2 octobre 2025
Haïti : ONU, aide oui, mais la sécurité reste l’affaire des Haïtiens selon les États Unis
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Haïti : ONU, aide oui, mais la sécurité reste l’affaire des Haïtiens selon les États Unis

À maintes reprises, l’Organisation des Nations Unies est intervenue en Haïti. Pourtant, une phrase capitale, souvent ignorée dans le discours international, mérite toute notre attention : « Il revient aux Haïtiens de travailler à l’établissement durable de la sécurité dans leur pays. »

En science politique, cette affirmation s’inscrit dans la logique de la souveraineté de l’État telle que théorisée par Jean Bodin (XVIe siècle), puis reprise dans le contrat social de Rousseau : l’État n’existe véritablement que lorsqu’il est capable d’assurer la sécurité et la protection de ses citoyens. Sans sécurité interne, l’État devient une coquille vide, dépendant éternellement de forces extérieures.

Les interventions étrangères, comme celles de la MINUSTAH, s’apparentent à des solutions conjoncturelles, voire à ce que Samuel Huntington appellerait des mesures de stabilisation temporaires. Mais selon la théorie de la construction de l’État (state-building), défendue par Charles Tilly, « la guerre fait l’État et l’État fait la guerre » : autrement dit, c’est en bâtissant ses propres forces armées et policières qu’un pays forge son autorité légitime et son avenir politique.

Si Haïti continue de déléguer sa sécurité à l’international, elle reste piégée dans ce que Frantz Fanon nommait la dépendance post-coloniale, incapable de rompre avec la logique d’assistanat et de construire une véritable autonomie politique. À chaque départ des troupes internationales, c’est le chaos qui réapparaît, faute d’institutions solides.

C’est pourquoi il est impératif pour Haïti de prendre en main sa propre sécurité, en constituant une force armée nationale de 30 à 35 000 hommes, tout en renforçant sa Police nationale. Sans cette double capacité militaire et policière, nous resterons prisonniers du sous-développement chronique que produit l’incapacité de certaines élites à se projeter vers l’avenir.

En définitive, comme le rappelle la théorie de Max Weber, l’État ne peut être reconnu que s’il détient le monopole légitime de la violence sur son territoire. Si nous confions éternellement ce monopole à des forces étrangères, nous ne faisons qu’affaiblir notre souveraineté.

Alceus Dilson , Communicologue, Juriste 

E-mail: alceusdominique@gmail.com

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