20 octobre 2025
Montrouis crie, le tweet introuvable de Fils-Aimé
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Montrouis crie, le tweet introuvable de Fils-Aimé

L’aube de ce lundi à Montrouis s’est levée sur une rumeur devenue certitude : des bandes armées venues de la mer auraient pris pied du côté de Déluge. La population, livrée à elle-même, appelle à l’aide. Une voix s’est élevée dans la détresse. Et dans ce tumulte, le silence du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé résonne plus fort que mille déclarations officielles, aussi creuses qu’inutiles. Où est donc passé ce chef de gouvernement si prompt à commenter, à promettre monts et merveilles, à parler d’élections « libres et honnêtes » sous la houlette de dirigeants soupçonnés de monnayer les postes de direction ?

Sur les réseaux, pas un mot. Pas même ce fameux tweet qui, d’ordinaire, vient tempérer la panique d’un « L’État prend ses responsabilités ». Mais au fond, de quelle responsabilité parle-t-on ?

Ce mutisme, loin d’étonner, en dit long sur la nature d’un pouvoir de substitution, qui ne parle que lorsque ses tuteurs l’y autorisent. À défaut d’un État présent, on a un verbe suspendu : un gouvernement bavard dans les salons diplomatiques, mais muet quand les eaux montent. Le constat est accablant : un Secrétaire d’État à l’information qui ne désinforme pas, mais s’abstient d’informer. Des responsables qui, hier encore, évoquaient avec une témérité déplacée la tenue d’élections avant le 7 février, tandis que les routes de l’Artibonite se fermaient sous la peur. Et toujours ce réflexe : nier le désastre tant qu’il n’a pas encore produit de morts à exhiber, pour venir ensuite verser les larmes de circonstance.

Pendant ce temps, les images circulent : des familles en fuite, des cris sur les plages, des messages audio implorant l’envoi de la police ou, au moins, d’un mot de vérité. Et les citoyens se demandent : à quoi sert un gouvernement qui ne voit pas ce que tout le monde filme ? L’État, ici, ne gouverne plus ; il s’excuse par avance de n’avoir pas su prévoir. On tweetera plus tard, quand la tragédie sera achevée, quand il faudra justifier la présence d’une « force robuste », avec les condoléances convenues et les hashtags de circonstance.

Le Premier ministre de facto, Alix Didier Fils-Aimé, posait récemment, tout sourire, auprès de Jacques Desrosiers, bien faufilé au CEP pour un « coup de balai ». Au CPT, son président Laurent Saint-Cyr chantait le refrain du « retour à la démocratie ». On en rirait, si la scène n’était pas tragique. À Montrouis, c’est une autre République qui se joue : celle des exilés de l’intérieur. Un tweet manquant devient le symbole d’une parole politique éteinte — une République sans voix, réduite à ses silences protocolaires.

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