par Daniel Alouidor
Neuf mois déjà que le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé nous offre, du haut de la Primature, le feuilleton le plus coûteux de l’histoire récente : “Tolérance zéro”, saison 1, sous-titrée “Nous réaffirmons notre autorité”.
Une série riche en points de presse emphatiques, en promesses gonflées à l’hélium, et en scènes d’action dignes de séries B, avec en vedette… les fameux drones kamikazes censés terroriser les bandits. Résultat ? Les gangs ne se sont jamais autant étendus. Les drones, eux, ont surtout prouvé qu’ils pouvaient rater leur cible avec une constance admirable.
Dans l’épisode du mois dernier, le chef du gouvernement s’est fendu d’une querelle ouverte avec l’ex-directeur a.i. de la PNH, Rameau Normil, digne d’un soap opera en prime time : répliques sèches, regards noirs, et, en arrière-plan, un pays où la carte des zones “sous contrôle” ressemble de plus en plus à une tache d’encre incontrôlable.
Et que dire de l’affaire TPS aux États-Unis ? Fausse annonce, vrai cafouillage : l’art de créer de l’espoir avant de l’écraser avec un communiqué officiel. Pendant ce temps, les “réunions stratégiques” se succèdent à un rythme stakhanoviste : matin, midi, soir…
On imagine volontiers un agenda gouvernemental où “Action concrète” a été remplacé par “Réunion suivante”.
Neuf mois de gestation, donc. Neuf mois à promettre, à renouveler la promesse, puis à promettre à nouveau. On appelle ça de la persévérance ; d’autres, moins polis, parleront d’obstination dans l’inaction. La montagne a accouché d’une souris, dit le proverbe. En Haïti, elle n’a même pas accouché d’une queue de souris …
Mais, rassurez-vous : elle est déjà enceinte d’un nouveau plan stratégique.
Daniel Alouidor

