Éviter la prochaine crise : Recommandations pour une voie à suivre menée par les Haïtiens
«Haïti se trouve actuellement en dehors de l’ordre constitutionnel et institutionnel. La mission du gouvernement actuel prendra fin en février 2026, et il n’existe aucun mécanisme pour remplacer le Conseil présidentiel de transition (CPT). Si nous ne nous préparons pas dès maintenant, Haïti sera confrontée à une nouvelle crise politique profonde», lit-on dans le document officiel de la rencontre tenue jeudi 12 septembre à New-York.
«Il faut être clair : gouvernance et sécurité sont indissociables. Une approche axée uniquement sur la sécurité s’est déjà avérée insuffisante. Sans s’attaquer aux problèmes de gouvernance, de responsabilisation et de corruption, la sécurité restera inaccessible. De même, la réforme constitutionnelle et les élections ne peuvent être organisées de manière crédible cette année et ne sont pas envisageables dans les conditions actuelles», résument la position commune des participants à la rencontre.
La prochaine phase doit être menée et prise en charge par les Haïtiens, les Haïtiens d’Haïti et de la diaspora restant au cœur des décisions, en étroite collaboration avec les partenaires et les parties prenantes internationales. Toute voie à suivre perçue comme imposée manquera de légitimité et risque d’exacerber l’instabilité.
En termes de recommandations
Ces recommandations visent à prévenir une nouvelle crise en février 2026 et à créer les conditions d’une transition crédible et légitime.
Alors que le mandat du gouvernement actuel arrive à son terme, un processus délibéré doit être mis en place pour définir la prochaine phase de la gouvernance d’Haïti. Ce processus devrait être facilité par un dialogue incluant les acteurs de la société civile haïtienne, les membres de la diaspora et les acteurs internationaux. Son objectif devrait être de mettre en place un mécanisme de transition crédible, efficace, représentatif et légitime aux yeux du peuple haïtien.
Les recommandations sont les suivantes :
* Évaluation : Une évaluation claire de la mission à ce jour, afin de déterminer ce qui a été accompli et ce qui reste à faire.
* Structure de direction efficace : Tout futur dispositif de transition devrait être simplifié, avec moins de dirigeants et d’acteurs, afin d’améliorer la prise de décision et l’efficacité.
* Feuille de route pour la transition : Le processus doit aboutir à une feuille de route qui réponde aux trois priorités essentielles : la sécurité, la réforme constitutionnelle et les élections.
* Crédibilité et légitimité : Le leadership doit être largement perçu comme crédible, objectif et légitime, tant en Haïti que par la communauté internationale.
* Appropriation haïtienne : Avant tout, le résultat doit être perçu comme une solution haïtienne, les acteurs internationaux jouant un rôle de soutien plutôt que d’imposition.
La mission confiée au gouvernement actuel, notamment la sécurisation du pays, la promotion de la réforme constitutionnelle et la préparation d’élections crédibles, reste insaisissable. Haïti ne peut se permettre de se laisser porter par la crise de février 2026 sans plan. En agissant dès maintenant, dans le cadre d’un processus mené par les Haïtiens et élaboré en collaboration avec des partenaires internationaux, nous pouvons éviter un nouveau cycle de crise et jeter les bases de la sécurité, de la réforme constitutionnelle et de futures élections lorsque les conditions le permettront.
Il importe de souligner la présence de plusieurs personnalités et acteurs haïtiens dont Loune Viaud (Partners in Health/Zanmi Lasante), JP Michel (Sante Nou Health), Ariel Dominique (Haitian American Foundation for Democracy), Dana Francois (WK Kellogg Foundation), Jean Marc deMatteis (Hôpital Albert Schweitzer), Dr. Maxi Raymonville, ( Zanmi Lasante), Pierre Espérance (RNDDH) et Dr. Wesler Lambert (Zanmi Lasante)
Herve Noël