Military.com – Washington plaide pour une « Gang Suppression Force » offensive, sous mandat du Chapitre VII
Le projet américain de création d’une « Gang Suppression Force » version 2.0 pour Haïti, présenté comme une force « robuste » et dotée d’un mandat offensif, gagne l’appui du président du Conseil présidentiel de transition, l’haïtien authentique Laurent Saint-Cyr, qui s’est ouvertement exprimé jeudi à la tribune des Nations Unies. Selon les déclarations du chargé d’affaires américain Henry Wooster, cette mission pourrait aligner jusqu’à 5 500 hommes et agir sous le Chapitre VII de la Charte des Nations unies, avec pour mandat explicite la neutralisation par la force létale des groupes armés qui contrôlent des pans entiers du territoire.
Les États-Unis affirment que l’urgence sécuritaire justifie une telle approche militaire. La mission kényane, encore limitée à un millier d’hommes, n’a pas réussi à inverser le rapport de force face aux gangs. Washington met en avant la nécessité de sécuriser les infrastructures vitales — aéroport, ports, axes routiers et centrales — afin de restaurer les conditions minimales de souveraineté de l’État haïtien.
Mais cette orientation militarisée soulève des réserves au sein de la communauté internationale. Other concerns surfaced during a high-level meeting on Thursday about the crisis in Haiti, hosted by the International Organization of La Francophonie and the Caribbean Community , révèle le site military.com (« D’autres préoccupations ont émergé lors d’une réunion de haut niveau jeudi sur la crise en Haïti, organisée par l’Organisation internationale de la Francophonie et la Communauté caribéenne »). Plusieurs délégations, dont celle de l’Union européenne, ont rappelé que la Police nationale d’Haïti devait rester au centre du dispositif pour garantir la crédibilité et la durabilité de l’opération, et qu’un mécanisme rigoureux de reddition de comptes était indispensable.
Les experts en sécurité soulignent par ailleurs le danger lié au vocabulaire employé. Qualifier les gangs d’« insurgés » pourrait avoir des implications juridiques majeures, en les assimilant à des acteurs d’un conflit armé interne soumis au droit international humanitaire. Or, comme l’a rappelé l’analyste Romain Le Cour Grandmaison, ces groupes n’ont pas pour objectif de renverser l’État, mais d’en négocier une position avantageuse au sein du système. Une stratégie efficace, selon lui, doit combiner l’approche militaire avec un volet judiciaire immédiat, afin de briser les réseaux de soutien aux gangs.
La résolution encadrant la nouvelle force, co-parrainée par les États-Unis et le Panama, pourrait être soumise au Conseil de sécurité dans les prochains jours. Washington insiste sur le fait que le financement passera cette fois par les contributions obligatoires et volontaires des États membres de l’ONU, et non plus seulement par les ressources américaines.
source: Proposed ‘Gang Suppression Force’ for Haiti to Be Larger, More Lethal, US Says | Military.com