Dimanche 23 septembre 2018 ((rezonodwes.com))– Tous ceux qui ont Haïti dans leur cœur et dans leur âme souffrent du fait qu’ils observent que rien ne se fait de concret pour permettre à ce pays de sortir de l’ornière du marasme. Le découragement envahit plus d’un et bon nombre décide de garder silence comme si le silence était une arme de combat. Cette semaine, nos voisins de la République Dominicaine ont voté leur budget 2018-2019, qui est d’un montant de 18 milliards de dollars alors que le budget d’Haïti est 2.2 milliards pour presque la même quantité d’habitants. L’observateur avisé se demandera pourquoi cette différence énorme de budget entre les deux pays.
Pour comprendre ce fait, il faut remonter avant même l’Occupation Américaine où les Etats-Unis d’Amérique avait décidé de faire de la République Dominicaine un pôle d’investissement et de considérer Haïti comme un pays qui fournit de la main d’œuvre à bon marché et rien que cela. Il n’y a pas que la main des grands qui explique cet état de misère, les dirigeants haïtiens n’ont jamais opté pour le développement de ce pays. Quoiqu’ils disent dans les discours officiels, ils dirigent dans la réalité sans aucune vision et en dehors des normes qui régissent la fonction publique.
Tous les Haïtiens se croisent les bras et ils attendent un miracle. Chrétien croyant, je ne crois pas que le miracle viendra avec la mentalité de piton lèd nou la et kite melem que nos compatriotes exhibent aujourd’hui. Nous avons beau cherché la source de nos problèmes et nous avons de multiples réponses. Mais, s’asseoir pour travailler ensemble sur les solutions à apporter aux problèmes, c’est là où le bât blesse. Tout le monde veut être chef et tout le monde veut diriger. L’Haïtien croit depuis qu’il est diplômé d’un centre universitaire, il est habilité à être chef d’état. Cette mentalité les empêche de se regrouper pour aborder des questions vitales liées au bon fonctionnement et au développement du pays.
Le sociologue Fréderic Boisrond a écrit que Bill Clinton est le pire des meilleurs ennemis d’Haïti et cela mérite d’être compris. En effet, depuis Thomas Jefferson, aucun président américain ne s’est jamais intéressé et occupé du dossier d’Haïti que l’ancien gouverneur de l’Arkansas. Il a détruit la riziculture haïtienne quand il était président des Etats-Unis d’Amérique. Il a imposé un embargo sanglant sur Haïti avec la complicité de Jean Bertrand Aristide qui a détruit l’économie nationale. Fréderic Boisrond a écrit plusieurs textes sur le dossier Petrocaribe qui mérite d’être lus pour comprendre la complicité des Américains dans la dilapidation des fonds du Petrocaribe.
Le gouvernement américain et les entreprises américaines comme Chevron et Exxon Mobil menaient une guerre de basse intensité contre l’Accord Petrocaribe implanté par le Venezuela dans le cadre de l’Alba. Ce n’est pas sans raison que Michel Martelly, l’homme imposé par les Clinton a dilapidé les fonds et empêche à Haïti d’arpenter la voie de l’autosuffisance alimentaire et du développement. Le Venezuela a bien voulu aider Haïti, mais malheureusement nos dirigeants n’étaient pas à la hauteur pour tirer avantage de cet accord comme bien d’autres pays de la Caraïbe l’ont fait. Nous devons comprendre que vouloir juger les dilapidateurs des fonds Petrocaribe c’est déclarer la guerre aux Américains qui ont cherché à boycotter l’Accord de Petrocaribe et empêcher qu’Haïti puisse jouir de ces fonds. Le blâme est aux dirigeants haïtiens, René Préval en premier loge et Michel Joseph Martelly ensuite. Nous n’aurons jamais une pareille manne à moins que nous établissons des relations diplomatiques avec la Chine populaire.
