Quand l’Organisation des États Américains adopte une politique d’inspiration coloniale envers Haïti

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COMMUNIQUE DE PRESSE DE HAÏTI PLUS JUSTE

Lundi 24 juin 2019 ((rezonodwes.com))– Sur les chemins escarpés de la démocratie, avec pugnacité et détermination, le peuple haïtien se singularise par la poursuite de l’idéal fondateur de la nation haïtienne : libertés déclinées sous toutes ses formes, justice sociale et affirmation de la souveraineté nationale, refus de la domination hégémonique des grandes puissances.

Ces principes exprimés depuis deux siècles par Haïti, malgré la parenthèse des régimes autoritaires, ont également éclairé les trajectoires de divers peuples d’Amérique Latine vers l’émancipation et l’expression de la souveraineté populaire. La République d’Haïti, de par son histoire, a toujours été particulièrement attentive à manifester son soutien  aux expériences des peuples asservis qui tentent de s’affranchir des entraves et chausse-trappes des puissances occidentales. L’intrusion de l’OEA dans la crise politique haïtienne, s’apparentant à celle d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, vient de souiller ces valeurs que des sacrifices d’hommes et de femmes ont sacralisées et coulées dans le marbre.

En ce sens, nous, contestons ses propositions, rejetons sa méthode, parce qu’elle est animée par des intérêts mesquins, mue par des desseins anti-démocratiques.

La position de l’OEA est d’abord humiliante pour Haïti. C’est une interprétation restrictive de la démocratie qui va à l’encontre des intérêts de la majorité souffrante en Haïti : les Haïtiens ont engagé les 6 juillet, 17 Octobre, 18 novembre 2018 et 7 février 2019 un puissant et graduel mouvement de contestation non-violent. Ils revendiquent du pain pour leurs enfants, l’accès aux services publics, des sanctions contre les dirigeants qui, par le recours à des pratiques prédatrices pensées et réfléchies, ont dilapidé les fonds de PetroCaribe. Les Haïtiens de façon pacifique rejettent, à travers la mobilisation des divers répertoires de l’action collective (sit-in, manifestations, conférences…) ce régime néo-patrimonial, kleptocratique, incarné par Jovenel Moïse, qui perpétue un système politique mafieux soutenu par des groupes allogènes et une oligarchie avide, rapace et antinationale se classant dans la logique ultralibérale incarnée par l’Occident pour les pays en développement.

L’OEA introduit dans l’ordre politique local des formes de perversion dangereuses qui minent la légitimité des institutions déjà anémiées, entrainent à coup sûr leur effondrement et leur démolition. Dans ces conditions, elle s’installe dans le statut d’agent reproducteur de l’ordre colonial banalisant la capacité d’Haïti à sévir contre les pratiques délictueuses. Il est inacceptable que l’OEA, dans ses tentatives d’étouffement du scandale Petro Caribe, discrédite les rapports de la CSC/CA du 31 janvier et du 31 mai 2019 qui établissent de façon indiscutable les responsabilités du président de la République.

Enfin, elle applique une politique à géométrie variable, qui souligne un traitement ethnicisant de la corruption. En effet, de nombreux pays en Amérique Latine sont touchés en ce moment par le scandale de corruption Oderbrecht. Une entreprise de bâtiment brésilienne qui  a reconnu avoir versé des pots de vin à des hommes politiques dans une dizaine de  pays d’Amérique Latine et de la Caraïbe (République Dominicaine). On s’étonne des réserves de l’OEA sur un scandale de corruption d’une telle ampleur  qui, notamment,   aura provoqué  le suicide  de l’ex-président  péruvien Alan Garcia, au mois d’avril dernier, avant sa comparution devant les juges. Alors qu’elle laisse la justice des pays concernés par le scandale Oderbrecht  faire son travail ; à l’inverse,   l’OEA s’autorise à intervenir directement dans les affaires internes  d’‘Haïti  en  mettant  en doute  la crédibilité de la Cour des comptes. Cette politique se dresse contre les légitimes revendications du  peuple haïtien et porte atteinte à sa dignité.

Par ailleurs,  avec  cette prise  de  position,  l’OEA, cautionne la répression contre ceux qui manifestent pacifiquement pour la reddition  des comptes des Fonds PetroCaribe, pour la transparence. Et prend la responsabilité  de mettre en danger la vie des  Haïtiens  sur place et ceux vivant à l’étranger qui se sont engagés  dans le combat  contre la corruption, pour la justice.

Sergo ALEXIS
Responsable de communication pour Haïti Plus Juste.

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