L’Unité Technique d’Exécution du Ministère de l’Économie et des Finances (UTE-MEF) et la PROPUBLIC SAM ont procédé à la remise officielle du site de construction du Centre de Gestion Intégrée des Déchets Solides (CGIDS) de Mouchinette à la firme CILPEN Global Business.
Financé à hauteur de 20 millions de dollars par la Banque Interaméricaine de Développement (BID), ce projet constitue l’initiative
phare du Programme de Gestion des Déchets Solides dans le Nord d’Haïti (GDSNH). Présentée comme un tournant décisif dans la lutte contre l’insalubrité, l’infrastructure est censée traiter durablement les déchets des communes de Cap-Haïtien, Quartier Morin et Limonade. La cérémonie de remise a rassemblé des représentants municipaux, du secteur privé, de la société civile et de la BID. Plusieurs responsables ont salué une « étape historique » dans la gouvernance environnementale du Grand Nord.
Les discours officiels ont insisté sur la création d’emplois verts, le renforcement de la résilience régionale et la promotion d’une économie circulaire. Le directeur exécutif de la PROPUBLIC SAM, Joaneson Lacour, a notamment qualifié le chantier d’« acte fondateur pour une nouvelle gouvernance environnementale ». Ces déclarations, porteuses d’espoir, traduisent l’ambition affichée par les autorités et les bailleurs de donner un visage moderne à la gestion des déchets dans le pays.
Cependant, derrière l’enthousiasme institutionnel, des zones d’ombre demeurent. Après deux appels d’offres internationaux, seule la firme dominicaine CILPEN a soumis une offre valide. Si son expérience en République dominicaine a été jugée rassurante, le fait qu’un acteur local n’ait pas été retenu soulève des interrogations sur la capacité des entreprises haïtiennes à s’intégrer à de tels projets. De plus, la population, principale concernée, reste pour l’instant spectatrice. Les promesses de transparence et de participation citoyenne devront être concrètement mesurées dans l’exécution et l’exploitation du chantier.
La remise du site de Mouchinette s’inscrit dans une dynamique de coopération entre secteur public, privé et partenaires internationaux. Mais la réussite de ce projet dépendra moins des discours que de la rigueur dans la construction, de l’efficacité de la gestion future et de la confiance que sauront instaurer les responsables auprès des habitants.
Au-delà de la symbolique, ce CGIDS devra prouver qu’il ne s’agit pas d’un énième projet pilote sans lendemain, mais bien d’une infrastructure durable, capable de transformer une crise environnementale chronique en opportunité de développement pour le Grand Nord.
Guyno DUVERNE
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