Dimanche 23 septembre 2018 ((rezonodwes.com))– Depuis la rentrée scolaire en Haïti, je ne suis pas dans mon assiette. Je ressens de fortes palpitations quand je me mets à penser d’Haïti, et pourtant je ne suis pas cardiaque. Depuis le 8 Juillet, je prends mon temps pour observer les trois pouvoirs publics et les grands ténors de la presse, machann mikwo et directeurs d’opinions raisonnables, rien n’indique que les événements du 6 et 7 Juillet ont été analysés et compris, voire pour donner une réponse appropriée à la population qui est aux abois. Seul un insensé peut prêcher la violence dans le cas d’Haïti.
Le pays est déjà à genoux, les investissements étrangers sont rares, le taux de chômage dépasse plus de 80%. C’est un pays qui est normalement fermé. J’ai comme l’impression qu’il y a une frange de la population qui, à force de penser à soi-même oublie qu’il y a onze millions d’habitants qui souffrent et qui réclament un aller-mieux. Je n’ai jamais été aussi interpellé qu’aujourd’hui sur le dossier d’Haïti. Je suis inquiet et je suis choqué. Je ne vis pas au pays certes, mais je prends son pouls à travers les médias, les réseaux sociaux, des amis et des compatriotes qui y voyagent. Tout va mal en Haïti. Il n’y a plus moyen de faire semblant. Ceux qui fêtent en Haïti sont des insensés tout simplement.
Plus de deux milliards de dollars sont dilapidés et les pouvoirs publics n’ont aucune explication à donner au peuple haïtien qui demande des comptes. Je vois mal que le Sénat et la présidence remettent le dossier Petrocaribe à la Cour Supérieure des Comptes, alors que c’est cette même Cour Supérieure des Comptes qui a avalisé tous les contrats passés entre l’Etat haïtien et les firmes privées qui ont surfacturé l’Etat. Est-ce que la Cour Supérieure des Comptes peut être juge et partie la fois. Le directeur actuel de l’ULCC, David Bazile réclame la participation de l’ULCC dans l’enquête sur la dilapidation des fonds du Petrocaribe. Ce monsieur est indécent.
Il était ministre sous Martelly, il fait partie de l’équipe des accusés, alors aujourd’hui, il veut être en charge de l’enquête. Décidément, on prend les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. J’ai pris le soin d’entendre les acteurs politiques sur ce dossier et je crois qu’il n’y a aucune velléité de la part de ces derniers de faire la lumière sur les fonds du Petrocaribe qui ont été dilapidés. Je veux rappeler à Jovenel Moise, Jean Henri Ceant, Joseph Lambert et Gary Bodeau que nous sommes en pleine saison cyclonique. D’un moment à l’autre un cyclone peut frapper plusieurs départements et cela peut rendre les choses plus corsées. Le problème qui est sur le tapis et que les instances étatiques devraient donner la priorité c’est la reddition des comptes. Que s’est-il passé avec les fonds Petrocaribe ? Aujourd’hui, c’est une minorité qui est dans les rues et qui demandent à cor et à cri : kote kòb Petrocaribe a ? Mais, c’est toute une population qui demande des comptes et qui exhibent des signes d’impatience.
Les 6 et 7 Juillet, le peuple haïtien a bien mentionné que les responsables de l’Etat coutent trop cher à la nation meurtrie. Des mesures étaient annoncées et rien n’est fait. Le budget 2018-2019 est déposé sans ajustement majeur. Qu’est-ce que la population doit accepter comme conclusion ? Comme le dit bien Sweet Micky : I don’t care, I don’t give a damn, kite mele boudam. Les autorités de ce pays jouent avec le feu. Dans un pays où il y a des responsables qui réfléchissent et qui pensent pays, depuis le 8 Juillet, une vaste campagne de consultation pour une réconciliation nationale devrait être menée. L’insécurité qui règne à Martissant, Cité de Dieu et Grand-Ravine devrait être déjà abordée.
Malheureusement, nous sommes en Haïti, pays kè pòpòz où les responsables d’état croient dur comme fer que le peuple est zombifié à un point tel qu’il ne peut pas se révolter. En ma qualité de bloggeur professionnel, pour écrire je parle à des gens de toutes les classes sociales confondues et de tous les milieux. Je peux dire sans ambages qu’il y a un malaise en Haïti. Ce malaise est exprimé à travers les manifestations de rue, sur les réseaux sociaux, dans le silence de plus d’un et même dans la prise de parole des gens proches du pouvoir. Il est plus que clair que les politiciens ont failli Haïti. Dans cette crise grimpante, l’opposition est en mal macaque et aucune voix ne peut s’élever en son sein pour dire assez c’en est assez.
La corruption est un mal endémique qui gangrène la société haïtienne. Les hommes dits de gauche en Haïti ont vu comment les duvaliéristes ont pillé le pays et se la couler douce, ils se sont dit qu’ils peuvent faire la même chose et ils l’ont fait. Les néo-duvaliéristes du régime Tèt Kale se sont dit voilà que les lavalassiens ont pratiqué la corruption à outrance et aucun dirigeant lavalas n’est en taule, nous pouvons, à notre tour piller le pays et ils ont dilapidé les fonds du Petrocaribe. Enfin, qui va dire stop ? Qui va juger les duvaliéristes, les lavalassiens et les tèt kale ? Nous avons une crise d’hommes et de femmes dignes dans ce pays, disons mieux, nous n’avons pas de moun dans ce pays. Je ne veux pas être méchant.
