Bondo (Kenya), 19 octobre 2025 (Rezo Nòdwès) — L’ancien Premier ministre kényan Raila Odinga a été inhumé dimanche dans sa ville natale de Bondo, à l’ouest du pays, au terme d’une semaine marquée par une forte émotion populaire et une profonde incertitude politique.
Des milliers de personnes ont afflué pour rendre un dernier hommage à celui qui, pendant près d’un demi-siècle, a incarné l’opposition et la quête démocratique au Kenya. La cérémonie, placée sous haute sécurité, s’est déroulée en présence du président William Ruto, de dignitaires étrangers et d’anciens compagnons de lutte. Un salut militaire de 17 coups de canon a été tiré, tandis que la dépouille d’Odinga reposait sous les drapeaux kényan et de son parti, l’Orange Democratic Movement (ODM).
Les jours précédant les funérailles avaient été émaillés d’incidents meurtriers à Nairobi et Kisumu, où plusieurs personnes ont perdu la vie lors des veillées publiques, les forces de sécurité peinant à contenir la foule venue assister à la levée du corps de l’ancien dirigeant.
Raila Odinga, âgé de 80 ans, laisse une empreinte indélébile sur la vie politique kényane. Fils du vice-président Jaramogi Oginga Odinga, il a été emprisonné plusieurs fois sous les régimes autoritaires avant d’accéder à la primature (2008-2013) dans le cadre d’un gouvernement de coalition formé après la crise post-électorale de 2007-2008. Candidat malheureux à cinq élections présidentielles, il demeurait une figure centrale de l’opposition et un artisan du dialogue national.
Sa disparition ouvre une période d’incertitude pour l’ODM et la scène politique kényane. Des observateurs craignent des luttes internes pour sa succession et un possible affaiblissement du front d’opposition face au pouvoir en place.
Le président Ruto a promis, lors de son allocution, de préserver « l’esprit d’unité nationale » hérité de son rival devenu allié. Mais l’avenir du Kenya, déjà traversé par de fortes tensions sociales et économiques, reste suspendu à la recomposition des forces politiques après la mort de celui que beaucoup surnommaient « le patriarche de la démocratie ».
