ni le président ; mais, les amuseurs publics.

Faut-il comprendre que l’artiste devrait endosser les sept péchés capitaux et assumer toutes les bêtises accouchées par ces gagnants du loto électoral en Haïti ? Ce jeu malsain de double identité, pour régler des affaires personnelles, représente une entrave et un véritable danger pour le personnage lui-même, pour la justice et la société dans son ensemble.

La double personnalité est admissible seulement dans le théâtre et le cinéma

Il est possible de déceler une multiplicité de personnalités pour un même personnage. Celui-ci peut porter plusieurs chapeaux, à des moments différents, dans les domaines théâtral ou cinématographique. Aujourd’hui, bon samaritain dans une scène ou un film ; demain, le vilain dans une autre production, l’acteur du théâtre ou du cinéma évolue dans le monde dynamique des jeux de rôles. Il peut même être engagé à jouer plusieurs rôles, dans un même scénario. C’était le cas, par exemple de la fameuse réalisation, « Un Prince à New York », où Eddy Murphy y portait de nombreux chapeaux.

A l’instar de Will Smith, Eddy Murphy, Angelina Jolie, Jimmy Jean Louis, Fabienne Colas, Bruce Willis, Leonardo Dicaprio ou Arnold Schwarzenegger dans des rôles romantiques ou humoristiques pour une saison ; puis dans les genres « actions ou horreur » en d’autres saisons, un acteur possède la latitude de se vêtir de costumes divers afin de répondre aux exigences des différents types de réalisations. Dans ce beau monde virtuel Hollywoodien, la double, triple ou quadruple personnalité constitue un atout majeur pour le personnage du théâtre et du cinéma. C’est ce qui a valu d’ailleurs à d’impressionnants acteurs, dont notre fameux danseur et mannequin, Jimmy Jean Louis, la signature d’énormes contrats dans l’arène compétitive de la Hollywood.

De tels acteurs, ayant sauvé des vies ou exterminé d’autres ne feront objet d’aucune récompense pour leurs exploits héroïques ou humanistes ni d’aucune poursuite légale pour les crimes et les actes barbares posés, car il ’s’agit de pur surréalisme.

Par contre, dans la vraie vie, celle que nous menons, celle que nous vivons auprès de nos semblables, nos actions sont jugées, censurées et analysées au peigne fin. Nous recevrons des compliments et des satisfécits pour certaines ; pour d’autres, nous en recevrons des sanctions et des punitions. Que ce soit du point de vue physique ou légal, aucune âme humaine n’est habilitée à fonctionner dans une double personnalité, dans la vie réelle. En effet, peu importe le costume qu’il choisit de porter, l’individu a toujours un seul corps, la même tête, le même cœur, le même niveau d’intelligence. L’effet du coup de fouet qu’aurait reçu l’artiste, par exemple, ne serait pas diffèrent que si le même coup était encaissé par le président ou par le sénateur. L’acte de kidnapping de l’artiste, son dopage, ses viols ou ses vols auraient eu le même sort que si de tels actes étaient posés par l’officiel.

A l’instar d’un être qui se serait massacré de coups de couteau ou d’une femme qui aurait rempli sa partie génitale de vinaigre, parce que montés par des loas, la forte douleur que va ressentir l’artiste, après ses actes répréhensibles, reste entière ; car c’est la même peau, le même sang, la même chair, donc la même personne. La souffrance ne saurait être transférable à l’artiste quand l’homme d’Etat aurait été victime d’une certaine agression physique ou morale. Les injures, les invectives, les blessures, les offenses, les insultes artistiques ou présidentielles que vous causez aux institutions et aux professionnels, proviennent d’une seule source. Celles-ci porteront la marque identifiable par le prénom et le nom, sans en mentionner un certain titre, comme prétexte. Gare donc à celui qui joue le jeu dangereux de la double personnalité, dans la vraie vie. Une éventuelle poursuite en justice ne ferait pas de démarcation entre les deux ; car l’artiste ou le président sont identifiables par le même nom de famille et le même prénom. Il n’y aurait ainsi aucun distinguo à marquer pour les sentences, les conséquences, les sanctions et les censures morales ou légales réservées à l’artiste ou au représentant de l’Etat.

