L’Edito du Rezo
Tu ne peux pas aller à Pont-Rouge,
et pourtant tu veux organiser des élections ?
Pour qui donc ?
Pour des fantômes drapés de blanc, armés de promesses creuses ?
On dit que c’est le jour de Dessalines,
mais Pont-Rouge reste cadenassé,
comme si l’Histoire elle-même refusait
de voir ces mains impures déposer des fleurs de mensonge.
Le CPT parle de candidats,
mais où sont-ils ?
Dans les valises du KEP Desrosiers ?
Ou dans les voitures sans plaques
qui traversent Cité-Soleil sous escorte de gang ?
On veut mettre un bulletin dans la main d’un peuple sans carte,
dans un pays où même les fleurs n’ont plus le droit de passer Pont-Rouge.
On appelle cela démocratie,
mais ce sont les armes qui votent,
et les balles qui comptent les voix.
Et pendant qu’ils jurent au nom de la République,
Dessalines, dans sa tombe,
doit rire — ou pleurer —
de voir ses héritiers déposer des promesses
là où lui avait semé la liberté.
