22 octobre 2025
Eric Trump à Hillary Clinton: “The ballroom will be spectacular… unlike your work in Haiti”
Actualités Insécurité|Kidnapping Pages d'Histoire d'Haiti PHTK autorise l'occupation du pays

Eric Trump à Hillary Clinton: “The ballroom will be spectacular… unlike your work in Haiti”

Le tweet d’Eric Trump est bref, mais lourd de sous-entendus : une ligne de moquerie qui relie la pierre et la honte, l’opulence et l’échec de l’administration démocrate en Haïti.

“The ballroom will be spectacular… unlike your work in Haiti.”

Derrière la vanne, un rappel mordant : en 2010, après le séisme, Hillary Clinton et son époux avaient dirigé une partie de la reconstruction haïtienne à travers la Clinton Foundation et l’U.S. State Department. Les critiques venues d’Haïti et de la diaspora évoquent des projets mal conçus, des zones industrielles inachevées, des contrats sans retombées locales. Eric Trump, le fils du président Donald Trump, s’en empare comme d’un symbole : l’élite libérale américaine se vante d’humanisme mais laisse les ruines derrière elle. Haiti en est un exemple parfait.

Sur le plan rhétorique, le tweet transforme Haïti en miroir : non pas un pays, mais un mot-valise pour dire corruption, échec, hypocrisie, backyard. Il sert d’arme dans la guerre culturelle américaine — celle où la compassion des démocrates est présentée comme un spectacle inefficace face au pragmatisme clinquant des Trump.

Politiquement, la pique fonctionne parce qu’elle ravive un souvenir embarrassant. En 2011, Washington avait appuyé la candidature de Michel Martelly, chanteur grivois, misogyne et coutumier des excès, figure de la scène populaire plus que du leadership politique. Ce soutien, encouragé par le Département d’État américain dirigé par Hillary Clinton, avait entraîné l’exclusion du candidat du pouvoir en place et la recomposition controversée du second tour présidentiel.

Cette ingérence, longtemps niée, fut plus tard confirmée par des acteurs haïtiens eux-mêmes : l’ex-sénateur Joseph Lambert évoqua publiquement les pressions exercées sur le président René Préval, tandis que Pierre Louis Opont, alors directeur des opérations électorales, révéla que les résultats initiaux avaient été modifiés à la suite d’interventions diplomatiques américaines. Ces témoignages ont consolidé l’idée d’une mainmise étrangère sur le processus démocratique haïtien, scellant durablement la méfiance d’une grande partie de la population envers la légitimité des prochaines urnes annoncées par le CPT et le gouvernement de doublure en place.

Aujourd’hui, alors que le pays s’enlise dans la violence orchestrée par des gangs a sapat et le chaos, la phrase du fils Trump résonne comme un écho involontaire : la descente aux enfers d’Haïti renvoie à cette succession de décisions extérieures prises au nom d’une stabilité jamais atteinte. Près de trente ans plus tard, à l’approche du 7 février 2026, date symbolique du pouvoir et de la rupture institutionnelle, le constat reste sans appel : après avoir fait d’un chanteur sans préparation politique un président de la République, la communauté internationale continue d’invoquer l’ordre sans jamais le rétablir.

Sous son ton moqueur, le tweet d’Eric Trump rouvre ainsi un débat plus profond : celui du droit d’un État puissant à orienter, voire imposer, le destin d’un peuple vulnérable. Le tweet, au fond, dit moins sur Hillary Clinton que sur l’Amérique elle-même : sa propension à juger ses vertus à l’aune de ses échecs exportés.

cba

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.