15 octobre 2025
Hiati : Que lumière soit faite sur les millions de dollars du Choléra
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Hiati : Que lumière soit faite sur les millions de dollars du Choléra

CHOLERA…7 ANS ET BILAN MUET

par Dr Elie Jacques

Jeudi 5 octobre 2017 ((rezonodwes.com))– L’année 2010 est sans précédente pour HAÏTI.
Certains diront qu’il y a rien de nouveau sous le soleil haïtien sinon les mêmes quotidiens et routines, les mêmes prières de miserere, témoignage d’un peuple souffrant de tous les maux ; Sociétaux, environnementaux et politiques.




Après un meurtrier séisme en janvier 2010, dix mois plus tard, Port au prince, gémissant encore sous ses décombres et ordures, tendit les seins a ce spectre porte-malheur, cette fois sous l’égide des nations Unies, apportant la paix dans une botte, la contagion dans l’autre ;
Des casques bleus, provenant du Népal, pays qui trébuche, comme nous d’ailleurs pour nourrir ses habitants, viennent partager un héritage qui, aujourd’hui encore reste l’un des pires défis de notre système sanitaire : le choléra.

On est en octobre 2010…et Voici qu’un camion de décharges tint présence au bord de la rivière MEYE (plateau central). Des excrétas de soldats, entraînés à tuer et maintenir la paix, venus de toutes part du Népal, récemment frappé par une épidémie fulminante de choléra, s’y déversent.
Quelques heures plus tard, c’est la panique totale,…ATTILA ou l’ange de la mort parcourt la cité ; le mal est là et s’impose. Aucune famille n’est épargnée dans une Haïti déjà pauvre d’hygiène, d’eau potable, d’assainissement, d’éducation et de conscience collective.

Un mois plus tard, soit en novembre 2010, les dix départements géographiques du pays, du nord à la grand anse, toutes les villes grandes ou « en dehors », avaient au moins recensé un cas de ce produit importé…
Nos médecins, déterminés à répondre au mal-oppresseur, malgré la cécité d’un gouvernement qui voyait plus le profit de l’aide internationale que le soutien au personnel et centres hospitaliers, ont bossé nuit et jours, casques et bottes, sous la chaleur des tentes qui abritaient les CTC/centres de traitement du choléra, pour voir des concitoyens remonter cette pénible pente de la déshydratation souvent sévère.

Ils venaient de partout, souvent des lieux les plus éloignés; les yeux en cernes et le souffle imperceptible. Ils apportaient le message de « n’Antrave » a ceux-ci qui, eux, attendaient leur tour.
La contagion est rapide et féerique. Certains n’y croient même pas. C’est une poudre.
Un « kout -L’air » frappant les déshérités.




Je me rappelle des conversations avec ce collègue médecin et ami digne de nom, Dr. Lucknel Joseph, qui le voyait comme un châtiment, un fardeau trop pesant sur un peuple qui n’a pas la force de se lever. Elle durera des lustres…prédit-il. Prophète.
Le tissu social est fortement touché, comme lors des dernières secousses …la stigmatisation aura converti ce mal en un scénario se déroulant au temps de la PESTE.
Le pays sera longtemps comme une scène d’après guerre où les victimes seront transportées comme à Solférino, par tous les moyens et en toute hâte pour avoir la vie sauve…Pito nou lèd nou la.
La mission de Paix des Nations Unies aura causée plus de tort et dégât que si les haïtiens auraient affronté les casques bleus sur un champ de bataille (10 000 décès et 1000 000 cas environs jusqu’en août 2017)…le choléra s’est vite converti en une guerre qui n’en finit pas et n’en finira.

Zandolit mouri inosan, RAT manje Kann .
Laissons ce récit historique. Parlons de choses plutôt sérieuses ou inquiétantes.
La mort du cheval, ferait il claquer les verres aux chiens.
Allons voir.
La communauté internationale, déjà présente en Haïti , nouvel Eldorado depuis les secousses du 12 janvier 2010, doit encore rester longtemps pour épauler ce peuple qui a tout perdu…ses fils et ses murs,
Sa dignité, sa santé et même une partie de ses traditions ( )

Pour répondre efficacement as cette épidémie, LES PAYS AMIS ont uni leurs efforts pour soutenir ce pays doublement victime…le gâteau est servi et a la Maison on en sourit.
Pour jouer le parent responsable et soucieux du bien être de ses fils, en 2013, le gouvernement TET KALE instaura un plan d’élimination du choléra visant l’objectif « ZÉRO cas » d’ici 2022..FICTION (n’en parlons pas de plan sur l’île, nos voisins ne nous ressemblent point dans ce domaine)