Cette semaine, j’ai eu un brase lide avec plusieurs jeunes et cela a laissé un goût amer dans ma bouche. Il y a une haine viscérale de la diaspora qui se dégage dans la société haïtienne qu’aujourd’hui dire à un Haïtien d’origine qu’il est Américain ou Canadien est considéré comme une invective. Je regarde avec tristesse cette jeunesse où des étudiants à l’université sont obligés de tirer le diable par la queue pour survivre et l’état ne peut même pas les accompagne dans leurs études comme il devrait le faire. Nous avons amplement écrit sur ce sujet : il n’y pas de salut pour Haïti sans l’inclusion de la diaspora haïtienne à toutes les échelles de la vie nationale.
Je ne sais pas comment ce pays va s’y prendre, mais ceux qui veulent le changement ou la révolution doivent trouver une formule pour intégrer la diaspora dans les affaires du pays. Je ne vais pas perdre mon précieux temps à discuter avec des bandits ni des gens de mauvaise foi. Les dirigeants haïtiens peuvent être bien des ignorants, mais ils savent comment bloquer le développement du pays et comment tirer leurs épingles du jeu. Je continuerai à travailler dans le silence et la sérénité, car l’atmosphère n’est plus aux discours grandiloquents. En réfléchissant, nous finissons par remarquer qu’avec Haïti, nous sommes dans un labyrinthe et la sortie n’est pas facile à trouver. Je peux comprendre à quel point certains Haïtiens haïssent le pays et comment ils combattent ceux qui nourrissent de bonnes intentions à l’endroit du pays. Franchement, la solution à nos multiples problèmes ou du plus, la délivrance d’Haïti n’est pas pour demain. Nous devons lutter et faire des sacrifices pour arriver à l’Haïti que nous voulons. Et parlant de sacrifices, certains finiront par laisser leur peau.
Notre ami Patrick Morisseau prône une Haïti où 90% de la population active puisse être sur le marché du travail. C’est un rêve très ambitieux qui peut se réaliser. Notre travail comme économiste et futurologue est de réfléchir sur la faisabilité d’une telle idée et de fournir la marche à suivre pour y arriver. Nous avons déjà écrit un livre en deux tomes pour aborder les questions liées à la nouvelle Haïti. Le premier tome des Réflexions au-delà de la censure est déjà en circulation. Le deuxième tome paraîtra l’année prochaine. Dans le cas d’Haïti, ce ne sont pas les idées qui manquent.
D’ailleurs le GRAHN (Groupe de Réflexion et d’Action pour une Haïti Nouvelle) a publié un livre phare sur la construction d’Haïti et a fait paraître plusieurs cahiers thématiques sur des sujets multiples. Nous avons des experts un peu partout dans la diaspora qui peuvent expliquer le comment du développement. Le plus grand handicap auquel nous sommes confrontés c’est le manque de volonté, la haine, la méchanceté, l’envie et la jalousie qui font rage. Le système capitaliste est basé typiquement sur l’exploitation à outrance de l’homme par l’homme. Quand l’Haïtien est exposé à ce système inhumain, il devient un loup pour ses frères et il est prêt à dévorer quiconque ose entraver sa réussite personnelle. Des leaders sérieux qui rêvent de diriger ce pays devraient avoir en tête qu’une idée : comment faire pour favoriser le plein emploi ou au moins 90% de la population en âge de travailler puisse avoir un boulot bien rémunéré qui peut permettre aux gens de subvenir à leurs besoins. Nous travaillons sur cette thématique à longueur de journée et nous ne pouvons perdre notre temps à blaguer et à pérorer avec des « losers » ou des bons à rien.
Je n’ai rien à gagner dans ce combat que de voir mon pays d’origine prospérer et avancer sur la voie du progrès. Ce n’est pas possible que sur une population de six millions d’âmes qui sont capables de travailler, trois cents milles seulement ont un boulot et nombre de ceux qui travaillent n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Comme économiste, je suis obligé d’utiliser ma grande capacité de créativité et d’imagination parce qu’on ne nous a pas appris à l’université comment réfléchir sur un pays en faillite comme Haïti. Nous ne sommes pas payés pour réfléchir et pour proposer des réflexions. Nous croyons comme penseurs, nous devons contribuer à la réflexion sur le devenir du pays et sur sa construction.
