Boston, 17 septembre 2025 (Rezo Nòdwès) –
ONU – Pour Dr Josué Renaud, Laurent Saint-Cyr aurait dû céder la tribune à l’ambassadeur d’Haïti, car même le ministre des Affaires étrangères, « étranger aux affaires haïtiennes », n’est pas habilité à parler au nom du pays sur la scène internationale, explique-t-il.
Dr Josué Renaud, directeur exécutif de New England Human Rights Organization (NEHRO), remet en cause la pertinence de l’éventuelle participation, de Laurent Saint-Cyr, coordonnateur du Conseil présidentiel de transition (CPT), ex-nihillo, à la 80e Assemblée générale des Nations Unies prévue la semaine prochaine à New York.
Selon lui, la présence de M. Saint-Cyr à New York, qui avait évoqué une réforme de la diplomatie haïtienne le 7 août dernier, constitue un « déplacement inutile » qui « ne rapportera rien à Haïti » en ces temps de crise et de vaches maigres, si ce n’est la perception d’une délégation en quête de perdiems.
« L’ambassadeur d’Haïti auprès de l’ONU aurait pu suffire pour porter un message officiel », affirme Dr Renaud. Mais encore faudrait-il qu’il y ait un véritable message à livrer. « Que dire sinon des promesses creuses – nous ferons ceci, nous ferons cela – alors que la République va à reculons ? » ajoute-t-il avec amertume.
Le directeur exécutif de NEHRO rappelle que le massacre de Cabaret, où plus de cinquante personnes ont été tuées, a été condamné d’abord par la communauté internationale avant même que les autorités haïtiennes ne s’expriment. Laurent Saint-Cyr et son Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, n’ont réagi publiquement qu’après quatre jours de silence. Pour Dr Renaud, ce délai illustre l’incapacité du CPT à faire face à la gravité de la crise.
Le directeur de la NEHRO insiste également sur l’échec du Conseil présidentiel à organiser des élections crédibles. Il rejette le projet de référendum annoncé, le qualifiant « d’inconstitutionnel et prohibé par la Constitution de 1987 ». À ses yeux, Laurent Saint-Cyr devrait se retirer du pouvoir, faute d’avoir rempli le mandat de transition qui lui avait été confié.
« Haïti est paralysée, rien ne fonctionne, sauf les gangs bénis par le gouvernement », poursuit Dr Renaud. Il évoque notamment un cortège armé ayant traversé le sud de Port-au-Prince pour rejoindre d’autres bandes criminelles, dans l’indifférence de la Primature, malgré la possession de drones dits kamikazes. Pour lui, cette inertie relate le désarroi de l’État face à l’extension territoriale des groupes armés terroristes.
La participation de Laurent Saint-Cyr à la tribune des Nations Unies ne changera donc rien à l’image d’un pouvoir impuissant, contesté et accusé de « connivence avec les gangs« . « Haïti traverse une nuit obscure où les autorités se montrent incapables de répondre à l’urgence nationale », conclut Dr Renaud.
Les lecteurs sont invités à écouter quelques extraits de l’entretien accordé par Dr Josué Renaud à Rezo Nòdwès, reproduits ci-dessous.
propos recueillis par cba

audio