Une cinquantaine de jeunes filles enrôlées dans les gangs armés, la LHDDH alerte sur un phénomène inquiétant
Ligue haïtienne de défense des droits humains (LHDDH) alerte sur l’intégration des jeunes filles dans des groupes armés
Contexte général du rapport d’enquête
La Ligue Haïtienne de Défense des Droits Humains (LHDDH) suit avec une extrême vigilance l’évolution alarmante de la situation sécuritaire en Haïti, marquée notamment par une intégration croissante et inquiétante de jeunes filles dans les groupes armés, en particulier au sein de la coalition criminelle autoproclamée « Viv Ansanm ».
Alors que les violences liées aux gangs continuent de se propager sur l’ensemble du territoire national, de nouvelles dynamiques apparaissent, révélant une transformation structurelle des modes de recrutement et d’organisation de ces groupes.
Constat alarmant : féminisation des groupes armés
Historiquement, les femmes étaient peu visibles dans les structures de gangs. Par exemple, en 2004, la présence féminine se limitait principalement à des fonctions logistiques, comme la préparation de repas dans des zones de non-droit telles que Cité Soleil. Aujourd’hui, cette réalité a profondément changé.
Selon les premières données recueillies par la LHDDH dans le cadre de son enquête de terrain, les jeunes filles âgées de 17 à 30 ans sont massivement recrutées et intégrées dans des groupes armés. Leur rôle dépasse désormais les simples tâches de soutien elles participent activement aux opérations, sécurisent les bases, et parfois même sont directement impliquées dans des actes de violence armée, y compris des homicides de policiers, comme l’avait avoué récemment une jeune dans « Allo Lapolis ».
Cas emblématique : la base du gang « Ti Lapli » à Grand-Ravine (Martissant)
Lors de notre enquête dans la zone de Grand-Ravine, quartier réputé pour être sous le contrôle du chef de gang Kaporal Ti Lapli, la LHDDH a documenté l’existence d’un groupe structuré de femmes armées, dénommé « Team Ascenseur ».
Ce groupe recrute plus d’une vingtaine de jeunes femmes, qui assurent la sécurité intérieure de la cour du chef de gang. Certaines d’entre elles sont positionnées à l’étage, en hauteur, prêtes à riposter à toute tentative d’incursion policière. Selon plusieurs sources, le nom « Ascenseur » serait attribué, à un esprit maléfique que le chef Ti Lapli aurait servi.
Conclusion
Ce rapport constitue la première phase de l’enquête menée par la LHDDH sur l’intégration des jeunes filles dans des groupes criminels armés en Haïti. Le phénomène documenté est profondément alarmant, tant par son ampleur que par ses implications sécuritaires, sociales et humaines.
Si aucune mesure concrète n’est prise dans les plus brefs délais, c’est une génération entière de jeunes filles que la société haïtienne risque de perdre aux griffes de la criminalité organisée.
La LHDDH reste mobilisée et poursuivra ses investigations sur tout le territoire national afin de documenter davantage ce phénomène et d’alerter l’opinion publique ainsi que les autorités concernées.
Jemps Méralus, directeur exécutif de la LHDDH
Port-au-Prince, septembre 2025