(Abuja) Plusieurs ressortissants ouest-africains expulsés des États-Unis se retrouvent abandonnés au Togo, sans papiers ni statut légal. Selon leurs témoignages et ceux de leurs avocats, ces personnes ont d’abord été envoyées par Washington au Ghana dans le cadre d’un accord bilatéral annoncé début septembre, avant d’être transférées de force et sans procédure officielle à la frontière togolaise.
Parmi eux, « Benjamin », un Nigérian, et « Emmanuel », un Libérien, tous deux titulaires d’une carte de résident permanent aux États-Unis et mariés à des citoyennes américaines. Ils affirment avoir été détenus plus de deux semaines dans un camp militaire au Ghana, sous chaleur accablante et sans accès suffisant à l’eau. Finalement, ils ont été déposés à Aflao, côté togolais, sans aucun document d’identité. « Nous vivons dans la clandestinité », confie Emmanuel.
Selon leurs avocats, certains expulsés bénéficiaient pourtant de décisions de justice leur interdisant un renvoi, en raison de risques de persécution dans leur pays d’origine. Un Gambien bisexuel a notamment été renvoyé de force et vit désormais caché.
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a exhorté le Ghana à mettre fin à ces renvois vers des pays tiers, dénonçant de possibles violations du principe de non-refoulement. Washington, de son côté, affirme poursuivre « tous les moyens légaux » pour expulser les étrangers jugés indésirables.