18 novembre 2025
Diaspora haïtienne : le défilé de Labor Day tourne la page Martelly sur Eastern Parkway à New York, le 1er septembre 2025
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Diaspora haïtienne : le défilé de Labor Day tourne la page Martelly sur Eastern Parkway à New York, le 1er septembre 2025

Entre 2018 et 2019, puis à nouveau en 2024, la diaspora haïtienne avait multiplié manifestations et pancartes, dénonçant l’implication présumée de Martelly dans les détournements du fonds PetroCaribe et ses accointances avec les réseaux mafieux de Port-au-Prince. Eastern Parkway était alors devenu un tribunal symbolique, où la musique konpa côtoyait l’exigence de justice.

La parade du Labor Day sur Eastern Parkway n’avait, à l’origine, rien de politique pour la communauté haïtienne. Héritée du carnaval de Trinidad et implantée à Brooklyn dès les années 1940, cette grande fête caribéenne se voulait d’abord un espace de musique, de danse et de célébration identitaire. Les Haïtiens y firent leur entrée dans les années 1970 et 1980, souvent relégués à la périphérie des imposants chars jamaïcains ou trinidadiens, mais fiers de porter leur drapeau et leur culture au cœur de la diaspora.

Ce qui relevait de la simple affirmation culturelle allait pourtant se transformer, au fil des décennies, en arène politique.Michel Martelly incarne avec force cette transformation. Connu comme chanteur provocateur – capable de se dénuder en scène et d’user d’un langage obscène – avant de devenir chef d’État à travers des élections trucquées, Martelly se présente sur Eastern Parkway avec sa musique festive. Mais la diaspora, refusant d’oublier le bilan de son passage au pouvoir, le gratifie d’un autre visage : celui du président soupçonné d’avoir contribué aux détournements massifs du fonds PetroCaribe.

Il en résulte un tableau d’une rare originalité : sur le même asphalte, on danse encore sur les rythmes de « Sweet Micky », tandis qu’à quelques mètres, des pancartes exigent justice et reddition de comptes. Eastern Parkway cesse d’être une simple avenue de parade ; elle se transforme en tribunal populaire où la diaspora, entre ironie carnavalesque et gravité politique, rejoue les drames d’Haïti.

L’étonnant réside dans ce double registre : le carnaval, par essence transgressif, devient aussi procès. L’espace de la fête se mue en théâtre de satire et de dénonciation, révélant une diaspora pour qui l’exil ne signifie pas l’oubli, mais au contraire la persistance d’une mémoire politique.

L’ironie de l’histoire est que Martelly ne peut désormais plus remettre les pieds sur Eastern Parkway. Tout au moins, il n’y est plus autorisé, son nom étant cité dans un rapport de l’ONU parmi ceux considérés comme proches des parrains de gangs terroristes en Haïti, responsables de la débâcle sécuritaire. Martelly reste loin d’être une page tournée : son ombre plane encore avec un régime pseudo-PHTK occupant le Palais national et la Villa d’Accueil, davantage soucieux de la perpétuation de ses intérêts que de l’avenir du peuple haïtien.

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