Une sous-commission de la Chambre des représentants des États-Unis a voté mercredi en faveur de l’émission d’une assignation à comparaître visant le ministère de la Justice, dans l’objectif d’obtenir la publication de documents liés à l’enquête sur Jeffrey Epstein, décédé en 2019 dans une prison fédérale alors qu’il attendait son procès pour trafic sexuel de mineures.
La résolution a été adoptée par 8 voix contre 2, grâce au soutien inattendu de trois républicains qui ont voté aux côtés des démocrates. Cette initiative marque un tournant dans la gestion du dossier Epstein par le Congrès, longtemps accusé d’inaction sur le sujet.
Le vote est intervenu quelques heures avant le départ anticipé de la Chambre pour la pause estivale, après que le président de la Chambre, Mike Johnson, a annoncé une fin de session avancée. Cette décision a été vivement critiquée par les élus démocrates, qui l’interprètent comme une tentative d’éviter un vote embarrassant pour la majorité républicaine, divisée sur la question.
La pression politique s’est intensifiée cette semaine à Washington, alors que plusieurs démocrates ont saisi l’occasion de relancer le débat sur la transparence autour de l’affaire Epstein et ses ramifications potentielles dans les milieux du pouvoir et de la finance. « Si le Congrès refuse de se saisir de cette affaire, il devient complice », a déclaré la représentante Summer Lee (Pennsylvanie), à l’origine de la motion.
Le chef de la minorité démocrate, Hakeem Jeffries, a de son côté dénoncé une protection continue « du mode de vie des riches et des puissants », accusant les républicains de bloquer la transparence par calcul politique. Plusieurs élus démocrates, dont Ro Khanna (Californie), ont également présenté un projet de loi bipartisan pour imposer la publication intégrale des documents relatifs à Epstein.
Le ministère de la Justice, sous l’administration Biden comme sous celle de Trump, a jusqu’à présent conservé une grande partie de l’enquête confidentielle, notamment les procès-verbaux des audiences du grand jury. Le président Mike Johnson a déclaré que l’administration Trump « faisait déjà tout ce qui était en son pouvoir pour publier les documents », mais les démocrates ont mis en doute ces affirmations, accusant les dirigeants républicains de céder aux pressions de Donald Trump, ancien président et figure influente du parti.
Parallèlement, une autre assignation a été proposée pour convoquer Ghislaine Maxwell, ex-compagne d’Epstein, actuellement incarcérée pour complicité dans les abus sexuels. Certains législateurs, y compris le républicain Thomas Massie (Kentucky), ont salué cette décision mais mis en garde contre le fait de compter uniquement sur le témoignage d’une personne déjà condamnée pour ses liens avec Epstein.
Le débat sur l’affaire Epstein, qui semblait s’être essoufflé depuis la condamnation de Maxwell en 2022, revient donc avec force sur la scène politique américaine, dans un climat de méfiance généralisée envers les institutions. L’issue des démarches en cours pourrait révéler si le Congrès est prêt à remettre en cause les réseaux d’influence associés à l’affaire — ou s’il continuera à éviter un sujet politiquement explosif.