Nous savons que nous faisons des envieux, mais ils ne pourront pas nous empêcher d’écrire. Nous réfléchissons beaucoup pour écrire peu, pour écrire l’essentiel, car nous croyons que celui qui est efficace n’a pas besoin de pérorer à tout bout de champ. Nous sommes arrivés à un carrefour où les penseurs qui militent pour la nouvelle Haïti ne sont pas nombreux, ils peuvent être répertoriés. Ils font un travail de titan. Ils ne sont pas à la recherche de gloire et d’ovation. Ils n’agissent que pour le bien commun, que dans l’intérêt de la collectivité. A quoi sert un diplôme de maitrise et de doctorat s’il n’est pas mis au service de la collectivité. Les intellectuels en chaise longue doivent réviser leur cahier et leur stratégie. Il est anormal qu’un pays qui a toutes ses grandes compétences puisse croupir sous le poids de la misère et de l’ignorance.
Le combat pour l’érection de l’état de droit et la justice sociale en Haïti doit continuer. Les jeunes doivent prendre conscience et doivent s’engager. S’il y a une catégorie sociale qui est touchée et plus affectée par la corruption et la mauvaise gouvernance, elle est constituée des jeunes. Ils sont plus de trois millions en âge de voter et de travailler. Moins de deux cents milles ont un boulot. Voilà l’héritage que 29 ans de dictature et 32 ans de bamboche démocratique ont légué à Haïti, à la jeunesse tourmentée et délaissée. L’Haïti que nous voulons doit être conçu et nous devons l’imaginer clairement dans notre pensée. Les penseurs, les think tanks se chargeront de proposer le processus pour y arriver.
Nous n’aurons pas gain de cause en dehors de l’unité, de la fraternité, du partage et de la solidarité. Mon plus grand problème avec mes frères et sœurs haïtiens est qu’ils sont haineux. Quoique tu fasses, si tu es honnête et sérieux, ils brouilleront avec toi. Je suis ce que je suis. Je sais d’où je viens et je sais où je vais. Avec les amis, ou sans les amis, la lutte continue. Ma redevance est envers Dieu, ma patrie et ma famille. Je continuerai à lutter jusqu’à la dernière fibre de mon corps. Je ne mourrai pas sans assister à la rédemption de ce pays. C’est un acte de foi et je m’y adhère. On peut me boycotter, on peut comploter contre moi, mais je sais que personne ne pourra m’atteindre parce que je suis juste et je suis droit.
La Sainte Bible stipule : Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous. Mes frères et sœurs, l’heure est à la réflexion, au travail, à l’action, au rassemblement et à l’unité. Nous devons dénoncer la corruption et la combattre. Nous devons nous mobiliser pour permettre à ce pays de connaitre des leaders sérieux et compétents, capables de relever le défi haïtien. Pensons à l’héritage dessalinien. Pensons aux sacrifices que nos ancêtres ont consentis pour nous léguer ce coin de terre en héritage.
Ce 20 octobre ramenait le 260ème anniversaire de naissance de l’empereur Jean Jacques Dessalines, le fondateur de la République d’Haïti. Chaque Haïtien devrait émuler le caractère combatif de cet héros qui a marqué par sa bravoure l’histoire de l’humanité. Notre Dessalines est rejeté par les bénéficiaires du système esclavagiste qu’il a combattus, il est temps que nous, honnêtes et dévoués Haïtiens honorons la mémoire de ce grand homme. Je sais qu’il n’est pas donne à tout le monde d’avoir une grande intelligence et une grande capacité de clairvoyance. Il revient à nous qui pouvons déceler les choses de les crier sur tous les toits. Nous savons qu’Haïti ne périra pas. Nous devons nous atteler pour que le changement puisse arriver, car trop de gens souffrent. L’Haïti que nous voulons, l’Haïti que nous rêvons tous se matérialisera dans l’union fait la force, la mise en commun et dans l’esprit de solidarité et du partage. Que la Sainte Trinité accompagne ceux qui sont dévoués au service de ce pays et qu’elle les porte à se regrouper pour travailler ensemble et favoriser le bien-être collectif. Que vive Ayiti !
Kerlens Tilus 09/22/2018
Futurologue/ Templier de Dieu/ Ecrivain
Snel76_2000@yahoo.com
Tel : 631-639-0844


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