10 septembre 2025
Haïti | Des anciens Premiers ministres Tèt Kale (FAPM), dont Lamothe, Evans Paul et Lapin, alertent sur le 7 février 2026
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Haïti | Des anciens Premiers ministres Tèt Kale (FAPM), dont Lamothe, Evans Paul et Lapin, alertent sur le 7 février 2026

Le Forum des Anciens Premiers Ministres d’Haïti (FAPM), composé notamment d’ex-chefs de gouvernement issus des années Tèt Kale, vient d’alerter sur une « catastrophe politique » à l’approche du 7 février 2026. Dans une déclaration solennelle adressée au Conseil présidentiel de transition (CPT), ils appellent à une assise nationale inclusive et à un sursaut de responsabilité.

Si l’appel paraît légitime en apparence, il met en lumière une contradiction patente. Ces ex-Premiers ministres — dont plusieurs n’ont même pas été désignés conformément aux prescriptions de la Constitution — se présentent aujourd’hui comme défenseurs de l’ordre institutionnel, tout en ayant prôné, à d’autres moments, l’élimination de la Charte fondamentale par voie référendaire, démarche qu’ils jugent paradoxalement inopportune dans la conjoncture actuelle.

Ces mêmes dirigeants, qui dénoncent désormais le vide institutionnel imminent, ont largement contribué à l’enlisement de la crise depuis l’accession de Michel Martelly au pouvoir, période marquée par des accusations de connivence avec les gangs et par l’affaiblissement des institutions républicaines. Aucun d’eux ne s’est véritablement engagé dans un processus de reddition de comptes pour les fautes de gestion, les scandales de corruption et l’érosion de la confiance citoyenne qui jalonnent leur passage au pouvoir.

Leur appel à la « lucidité » résonne dès lors comme une tentative de réhabilitation politique plus que comme une véritable démarche de responsabilité. En s’érigeant en donneurs de leçons, ils s’exonèrent du rôle qu’ils ont joué dans la déstructuration de l’État, alors même qu’ils n’ont pas su — ou pas voulu — rompre avec les logiques clientélistes et la dépendance vis-à-vis des puissances extérieures.

Plus que la préparation d’une transition crédible, l’approche de février 2026 met en cause la légitimité même de ces acteurs qui se présentent comme recours, malgré la trace ineffaçable laissée par leur responsabilité dans l’échec collectif.

FORUM DES ANCIENS PREMIERS MINISTRES D’HAÏTI (FAPM)

Déclaration à l’intention du Conseil Présidentiel de Transition (CPT)
“Anticiper l’éventuelle catastrophe politique du 7 février 2026”

Le Forum des Anciens Premiers Ministres d’Haïti (FAPM), conscient de la gravité de la situation nationale et soucieux d’assumer ses responsabilités historiques, estime nécessaire d’adresser publiquement au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), en place depuis dix-sept (17) mois, un appel pressant à la lucidité et à l’anticipation.

1. Le constat

Le mandat du CPT, tel que façonné par les accords et par les articles 6 et 6.1 du décret du 23 mai 2024 qui l’ont institué, prévoyait l’organisation d’un référendum constitutionnel et d’élections générales.
Il est désormais évident que ni l’un ni l’autre ne pourra être réalisé avant l’échéance butoir du 7 février 2026.

À cette date, le pays risque de basculer dans une impasse politique majeure, marquée par un vide institutionnel sans autorités dotées d’une légitimité minimale.

Cette menace survient dans un contexte déjà dramatique :

  • Une incertitude déconcertante ;
  • Un chaos sécuritaire qui dévaste les familles et paralyse les activités ;
  • Une instabilité politique chronique qui bloque tout progrès ;
  • Une asphyxie économique et sociale plongeant la majorité des citoyens dans la précarité ou même dans la ruine totale ;
  • Une détérioration environnementale aggravant les vulnérabilités du pays.

À cela s’ajoute l’arrêt sine die du transport international direct des passagers, renforçant l’isolement de Port-au-Prince, la capitale, depuis plus de quinze mois, conséquence de la décision des autorités américaines de suspendre le trafic aérien à la suite d’une attaque de bandits armés contre des vols commerciaux.

Dans le même ordre d’idées, la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes avec la République Dominicaine complète le sentiment d’asphyxie, déjà accentué par la cessation de services consulaires de nombreux pays.

2. La proposition

En application de l’article 136 de la Constitution, le Forum des Anciens Premiers Ministres d’Haïti propose au CPT, la convocation urgente d’une assise nationale inclusive, rassemblant les forces vives de la Nation, entre autres :

  • Les forces politiques représentatives ;
  • Les églises et confessions religieuses ;
  • Le secteur des affaires et de la production ;
  • Le secteur des jeunes et celui des femmes ;
  • La société civile organisée dans sa diversité ;
  • Les structures organisées de la Diaspora ;
  • Les associations paysannes représentatives.

Cette rencontre devra déboucher sur l’adoption d’un agenda réaliste des Haïtiens pour Haïti, prenant en compte les résolutions pertinentes de l’Organisation des États Américains (OEA) et les efforts des Nations Unies, mais en plaçant au centre la volonté souveraine du peuple haïtien.

L’objectif est clair : engager un processus rationnel et consensuel pour assurer la gouvernance politique au-delà du 7 février 2026, orienté vers la restauration de la sécurité, l’organisation des élections, la stabilité institutionnelle, la prospérité économique et l’amélioration des conditions de vie du peuple haïtien.

3. Le rappel de responsabilité

Il est fondamental de rappeler que l’avenir d’Haïti concerne d’abord et avant tout les Haïtiens. Nous devons assumer pleinement nos responsabilités, dépasser les logiques de dépendance et tirer les leçons des maladresses de certaines décisions internationales dont les nombreuses missions de maintien de la paix, menées depuis plus de trente ans, qui n’ont pas inversé la spirale de la détérioration.

Il ne s’agit plus de produire des textes interminables ou des accords sans lendemain, mais de donner enfin au pays une direction claire et rationnelle, fondée sur des mesures réalistes, sur la cohérence, la cohésion, la convenance et l’efficacité.

4. L’appel au sursaut national

Le FAPM lance un appel à la prise de conscience et de responsabilité nationale. Un élan patriotique de mobilisation citoyenne s’impose pour :

  • Établir un climat de confiance ;
  • Restaurer la sécurité ;
  • Stabiliser l’économie ;
  • Renforcer l’assistance sociale et protéger les plus vulnérables, dans une dynamique de solidarité, de discipline collective et de vision commune.

Conclusion

L’après-7 février 2026 doit être déterminé et clarifié sans délai. Cette date ne saurait être une nouvelle occasion manquée, encore moins une nouvelle étape dans la déchéance et l’anarchie.

Il est temps pour le CPT de lancer officiellement et publiquement une grande consultation nationale afin que, dès la fin de son mandat, le peuple haïtien et ses partenaires internationaux disposent d’une vision claire des solutions retenues pour assurer une gouvernance politique en phase avec les aspirations de la majorité.

Port-au-Prince, le mardi 9 septembre 2025

Pour le FAPM
Ancien Premier ministre Evans PAUL
Président

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