Haïti-Violences : près d’une cinquantaine de morts à Port-au-Prince, sur fond de ruptures internes au sein de Viv Ansanm ; Alix Didier Fils-Aimé à New York pour poursuivre la ligne d’Ariel Henry, lequel déclarait déjà : « Nous saluons l’engagement renouvelé de la communauté internationale, sous le leadership des États-Unis et du Canada, en faveur de la sécurité et de la stabilité d’Haïti. »
Port-au-Prince, 10 décembre 2025 — Un nouvel épisode de violence extrême a frappé la capitale, où au moins 49 personnes ont été tuées depuis lundi, selon le Comité pour la paix et le développement. La flambée de violence oppose une faction dissidente à la coalition Viv Ansanm, jusque-là présentée comme un regroupement stabilisateur entre gangs depuis 2023.
Parmi les victimes figurent 19 membres de gangs, 10 enfants enrôlés de force, ainsi qu’un homme sexagénaire atteint par une balle perdue. Plusieurs femmes, compagnes de membres de gangs, ont été exécutées par le groupe Krache Dife alors qu’elles cherchaient des soins pour les blessés. La mort de « Dèdè », figure majeure de Bel-Air, décapité, et la blessure du chef Kempes Sanon — décrit par l’ONU comme l’un des architectes de la consolidation du pouvoir criminel à Port-au-Prince — annoncent une recomposition violente où deux nouveaux noms, Jamesly et Ti Gason, s’imposent.
La coalition Viv Ansanm, déjà classée organisation terroriste étrangère par les États-Unis, se disloque désormais sous les coups de ses propres factions. Les observateurs n’excluent pas une intensification des affrontements dans une capitale où plus de 90 % du territoire demeure sous domination armée.
Pendant que Port-au-Prince s’enfonce davantage dans la spirale de l’insécurité, une partie de la classe politique poursuit ses démarches à l’étranger. Alix Didier Fils-Aimé se trouve à New York, répétant le même rituel diplomatique amorcé en 2021 par Ariel Henry : solliciter, expliquer, convaincre, comme si les discours remplaçaient les conditions matérielles d’un État effondré. Depuis 2021, le leitmotiv était clair : aucun scrutin viable sans sécurité. Pourtant, Fils-Aimé s’active à défendre un calendrier électoral sous contrainte, dans un contexte où la population peine à survivre à des affrontements meurtriers et à une faim généralisée. Ses ambitions laissent percevoir la tentation de reproduire un schéma de pouvoir concentré, proche de la figure d’un Premier ministre hypertrophié, héritage contesté de l’ère Henry.
Les violences surviennent à moins de deux mois de la fin prévue du gouvernement de transition, censé céder la place début février, alors que les institutions sont déjà déstabilisées par l’emprise gangstérisée et l’absence d’autorité publique opérationnelle. L’accès aux zones touchées demeure impossible, laissant craindre que le bilan des victimes s’alourdisse et que des milliers de civils, confinés et privés d’approvisionnement, soient pris dans ce nouvel engrenage létal.