Mais, disons s’il y avait vraiment des moun dans ce pays, Jovenel Moise serait déjà porté à la démission. Même Evans Paul reconnait que le bateau Haïti est à la dérive. En Haïti, plus de 70% de la population est constituée d’analphabètes qui sont bêtes. Ils ne connaissent que le langage de la violence quand ils sont confrontés à l’injustice. Je sais bien qu’il y a des têtes de lard qui se diront bien que mon texte est une incitation à la violence, mais je veux leur rassurer que je ne saurais lancer un appel à la violence puisque je ne suis pas élevé dans cette culture et que je suis loin d’être un casseur. Tout ce que je raconte dans ce texte vient de la réalité vécue par mes compatriotes et ma clairvoyance. Le proverbe créole stipule se nan renmen pou konn kijan maryaj la ap ye. Les fiançailles sont de mauvais gout. Nous pouvons dire sans ambages que le mariage entre le peuple haïtien et les autorités en place est voué à l’échec. Il n’y a pas de réconciliation possible.
Les voleurs et les petrovoleurs en Haïti croient qu’ils sont intelligents. Michel Martelly avait bien insinué à New York que le gouvernement américain lui viendrait en aide s’il est attaqué à Eastern Parkway ou dans le cadre du Petrocaribe challenge. Malgré que nous ne portons pas trop attention à ce qu’il raconte, mais nous savons que les Etats-Unis d’Amérique est l’ami-ennemi numéro un d’Haïti. Les Américains ne veulent pas du bien pour Haïti et ce depuis la proclamation de notre indépendance, ils avaient choisi leur camp. Aujourd’hui, nous ne sommes pas dupes. Nous aimerions bien que notre pays aille de l’avant et nous sommes prêts à négocier avec le diable, mais nous savons que ces esclavagistes sont inhumains et leur bonté ne s’applique pas à nous, première république noire indépendante.
Les Américains en voulant boycotter Hugo Chavez et le Venezuela, ils ont facilité la prise de pouvoir par Michel Martelly qui n’avait pour mission que de salamiser Haïti en dilapidant la majeure partie des fonds Petrocaribe. Nous ne sommes pas des enfants et nous connaissons l’histoire de notre pays. Si le peuple ne prend pas les choses en ses mains propres, personne ne lui donnera justice. D’ailleurs, ce sont ces mêmes étrangers qui dénoncent la corruption en Haïti qui conseillent les petrovoleurs et qui les indiquent où placer les petrodollars volés. Je ne suis pas le seul à avoir le ras-le-bol. Il ne revient pas à moi de dire à la population que faire. Tout bèt jennen mode. Le peuple haïtien saura prendre sa revanche.
Ce qui m’offusque dans tout cela, c’est qu’il y a des gens qui croient qu’ils sont plus patriotes que nous autres qui vivons à l’étranger et qui travaillons durement pour supporter les miséreux et les laissés pour compte de ce pays. Ce que nous observons sous nos yeux est de la pure méchanceté. Les éléments de la classe moyenne qui mènent la danse avec la bourgeoisie répugnante sont aussi méchants que la Communauté Internationale qui nous a légué cette peste. Aujourd’hui, nous ne devons pas avoir peur d’appeler le chat par son nom. Un petrodéchouquage est imminent. Notre seul regret est que les grands responsables finiront toujours par s’échapper, car ils n’investissent pas un sou au pays.
Est-ce qu’un pays où 5% de la population active travaille peut se permettre de « kraze e brize » ? Je crois que non, mais quand les responsables d’Etat font la sourde oreille, le peuple doit utiliser l’arme qu’il a pour les porter à comprendre. Jean Henri Ceant devrait apporter un apaisement, soit disant. Après sa ratification dans les deux chambres, il a nommé trois ministres sans portefeuille. Malheureusement, il n’a pas compris le message du 6 et 7 Juillet. Jovenel Moise ne trouvera pas de fusibles pour faire sauter. Au moment opportun, il sera obligé de partir. Il est presque torp tard, les bandits légaux et les petrovoleurs se croyaient être les plus intelligents. C’est dans leur déchéance qu’ils vont comprendre qu’il y avait des têtes pensantes au sein du peuple.
Je compatis à la douleur des jeunes, des pères et mères de famille sans emploi et qui doivent vivre, malgré eux. Ceux qui aspirent à faire de la politique doivent savoir qu’on n’entre pas en politique pour devenir riche. Le peuple haïtien doit envoyer un signal clair à tous les bandits légaux qu’il soit prêt à se démarquer de la mascarade qui a trop duré dans ce pays. Nous aimerions bien lancer un appel au calme, mais comment demander à un peuple de se résigner quand l’argent qui aurait pu améliorer sa condition de vie est dilapidé et que les voleurs font le dos rond ?
J’ai le pressentiment que le dossier Petrocaribe aboutira sur un petrodéchouquage où les plus justes seront sauvés. Nous voulons dire aux journalistes et directeurs d’opinion qui essaient de dédouaner et plaider la cause des petrovoleurs qu’ils sont appelés à subir le même sort que ces derniers. Le peuple haïtien est résilient, certes, mais il n’est pas destiné à vivre dans la misère, dans l’ignorance et dans la pauvreté vitam aeternam. Que les braves de ce pays s’arment de courage pour rendre possible la reddition des comptes.
L’ULCC et la Cour Supérieure des Comptes font partie du problème, ils ne peuvent pas apporter de solution dans le dossier Petrocaribe. Le peuple haïtien est à la croisée des chemins, il doit prendre son destin en mains. Que vive Ayiti.
Kerlens Tilus 09/23/2018
Futurologue/ Templier de Dieu/ Écrivain
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