Pestel, une destination touristique ignorée

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par James St. Germain

Lundi 18 juin 2018 ((rezonodwes.com))– Déclarée aire protégée en avril 2017 par l’Etat haïtien grâce à la biodiversité qu’elle présente, Pestel a de quoi à attirer la curiosité des touristes les plus exigeants du monde.

Elle a déjà séduit plusieurs grands navigateurs dont Pierre Eric Tabarly, lors de son passage dans le pays en 1969 à la recherche d’un coin de terre pour implanter son troisième club millénaire Robinson Crusoë et Alain Bosman, le créateur de la fête de la mer. Ignorée à cause du manque de promotion par le Ministère du Tourisme , elle est censée un joyau perdu dans le département de la Grand’Anse.

Le professeur Rosny St. Louis a déjà parlé dans un article sorti il y a dix ans dans Le Nouvelliste de trésor mal exploité. Pour vous la faire découvrir, je vous invite avec moi à faire ce voyage à travers mon article.




Dans l’ile d’Haïti, derrière les Iles Cayemites se cache un coin de terre impressionnant par sa beauté naturelle. Pestel, de son nom, est assise dans un écrin de verdure dominée par les différents tons de verts, de jaune et de bleu, de terre rouge, de roches blanches. Elle se confine entre chaînes de montagne, mers et nuages. De l’avis de l’écrivain Jean Claude Fignolé, « c’est une commune, frontière, par laquelle on sort du département du Sud pour entrer dans celui de la Grand ‘Anse. C’est une commune extrême, montée de l’océan, enracinant des bulles de terre humide dans d’impensables massifs rocailleux, semant ici et là, finalement partout, dans les creux de rochers une incroyable masse végétale. »

Depuis le Fort Réfléchi construit de toute vraisemblance avant l’année 1804, la ville offre une vue panoramique sur la mer. De là, on peut dominer toute la presqu’île des Baradères formant avec elle un couloir écologique à découvrir sérieusement. Le romancier Jean F Brière n’a pas manqué de vendre cette verdure dans l’un des chapitres de ses romans.

Pestel se présente comme une commune à forte potentialités agricole, piscicole et touristique. La beauté des sites, la profusion de la masse végétale, l’exubérance verdoyante de la nature créent les conditions favorables au développement d’un écotourisme de découverte qui serait orienté particulièrement vers les étudiants et les jeunes professionnels de l’Afrique du Nord, de l’Amérique, de l’Europe et de l’Asie.




La commune dispose des sites coloniaux. Il s’agit du fort Réfléchi situé au centre- ville, de la salle de

théâtre de l’habitation Clément dans le village de Desrivaux, d’un manoir colonial à Cassous. Sa façade maritime s’agrémente de plages les unes plus belles que les autres qui font la joie des visiteurs et qui étincèlent par leur sable. Les plus connues sont :

Anse Blanche, Anse à Trésor et Anse du Nord (6èmeCayemites). Elles n’ont rien à envier de toutes plus belles plages naturelles du monde. À Anse-à-Maçon, il y a Trou des Anglais, une autre attraction à lorgner. Cette grotte est ainsi appelée puisqu’elle a servi d’abri aux Anglais qui voulaient coloniser le Sud du pays à la suite du départ prématuré des Français en 1794.

Sur la côte du centre-ville menant à Grand Baie, il y a de jolies baies Source Salée et Lafi notamment qui se perdent dans une véritable verdure, au fond d’un fjord profond et encaissé. Leur entrée annonce le décor d’un véritable spectacle tant elles sont bien ornées par des plantes, par une très belle mangrove sauvage particulièrement. En ces lieux, les poètes entreront en parfaite communion avec leur muse.

Au Nord du centre-ville , comme a déjà écrit Semexant Rouzier, le rivage est dentelé, capricieux, coupé de ces ravissantes petites baies où la mer dort toute bleue et huileuse, au pied de la végétation des mornes finissants qui promenaient autrefois l’ombre et la fraicheur. L’œil et l’esprit se perdent dans cette caresse, de verdures nuancées. Çà et là se découvrent comme des ossements suspendus aux flancs des mornes, des rochers, qui font saillie à travers la verdure et qui renvoient en éclats vifs, aveuglant les rayons argentés du soleil.

Au loin, sur la mer menant à Corail, reposent les trois ilots situés en face de la baie de Corail. Deux d’entre eux semblent d’énormes crustacés en sommeil, bas, ovales, et moussus; l’autre, plus large, disparait jusque dans les nuages d’une eau reluisante et immobile. Il s’agit de l’ilet lambi, de l’ilet Grand Gosier et l’ilet vieux caille.

A la montagne, située sur la frontière avec la commune des Baradères, la grotte Bellony ne cesse depuis plus de trois ans d’être une attraction de choix pour les touristes locaux et étrangers.




La 5ème section située aux pieds du pic Macaya est un lieu qui mérite de visiter à la longueur de l’année. Elle dispose également de plusieurs grottes. Dans les hauteurs de Duchity où prennent source plusieurs rivières des départements de la Grand’Anse et du Sud, on y trouve la chaîne Plymouth connue pour son histoire coloniale et sa biodiversité.

Les fonds marins de la baie des Cayemites sont connus pour leur plongeon maritime. Sur l’île de la grande Cayemites vit l’Amphisbaena caudalis, une espèce en voie de disparition.

En face de l’embarcadère de la ville se situant bouche à bouche avec les Îles Cayemittes, il y a un ilot du nom ilette qui voile le port et le protège contre la montée de la mer. C’est pourquoi on ne peut pas voir la ville de Pestel depuis les Iles Cayemites. Sa superficie n’est pas plus de 300m2, cependant les mangroves qui y poussent aux alentours le créditent d’une beauté exceptionnelle.

Les grosses pierres que je vois se tenir en plusieurs endroits sont de nature à susciter la curiosité intellectuelle de plus d’un. Elles sont déposées sur la terre ferme et bizarrement elles ne sont ni supportées par d’autres ni un peu enfoncées sous la terre. Et l’entrelacement des roches formant la chaîne de montagne entourant la basse-ville est d’une attraction extraordinaire. C’est grâce à leur disposition répand un mythe selon lequel Pestel détient une pierre enchaînée. L’idée même est un moyen d’accrocher le regard des visiteurs sur Pestel, ville accueillante et hospitalière.

En guise conclusion, la commune de Pestel offre de grandes attractions touristiques. Malheureusement elles sont méconnues du reste du monde entier. Son potentiel touristique est bafoué ou humilié.Son manque d’infrastructures est peut-être la principale cause du refus de placer Pestel comme une destination. De surcroît, l’étiquette de zone rouge qu’on lui colle depuis une décennie constitue un autre frein. Il y a quand même Un lueur d’espoir pour Pestel étant donné qu’elle vient de relancer sa fête de la mer qui a fait toute sa fierté à travers le monde. Pestel est plus que jamais ouverte à l’éco-tourisme.

James St. Germain

jamesstgermain19@yahoo.fr

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