15 octobre 2025
« Secteur démocratique » : Les illusions des leaders politiques haïtiens
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« Secteur démocratique » : Les illusions des leaders politiques haïtiens

par James Marc Donald ORPHÉE

 » Secteur démocratique » et révolution démocratique »: les illusions dans les discours des leaders politiques haïtiens

Mercredi 4 octobre 2017 ((rezonodwes.com))– Hannah Arendt disait que c’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal. Le mal politique haïtien est dû à une absence de pensée capable d’influencer le cours politique du pays, dans la mesure où il n’ y a pas assez d’hommes et de femmes qui font la politique dans le pays qui ont une densité intellectuelle soutenue pouvant résoudre les problèmes auxquels le pays est en proie.




Premièrement, cette absence de pensée se situe au niveau des partis politiques (dans le cadre de notre approche, nous admettons qu’il y en a), lesquels ne priment pas les cadres dans leur agissement politique.

Deuxièmement, dans les émissions où l’on parle de politique, on n’invite pas un politicien pour être détenteur d’une expertise sur une question d’actualité considérée ou qui maîtrise parfaitement les rouages de son parti politique et les ressorts idéologiques qui le sous-tendent ; mais pour avoir surtout fait une déclaration ou pour avoir participé à des manifestations répétées.

Ce qui fait que les espaces médiatiques où l’on parle de politique dans le pays sont , pour la grande majorité, des lieux où l’on tergiverse au lieu d’être des espaces où l’on discute des théories ou d’approches politiques et économiques. Comment peut-on prétendre défendre son parti et de surcroît son pays si on ne peut pas théoriser sa ligne doctrinale ? Comment peut-on être un vrai leader politique si on n’a pas écrit au moins un ouvrage sur les difficultés auxquelles le pays est en butte pour le servir d’alternative? Si on demande à la majorité des politiciens haïtiens, quelles sont leur idéologie, on serait stupéfait de leurs réponses.

La question de tête pensante dans la politique est une notion sur laquelle Max Weber a longuement insisté. Il a cru qu’il faut donner une grande place aux professionnels de la politique. Du bon usage la pensée Webérienne, on croit qu’on a besoin d’un verbe instruit dans la politique plutôt qu’une force brutale; on a donc besoin de la rigueur intellectuelle qui charrie un charisme irrésistible plutôt qu’un habile en intrigue. La question de la pensée dans la politique demeure donc fondamentale.

Mais en Haïti on n’accorde pas de l’importance à la pensée, à l’intellectualité. Dans les espaces médiatiques de débats-politiques , on fait place à n’importe quel saltimbanque de la violence verbale pour parler de Politique (polituk dans le langage de Justin L’hérisson), pour dire n’importe quoi. Cette violence verbale comme filiale de la médiocrité intellectuelle engendre souvent de la violence physique et l’illusion dans les notions qu’on utilise.




Dans cette dynamique, il y a toute une litanie d’antinomies qu’on peut constater dans le langage de certains politiciens du pays. Par exemple, ces notions de  » Secteur démocratique » et de  » Révolution démocratique » qu’on martèle fort souvent dans certains débats politiques qui se font dans le pays. Dans ces deux notions, j’y repère un accroc majeur à l’intellectualité et au bon sens. Dans un pays qui se veut démocratique, comment peut-il y a avoir un « Secteur démocratique » ? Et, comment peut-on aussi faire une « Révolution démocratique »?

Comme le signal souvent le docteur Luné Roc Pierre Louis, cette notion de Secteur démocratique est une antinomie de mauvais goût puisque la démocratie prend en compte l’existence de tous les secteurs. Un secteur qui se veut démocratique est donc un secteur qui ne prend pas en compte les différents antagonismes de la vie politique.On ne peut pas faire une démocratie en sacrifiant les diversités , lesquelles sont les corollaires de la concurrence et de la représentativité politiques. À cet effet, un secteur démocratique dans un pays démocratique est une forme de totalitarisme sournois qui, non seulement travestit la démocratie, mais qui porte atteinte aux droits des citoyens de participer dans la vie politique du pays . De plus, comment un « secteur démocratique » peut-il faire une « révolution démocratique » ?

Révolution et Démocratie traduisent une antinomie. Aucune révolution n’a Jamais été démocratique ou on ne pas peut pas faire démocratiquement une révolution, puisque, contrairement à la démocratie qui prend en compte la tolérance, les diversités…quant à elle, ne prend pas en considération toutes les diversités. Donc, il y a une corruption sémantique entre le mot Révolution et le mot Démocratie. Certes, on peut toujours faire une révolution en vue de la démocratie; mais pas de manière démocratique.




Ce qui engendre ces antinomies chez les principaux leaders politiques haïtien est leur puérilité intellectuelle. Ils veulent seulement tirer profit de leur militantisme sans se former pour affronter les écueils du débat qui est la première école qui forge les caractères et les qualités d’un homme politique. On ne peut devenir un vrai politicien si on ne peut pas descendre sur le terrain de la praxis intellectuelle que seule la confrontation des idées claires, des théories bien agencées confère.

James Marc Donald ORPHÉE

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2 Comments

  • Jean gregoire 5 octobre 2017

    Oui Manigat possedait certaines de ces vertus mais il a grimpè au pouvoir par une magouille. La thèorie à elle seule ne peut contourner les èceuils. Avec 3% de gens frottès d’èducation l’èmotivitè prime, on se cherche une position rien que pour sortir de la misère ambiante, ventre vide n’a d’oreilles ni de conscience , necessitè oblige.

  • Marcololo 5 octobre 2017

    Je pense que l’auteur de ce texte a partfaitement raison a travers tout ce qu’il a dit dessus. mais je dois rappeler a cet intellectuel, Nous vivons dans un pays où on ne respecte aucun norme etique et democratique. la republique d’haiti est une republique à repenser. car tout se fait à l’envers. Ritchie l’a déja dans l’une de ses chansons. Avec une telle configuration on ne pourrait rever autrement que de la debandande dans une republique bananiere.

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