27 décembre 2025
Cuba en crise : la pauvreté devient visible dans les rues de La Havane
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Cuba en crise : la pauvreté devient visible dans les rues de La Havane

Dans les rues de La Havane, les signes de pauvreté deviennent de plus en plus visibles. Les mendiants se multiplient, les gens fouillent les poubelles à la recherche de nourriture, et certains dorment à même le trottoir. Ces scènes, autrefois rares ou soigneusement cachées, s’imposent désormais au regard de tous, témoignant d’une crise sociale que les autorités peinent à contenir.

Depuis l’effondrement de sa maison, William Abel, 62 ans, vit dans la rue et se nourrit des restes trouvés dans les poubelles. « Ça fait deux ans que je fais ça pour survivre », dit-il. Malgré son arthrite, son hypertension et un problème hépatique, il n’a pas d’autre choix.

La crise économique que traverse Cuba depuis quatre ans n’a cessé de s’aggraver. Inflation galopante — +470 % sur les denrées alimentaires entre 2018 et 2023 —, échec de la réforme monétaire, effondrement des revenus en devises et durcissement de l’embargo américain : autant de facteurs qui ont mis à genoux un système déjà fragilisé.

Longtemps vitrine du socialisme égalitaire, avec un système de santé gratuit et des aides alimentaires subventionnées, le pays ne parvient plus à assurer ces services à toute sa population. Et si les autorités continuent de parler de « vulnérables » plutôt que de pauvres, la réalité dans les rues de la capitale est de plus en plus difficile à nier.

La récente démission de la ministre du Travail, Marta Elena Feitó, après avoir affirmé qu’il n’y avait pas de mendiants à Cuba, a illustré le décalage entre le discours officiel et la situation vécue. Son remplacement rapide a été suivi d’une déclaration du président Miguel Díaz-Canel, qui a reconnu que ces situations reflétaient désormais « les inégalités sociales ».

Faute de statistiques officielles, certains experts avancent leurs propres estimations. Pour la sociologue Mayra Espina Prieto, entre 40 et 45 % de la population cubaine vivrait aujourd’hui en situation de pauvreté. Selon l’UNICEF, 9 % des enfants cubains souffrent d’insécurité alimentaire.

Dans les rues de La Havane, des mendiants côtoient désormais des hôtels de luxe flambant neufs. Pour beaucoup de Cubains, ces images illustrent l’ampleur du fossé qui s’est creusé entre un pouvoir qui continue d’investir dans le tourisme et une population en détresse croissante.

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