Par Ralf Dieudonné JN MARY
On ne devrait accepter une charge nationale que si l’on est prêt à vivre et à bâtir avec son peuple, non pas à distance mais au cœur de sa réalité.
En effet….
Il y a, dans l’histoire des nations, des moments où les décisions ne se prennent pas seulement avec l’esprit mais avec toute la conscience. Haïti traverse depuis trop longtemps ces instants décisifs où chaque choix d’un responsable public peut peser lourd, non seulement sur la vie de millions de citoyens, mais aussi sur l’âme même du pays. C’est pourquoi, avant d’accepter une charge nationale, il serait sage de se poser six questions essentielles. Non pas pour décourager, mais pour s’assurer que le pas que l’on s’apprête à franchir soit solide et porteur de bien.
1. Ai-je fait le choix de Haïti pour ma famille ? Trop souvent, nous servons un pays où nos enfants ne grandissent pas. Nous travaillons à bâtir un avenir que nos proches ne partagent pas au quotidien. Et si notre famille vit à l’abri, loin des difficultés, comment garder vivante la motivation à améliorer la vie de ceux qui, eux, n’ont pas cette protection ? Un pays se relève mieux lorsque ceux qui le dirigent partagent ses réalités, ses risques et ses espoirs.
2. Pourrai-je un jour circuler sans garde du corps ? La confiance d’une nation ne s’achète pas, elle se mérite. Quand on gouverne avec justice et compassion, on devient comme ce père de famille qui marche dans son quartier, salué non par crainte mais par affection. Servir devrait signifier que, même après un mandat, on puisse se déplacer avec la sérénité de celui qui a donné le meilleur de lui-même.
3. L’école que je rêve pour mes enfants existe-t-elle en Haïti ? Si la réponse est non, pourquoi ne pas œuvrer pour qu’elle existe ? L’éducation est l’un des socles d’une nation libre et prospère. Refuser à ses propres enfants l’éducation locale revient, sans toujours s’en rendre compte, à dire que notre pays n’est pas digne d’eux. Or, changer cela n’est pas une utopie : c’est un devoir qui commence par une volonté ferme au sommet.
4. Suis-je prêt à m’assurer qu’il y ait au moins un hôpital bien équipé, capable de traiter toute urgence ? Même un seul, mais irréprochable. Car un pays qui ne peut soigner ses blessés et ses malades est un pays qui abandonne ses forces vives. Servir, c’est aussi créer les conditions pour que la vie, même fragile, ait toujours une chance.
5. Comment expliquerai-je à mes enfants, ou à mes proches, ce que j’ai accompli dans ma charge ? Et si des critiques circulent sur moi, saurais-je garder la tête haute en sachant que j’ai agi avec droiture ? Comment vais-je expliquer à mes enfants que tout ce qu’on raconte sur moi est faux, en sachant pertinemment que je suis coupable ? La vraie force d’un responsable réside dans la paix qu’il conserve devant ceux qui connaissent le mieux son histoire. Sa famille. Gouverner, c’est protéger son nom autant que son pays.
6. Au lieu de craindre de perdre un poste, suis-je prêt à agir avec droiture pour que ce soit le peuple lui-même qui souhaite que je reste ? Car le véritable mandat ne vient pas seulement d’un document officiel, mais du cœur de ceux qui, jour après jour, constatent les fruits de notre engagement.
Se poser ces questions, c’est accepter de marcher sur un chemin exigeant mais lumineux. C’est comprendre qu’un pays ne se redresse pas seulement par des lois ou des budgets, mais par l’exemple de ceux qui le dirigent. Et qu’au bout du compte, la plus grande victoire d’un responsable national n’est pas d’avoir occupé un poste, mais d’avoir été, sans détour, un serviteur de son peuple.
Ralf Dieudonné JN MARY
Ralf Dieudonné est amoureux des humains. Je suis quelqu’un qui aime aider les. J’aime les aider à s’accomplir et à faire ce qu’ils souhaitent en le réussissant.