Port-au-Prince, mardi 17 octobre 2017, An 211ème de l’assassinat de l’Empereur Dessalines ((rezonodwes,com)).-Le commandement de Marchand confié à Vernet, ministre des finances, Dessalines courut éteindre lui-même la rébellion dans le Sud d’où il ne parviendra jamais. Ceux qu’il avait appelé à l’honneur dangereux de l’accompagner étaient : les généraux Mentor et Bazelais, les colonels Roux et Charlotin Marcadieux, les secrétaires Dupuy et Boisrond-Tonnerre.
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Arrivé à Saint-Marc, Dessalines ordonna au 3e bataillon de la 4°, qui y tenait garnison, de se joindre aux deux premiers. En sortant de la ville, il rencontra dans la grand’route un de ses aides-de-camp, Delpêche, qui, fuyant l’insurrection dans le Sud, était parti du Petit-Goâve pour venir se ranger à ses côtés.
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Thomas, qui montra de l’hésitation à abandonner l’Empereur, fut placé sur le champ à la tête de la 3e demi-brigade rangée sur la place Vallière, et à laquelle Pétion donnait un témoignage de sa confiance en ne la faisant pas désarmer.
Gédéon avertit Guérin que l’Empereur lui avait recommandé de l’attendre au Pont-Rouge et qu’il voulait en arrivant le voir de loin à ce poste. Guérin le pressa alors de se déshabiller et fit endosser son uniforme par un adjudant-major de la 21e de Léogane qui lui ressemblait. Cet officier fut placé au Pont-Rouge à la tête d’un bataillon de la 15e, afin de mieux attirer l’Empereur dans le piège.
Questionnés sur ce qui se passait en ville, ils répondirent tous qu’il n’y avait rien d’extraordinaire. L’Empereur continua à chevaucher sans soupçon.
— Vois-tu Gédéon au milieu du pont ? dit-il. Il est l’esclave de la discipline. Je le récompenserai.
Celui qu’il prenait pour Gédéon était l’adjudant qui en avait revêtu l’uniforme, comme mentionné plus haut.
— Mais, Sire, observa le colonel Léger, officier du Sud, faisant partie de son état-major, je me trompe singulièrement ou ce sont des soldats du Sud.
— Vous voyez mal, répondit Dessalines. Que seraient-ils venus chercher ici ?
Au même instant, il entend le commandement d’apprêter les armes et les cris : Halte, Empereur ! Halte, Empereur !.
Avec cette impétuosité qui n’appartenait qu’à lui, Dessalines s’élance au milieu des baïonnettes.
— Soldats, s’écrie-t-il, ne me reconnaissez-vous pas ? Je suis votre Empereur.
La lutte pour la survie
Il saisit un coco-macaque, suspendu à l’arçon de la selle, fait le moulinet, écarte les baïonnettes qu’on lui dardait. Le sergent Duverger, de la 15e, ordonne au fusiller Garat de tirer. Celui-ci lâche son coup. L’Emepreur, qui n’est pas atteint, lance son cheval à toute bride.
A mon secours, Charlotin ! Les derniers mots de Dessalines
Le berger vient de tomber
Il y eut alors une scène affreuse. On dépouilla l’Empereur ; on ne lui laissa que son caleçon ; on lui coupa les doigts pour enlever plus facilement les bagues dont ses mains étaient couvertes. Cependant Yayou ordonna à quelques grenadiers d’enlever le cadavre mutilé. Les soldats obéirent avec effroi. Ils disaient que Dessalines était un papa-loi.
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Quand on l’eût placé sur des fusils disposés en brancard : « Qui dirait, exclama Yayou, que ce petit misérable faisait trembler Haïti, il n’y a qu’un quart d’heure ! »
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Cette masse informe et hideuse de chair et d’os, à laquelle il ne restait aucune apparence humaine, transportée en ville, fut jetée sur la place du Gouvernement. Tandis que la populace profanait les restes défigurés du chef suprême, naguère son idole.
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Ainsi périt Jean-Jacques Dessalines, dit Jacques Ier, gouverneur-général, puis Empereur d’Haïti, dont la fortune était pour le moins aussi singulière que celle de son prédécesseur, Toussaint-Louverture, et de son successeur, Henry Christophe.
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