Alors que le Président Jovenel Moïse clame haut et fort que des efforts ont été accomplis dans le domaine de la sécurité en Haïti, les membres de l’Assemblée des Nations Unies, devant lesquels il a prononcé un discours jeudi connaissent déjà la réalité des forces de sécurité du pays
Jeudi 26 septembre 2018 ((rezonodwes.com))– Une haute responsable des Nations Unies a souligné devant les membres du Conseil de sécurité la nécessité de mettre pleinement en œuvre le plan de développement de la Police nationale haïtienne (PNH), afin d’améliorer le professionnalisme des officiers de police haïtiens et leur nombre.
« Le taux d’officiers sur 1000 habitants a chuté à 1,32 en raison notamment de démissions », a noté Bintou Keïta, la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix.
Elle a rappelé que les progrès en matière d’Etat de droit en Haïti dépendent de l’adoption de législations clefs, notamment en vue d’améliorer le travail de la police et le fonctionnement de l’administration pénitentiaire. « Or, cela n’a pas encore commencé », a-t-elle déploré.
« Pareillement, les indicateurs relatifs à la nomination de neuf membres du Conseil électoral permanent et à une représentation suffisante des femmes au sein notamment de la Cour de cassation n’ont pas été atteints », a affirmé la Sous-Secrétaire générale, ajoutant que des retards sont également observés s’agissant des mécanismes de surveillance et d’établissement de responsabilités dans le domaine judiciaire.
Une situation sécuritaire toujours volatile
En matière de sécurité, le nombre d’homicides volontaires a chuté en Haïti mais des menaces demeurent notamment en raison de l’augmentation des crimes liés aux gangs. Mme Keïta a indiqué que ces gangs, en particulier dans la capitale Port-au-Prince, mettent la police à l’épreuve alors que les prochaines élections législatives sont prévues en 2019.
Pour la Sous-Secrétaire générale, la mise en œuvre réussie du plan de développement de la Police nationale d’Haïti 2017-2021, avec l’aide de la Mission des Nations Unies d’appui à la justice (MINUJUSTH), permettra au gouvernement de continuer à assumer progressivement ses responsabilités en matière de sécurité. Les lacunes constatées devront être comblées, a-t-elle déclaré, en particulier le manque de ressources financières.
Mme Keïta a rappelé la vague de violence qui a touché le pays en juillet à la suite de la suppression des subventions aux produits pétroliers, entraînant une hausse du prix du kérosène de 38%. Des violences qui, selon elle, illustre la volatilité de la situation sécuritaire.
« Depuis, les autorités n’ont pas cherché à remédier aux causes profondes de la précarité sociale », a déclaré la Sous-Secrétaire générale.
La haute responsable onusienne a pointé le ressentiment populaire alimenté par des révélations sur les avantages présumés des fonctionnaires et le débat sur l’utilisation des fonds PetroCaribe, alertant que « le risque de troubles majeurs demeure élevé ».


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