25 septembre 2025
La folie du vote de la diaspora face à la fiction électorale en Haïti
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La folie du vote de la diaspora face à la fiction électorale en Haïti

Banquets à l’étranger, cadavres à domicile : deux récits s’affrontent. Le pouvoir vante un futur démocratique que les faits démentent.

Le séjour de Laurent Saint-Cyr à New York a été marqué en tout premier lieu par une réception consulaire mise en scène ad pompam pour un membre d’un Conseil présidentiel de transition ex nihilo, sans mandat populaire ni base constitutionnelle. Dans les salons climatisés, on parle de référendum et de vote de la diaspora comme si la République vivait dans la normalité institutionnelle. Pendant ce temps, à Port-au-Prince, les quartiers populaires ploient sous la violence, et à Cité-Soleil, des enfants périssent sous des frappes de drones kamikazes. Deux univers qui ne communiquent pas : l’un théâtral, l’autre funèbre.

Le discours servi à l’étranger repose sur une fiction : prétendre qu’Haïti est en mesure d’organiser une consultation impliquant sa diaspora. Or, la ratio legis même d’un tel projet s’effondre devant les carences les plus élémentaires. Les doublons massifs dans le registre électoral, les cartes falsifiées, l’absence de sécurité publique et la défiance généralisée envers l’Office national d’identification suffiraient à invalider toute prétention à la sincérité du scrutin. La Commission de Venise, consultée par ce même pouvoir, a affirmé in claris que les conditions n’existent pas. Malgré cela, on entretient une illusion. Quel cynisme !

La diaspora, pourtant, n’a cessé d’assumer un rôle vital dans l’économie nationale. Ses transferts constituent la première source de devises, son travail quotidien garantit la survie de familles entières. Mais au lieu de bâtir une architecture électorale digne de confiance, le pouvoir préfère manipuler cette ressource humaine en brandissant une promesse irréalisable. Une telle démarche, loin d’être un hommage, est une exploitation. Elle réduit le mérite de ceux qui vivent de leur labeur à l’étranger en simple levier de propagande.

Cette duplicité s’inscrit dans une longue chaîne. Depuis 1806, les urnes haïtiennes n’ont presque jamais traduit la souveraineté populaire. L’unique expérience brisée de 1991 l’a montré : vox populi peut être étouffée par la force. Le 22 septembre1957 déjà, les élections devinrent le masque de la violence institutionnalisée. Aujourd’hui, l’histoire se répète sous une autre forme : un Conseil présidentiel de transition gangrené par des accusations de malversations prétend incarner l’avenir démocratique. Tant que l’État demeure incapable de garantir pax publica et de protéger ses enfants, toute évocation du vote de la diaspora n’est qu’un pia fraus, une tromperie pieuse. Les banquets consulaires se dissiperont, mais les morts de Cité-Soleil resteront comme un memento mori pour rappeler l’imposture.

cba

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