Le commerce international traverse une période d’instabilité inquiétante. Accablés par une dette record de 31 000 milliards de dollars, les pays en développement voient leurs marges de manœuvre se réduire à mesure que les tensions tarifaires et la méfiance entre États s’intensifient. À Genève, la CNUCED a lancé un appel pressant à la défense d’un système commercial fondé sur des règles, seul rempart contre une crise comparable à celle des années 1930.
Sa Secrétaire générale, Rebeca Grynspan, a rappelé que 72 % des échanges mondiaux dépendent encore du cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), paralysée depuis 2019 par le blocage américain du renouvellement de ses juges. Dans ce vide institutionnel, les barrières douanières se multiplient : les tarifs imposés par les grandes puissances ont grimpé cette année de 2,8 % à plus de 20 %, freinant les investissements et la croissance.
La CNUCED souligne que cette incertitude frappe d’abord les économies fragiles, où les coûts de transport et les taux d’intérêt prohibitifs étouffent le commerce. Dans des pays comme la Zambie, un dollar d’investissement coûte trois fois plus cher qu’en Suisse. Pendant ce temps, les flux d’investissements mondiaux reculent pour la deuxième année consécutive, compromettant « la croissance de demain ».
À New York, Annalena Baerbock, présidente de l’Assemblée générale de l’ONU, a dénoncé un système économique à deux vitesses : au lieu d’investir dans la santé ou l’éducation, les pays du Sud consacrent leurs ressources au service d’une dette devenue insoutenable. Dans un monde où la richesse globale dépasse 100 000 milliards de dollars, la moitié de l’humanité voit pourtant ses revenus stagner.
Face à cette triple menace (dette, droits de douane et méfiance), la communauté internationale est sommée de renouer avec l’esprit de coopération. Car sans règles partagées, c’est l’avenir même du commerce mondial qui vacille.