Aux Nations Unies, plusieurs dirigeants africains ont pris la parole d’une voix convergente pour réclamer une réforme structurelle de l’organisation internationale. Leur discours a mis l’accent sur la réforme du Conseil de sécurité, jugé anachronique et inadapté aux réalités géopolitiques actuelles.
Denis Sassou Nguesso a rappelé que l’Afrique devait être considérée comme le « continent de l’avenir ». Faustin-Archange Touadéra a insisté sur la nécessité de bâtir des « partenariats audacieux », basés sur l’inclusion et la justice sociale, affirmant que la souveraineté africaine ne pouvait plus être subordonnée à des logiques d’exploitation.
Cette revendication s’inscrit dans une lutte ancienne : l’absence de siège permanent pour l’Afrique au Conseil de sécurité. Les chefs d’État ont souligné que la marginalisation institutionnelle de 54 pays demeure une injustice historique qui entretient l’inégalité mondiale.
À la même tribune, Laurent Saint-Cyr, coordonnateur du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, a adopté un ton radicalement différent. Plutôt que de réclamer une réforme du système international, il a plaidé pour l’envoi d’une « force robuste », mandatée par le Chapitre VII de la Charte onusienne, afin de rétablir l’ordre face aux gangs.
Ces prises de parole traduisent deux orientations inverses. L’Afrique, jadis colonisée, cherche à s’affirmer comme acteur central et souverain de la gouvernance mondiale. Haïti, pourtant première nation noire indépendante dès 1804, apparaît aujourd’hui comme un État en demande d’assistance sécuritaire, incapable d’assurer seul sa stabilité.
La question reste entière pour 2026 : Haïti sera-t-il représenté par un président élu, parlant au nom du peuple et de sa souveraineté, ou par un dirigeant transitoire contraint de solliciter encore une intervention étrangère ? Le dilemme de Port-au-Prince contraste fortement avec la quête d’autonomie politique portée par l’Afrique à New York.
