La fraude précède le vote… selon les données d’Alex Saint-Gardien, expert en statistiques électorales.
Alors que Laurent Saint-Cyr s’offre une tournée floridienne sous prétexte de “dialogue” avec la diaspora, la question la plus élémentaire demeure sans réponse : comment organiser des élections avec près d’un million de votes fantômes ? Sous les apparences d’une transition policée, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) perpétue la logique d’un État simulacre où la fraude précède le scrutin et où la légitimité s’achète en miles aériens. À force de substituer la scène internationale à la réalité nationale, Saint-Cyr confond le prestige diplomatique avec l’éthique républicaine.
Si Laurent Saint-Cyr avait du respect pour les Haïtiens…
Un « chef d’État » qui quitte une capitale bloquée pour aller « dialoguer » avec sa diaspora à Miami, alors que l’aéroport de Port-au-Prince demeure une zone de non-droit, envoie un message d’une ironie brutale : la République se déplace là où l’avion peut atterrir, non là où le peuple respire. Ubi societas ibi jus : là où la société subsiste, le droit devrait parler ; or Saint-Cyr choisit l’exil temporaire comme substitut de légitimité. Ce n’est plus la diplomatie d’un président, c’est la fuite d’un dépositaire du pouvoir qui confond le vacarme des applaudissements de Floride avec la clameur muette de Carrefour-Feuilles.
La diaspora, pourtant, n’est pas dupe. Elle sait qu’aucune élection sérieuse ne se prépare en quatre mois. Les Haïtiens de Floride observent les primaires américaines : deux ans de campagne, d’alliances, de débats publics. Tempus deliberandi, tempus judicandi : le temps de réfléchir précède le temps de juger. Et Saint-Cyr, au lieu d’écouter cette sagesse diasporique, répète la vieille liturgie des transitions : « élections bientôt, stabilité ensuite ». Les mêmes promesses que ses prédécesseurs, le même mensonge rhétorique habillé d’un créole administratif.
Les véritables interlocuteurs de Miami auraient dû lui poser la seule question qui vaille : que faire des 800 000 votes doublons ? Quelle ratio legis justifie d’organiser un scrutin vicié avant même son ouverture ? Car la démocratie n’est pas une arithmétique de fraude, mais une pédagogie du temps long. Et l’État qui s’y refuse trahit la maxime lex iniusta non est lex : une loi injuste n’est plus une loi.
En vérité, si Laurent Saint-Cyr avait du respect pour les Haïtiens, il aurait attendu que les avions puissent atterrir à Port-au-Prince avant de parler d’avenir. Il aurait foulé le sol poussiéreux de Delmas plutôt que les tapis climatisés de Miami. Fiat veritas, pereat hypocrisis : que la vérité se fasse, et que l’hypocrisie périsse. Car nul pouvoir, fût-il de transition, ne dure plus longtemps que le silence du peuple qu’il prétend représenter.
cba