La primauté du Chef d’Etat sur l’artiste

Dans les sociétés actuelles, l’histoire nous raffole de nombreux cas de têtes ayant porté des chapeaux diamétralement opposés en marquant des transitions surprenantes de la comédie à la présidence ; de sport au parlement ; de cinéma à chef d’Etat, etc. De nombreuses célébrités du sport, de la musique ou du cinéma sont devenues de vénérables personnages politiques, après leurs expériences dans le monde artistique. Arnold Schwarzenegger, Volodymyr Zelensky, Romario Faria, George Weah, sont des exemples patents de personnages qui nageaient dans le bassin des arts plastiques et qui ont connu de nouvelles orientations, politiques, en devenant respectivement gouverneur, sénateur et président dans leurs pays. A l’issue de la transformation drastique de leurs champs professionnels, de tels personnages sont contraints de sacrifier leurs talents artistiques au profit du poste politique qui a alors préséance sur le showbiz.

Le train de vie libre, voire indisciplinée, dans les débauches, dans des clubs, les sorties exhibitionnistes nocturnes exposant leur sécurité et envoyant de mauvais signaux à la société, ne sont plus à la portée de tels personnages. Le président, le sénateur ou le gouverneur sont contraints de se conformer et se mettre à la dimension et à la hauteur des exigences protocolaires des positions et des fonctions qu’ils occupent. Ceci, pendant et après leurs mandats ; car une fonction sacrée ne s’expose pas ; une position noble ne doit être vilipendée ou banalisée. La patrie doit tout mettre en branle, ressources humaines, matérielles et financières, pour défendre et protéger le chef d’Etat qui devient alors le porte-étendard de l’institution sacrée.

Après ses deux mandats à la Maison Blanche, Barak Obama doit toujours maintenir une posture de président, en affichant des comportements exemplaires, tout le reste de sa vie. Il est et demeure, Monsieur le président. Ainsi, il lui est interdit de se pointer dans des programmes de striptease, de casinos, de débauches qui auraient mis en danger sa vie, sa famille et le titre sacré de président. Il ne saurait visiblement entreprendre de projets louches, au détriment de son pays. Il doit rester un modèle pour les générations présentes et futures. C’était le cas de Jimmy Carter, Bill Clinton, Georges Bush ; et ce sera le cas pour Donald Trump, malgré tout. Ces conséquences et ces restrictions souhaitables en demeurent vraies pour les chefs d’Etat ainsi que les figures politiques notoires des autres pays du monde actuel.

En effet, lorsque l’individu prend l’option d’honorer ses contrats d’artiste, il faut retenir qu’il ne dispose pas du don d’ubiquité en ce sens que l’artiste aurait pu se rendre au programme et qu’en même temps, le président reste chez lui, sous les protections que la République lui doit. Dans d’éventuelles ententes opaques avec des bandits ; si les animaux que vous nourrissez se soulèvent contre vous et vous font la peau, va-t-on dire que l’officiel est mort ; mais l’artiste reste vivant ? Personne ne peut échapper a cette dichotomie ; vous êtes vivant ou vous êtes mort, entièrement ; jamais les deux à la fois. On ne peut ainsi tenir le discours que l’artiste a rendu l’âme ; mais le président est vivant.

Vous êtes président, gouverneur, sénateur ou député pour la vie. Au cours de son mandat et après, les projecteurs seront toujours braqués sur le personnage politique ayant occupé de nobles fonctions. Il doit donc être un modèle, un exemple, une référence et une source d’inspiration pour les enfants et les jeunes. Voilà pourquoi ces positions honorifiques et prestigieuses ne peuvent être dévolues à des interlocuteurs incultes et indignes.

Carly Dollin
carlydollin@gmail.com

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