ÉRADICATION ? On n’en y est pas encore …En 2022 nous regarderons les prochaines décennies pour voir si encore les foyers haïtiens auront de l’eau potable, ou si nos villes et montagnes auront dignement des endroits ou faire leurs déposition/défécation en toute sécurité et dignité, si nos marchés auront les conditions sanitaires adéquates pour nourrir nos enfants et si les ordures de toutes sortes auront un arsenal capable de les retenir aux premiers instants de pluie qui passe sur nos villes surpeuplées.

Le fameux plan d’élimination du choléra fixait plusieurs objectifs :
Augmenter l’accès à l’eau potable jusqu’à 85 pour cent, l’accès aux toilettes et latrines à 90 pour cent , l’accès à des soins de santé de qualité à 80 pour cent (comme s’ils existaient déjà; nos généreux médecins n’ont même pas un salaire adéquat et nos salles d’urgence souffrent de carence des premiers outils de prise en charge ) tout en renforçant l’éducation , les infrastructures et les capacités de l’état à agir dans les limites de ses prérogatives.

Le plan d’élimination s’étendant sur une période de 10 ans, coûtera pour sa mise en œuvre 2.2 billions de dollars américains. (2013/2022)
200 millions de dollars américains avaient été déjà utilisé avant l’élaboration du plan décennal dont 3 pour cent de cet argent ont été reçu par l’état et 24 pour cent par les ONGs.
Pour l’année 2017, jusqu’en avril, un montant de 17.7 millions de dollars ont été mobilisés pour la réponse rapide.
D’octobre 2010 à Août 2017 le pays a consommé plus de 486 millions de dollars au total pour faire face à l’épidémie. (Réponse rapide et stratégies à long terme)
Sources/Factsheet UN Cholera outbreak,Juin 2017




Laissons ces chiffres qui font peur…
Ban kimoon, en regardant ce génocide immérité, s’est excusé auprès du peuple haïtien dans toutes les langues … excuses qui marient, confrontent et mesurent les fonds investis et les non-faits pendant tout ce temps la.
Cependant, de l’autre côté, l’état haïtien se félicite de tous les efforts faits pour réduire l’incidence, la prévalence et la morbi-mortalité de cette maladie sur son territoire tout En comparant les années antérieures, principalement 2011 avec le plus haut pick soit 350000 cas de choléra, et cette année (2017) avec 6000 cas environs ;
Faux…cette fois nous sommes à la merci des dieux.

Comparaison n’est pas raison
Voyons à la loupe, si les conditions basiques d’existence ont été modifiées.
L’eau potable arrive- t- elle déjà dans nos robinets et nos déchets sont ils gérés adéquatement? Avions- nous éduqué nos citoyens et limité les tabous qui nous rendent de plus en plus vulnérables ?
A Fond cochon ou à Randel, au Cap-a-four, à Dupuy ou Sources chaudes, à Port au prince ou Cap haïtien, les conditions sont-elles devenues différentes depuis 2010.
En Haïti, 72 pour cent de la population vivent sous le seuil de pauvreté absolue (moins de 2 dollars us par Jours) et 56 pour cent dans une pauvreté extrême (moins d’un dollar par jour)
Environs 60 pour cent de la population n’ont pas accès aux soins de santé directs.

Il est temps d’entendre la souffrance des chiffres et non les émotions … nous sommes en droit de savoir comme peuple à qui profitent ce qu’on reçoit au nom de «l’holocauste-choléra »
Et si nous tardons à faire le volt face en laissant ces pratiques nonchalantes et de show, nous voyons venir le pire puisque rien n’est réellement fait RIEN…le pire c’est se reposer sur ses lauriers pendant que les fourneaux sont encore ardents.

Nous sommes rongés jusqu’au cou par la corruption et le gaspillage, égoïstes et fanfarons nous essayons d’occulter la réalité en profitant du fanatisme de ce peuple qui voit peu.

Les forces de l’ONU, coupables s’en vont mais Ceux-ci qui se nourrissent de nos millions sont bien là et nous les voyons chaque jour…mais hélas, Intouchables.
Espérons que lumière soit faite sur les millions du Choléra. Espérons.

Dr. Elie Jacques,
Octobre 2017

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