17 novembre 2025
Comédie en trois actes : “Caviar et Force Robuste”
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Comédie en trois actes : “Caviar et Force Robuste”

A New York, Laurent Saint-Cyr parade avec une délégation pléthorique, tandis qu’en Haïti la faim et la violence des gangs redoublent. Au téléphone, quelque part en Floride, à l’abri de toute poursuite pour détournement présumé de fonds Petro Caribe (rapport officiel) et pour avoir armé des gangs terroristes (rapport ONU), Michel Martelly, entre deux crustacés, lui tend un miroir : celui d’une classe dirigeante déconnectée, obsédée par les privilèges et indifférente aux charniers.

Personnages :

  • Michel Martelly, ancien président devenu troubadour du caviar.
  • Laurent Saint-Cyr, président sans pays, chef de délégation à New York.
  • Le Narrateur, témoin ironique.

Acte I – Les confidences

(Martelly, sous une paillotte, les doigts couverts de chair de crabe. Il parle au téléphone, la bouche pleine.)

Martelly : Allô Laurent, comment vas-tu ?

Saint-Cyr (au téléphone, entouré de dossiers et de porteurs de mallettes) :
Michel, je vais bien. Je suis à New York, à la tête d’une glorieuse délégation de 24 personnes incluant l’inutile Super Mario.

Martelly (avec un sourire gras, aparté au public) :
Je le savais déjà. J’ai tout réglé, jusqu’à la venue de son épouse… Voilà un pouvoir qui s’achète comme une paire de sandales.

Acte II – Les illusions

(Saint-Cyr s’avance, face au public, en brandissant des papiers comme des trophées.)

Saint-Cyr :
Mon ministre, jadis ton serviteur, a fait le nécessaire. Ici, je multiplie les photos, je réclame une “force robuste”, je signe des communiqués. Et ma femme, elle, conquiert Manhattan par le shopping.

Martelly (riant bruyamment) :
Toi tu réclames, moi je chante. Le peuple ? Il rêve d’élections. Moi ? Je rêve de champagne. L’essentiel est de nourrir leurs illusions, comme on gave une oie.

Narrateur (sarcastique) :
Ainsi va la République : l’un vend du rêve, l’autre vend des selfies. Entre deux, la misère fait silence.

Acte III – Le cynisme

(Saint-Cyr baisse soudain la voix, inquiet.)

Saint-Cyr :
Michel, attention aux images. À Cité-Soleil, les drones kamikazes déchirent des enfants. Tes photos de festins nuisent à mon… gouvernement.

Martelly (ricane, puis se tourne vers le public) :
Gouvernement ? De quel pays ? De quel trône ? Moi, je marche pieds nus sur le sable, je mange du caviar, et le peuple, lui, mange ses illusions.

Saint-Cyr (avec une gravité de comédie) :
Nous sommes neuf présidents pour un seul cadavre d’État. Finissons vite, avant que cette conversation ne devienne pièce à conviction.

Narrateur (concluant, avec un haussement d’épaule) :
La farce est écrite comme une comédie. Mais le décor, lui, demeure tragique : cinq millions d’Haïtiens menacés par la faim, une capitale livrée aux drones et aux gangs, et des dirigeants qui s’inventent présidents à l’étranger. Le rideau tombe, les applaudissements manquent.

Rezo Nòdwès

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