Léogâne, 7 octobre 2025 – (Rezo Nòdwès)
La tension est montée d’un cran lundi matin à Léogâne, où plusieurs centaines d’habitants ont pris d’assaut les rues pour empêcher le transfert vers Port-au-Prince du seul véhicule blindé dont dispose la Police nationale (PNH) dans la zone.
Selon les témoins joints sur place, la population, brandissant des pancartes et des branches d’arbres, a bloqué les principales artères de la ville, déclarant qu’il n’était « pas question de laisser partir le blindé » qui, selon eux, a permis de contenir l’avancée des gangs armés (en mission) dans plusieurs quartiers périphériques. « C’est ce véhicule qui nous protège des attaques des 103 Zombis », a déclaré un habitant, faisant référence à un groupe armé terroriste actif dans la région métropolitaine.
Ce mouvement de protestation survient alors que le Premier ministre de facto, Alix Fils-Aimé, accompagné du conseiller Leslie Voltaire, – tous deux membres d’un gouvernement de doublure – saluait publiquement le recrutement d’un nouveau contingent d’élèves-policiers censés, selon eux, « renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire ». Une annonce accueillie avec ironie par plusieurs observateurs, qui y voient une contradiction flagrante entre les discours officiels et la réalité sécuritaire du pays.
En parallèle, des sources diplomatiques évoquent l’entrée sur le territoire de plus de 5 000 armes a feu au cours des derniers mois, un flux inquiétant qui alimente les doutes sur la capacité des autorités à contrôler le trafic illicite. Cette situation s’ajoute à la confusion provoquée par la mise en route d’une force multinationale « robuste » autorisée par les Nations unies, apres la Minustha, – tristement celebre – mais dont les contours opérationnels restent flous.
Entre les départs massifs de jeunes vers la Martinique et le Mexique, la circulation d’armes en hausse et la méfiance croissante envers les institutions, la scène de Léogâne fait naitre le désarroi d’une population livrée à elle-même. Les habitants affirment qu’ils « garderont le blindé » tant que la zone restera sous menace, refusant d’être, selon leurs mots, « sacrifiés pour la sécurité des maîtres de Port-au-Prince ».