Une première cohorte de 150 militaires haïtiens, dont 15 femmes, a quitté Haïti ce jeudi pour suivre une formation stratégique de trois mois au Mexique. Ce départ s’inscrit dans le cadre d’un programme bilatéral de coopération entre Port-au-Prince et Mexico visant à renforcer les capacités des Forces armées d’Haïti (FAd’H).
La cérémonie s’est tenue à Port-au-Prince en présence du Premier ministre Didier Fils-Aimé, du président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, du ministre haïtien de la Défense, ainsi que de plusieurs officiels civils et militaires. Le Mexique était représenté par Carlos Imanol Reyes, émissaire du ministère des Affaires étrangères.
Cette formation, prévue pour durer trois mois, fait partie d’un programme plus vaste qui concernera à terme 700 soldats haïtiens. Elle intervient dans un contexte de grave insécurité en Haïti, alors que de nombreuses zones du pays restent sous le contrôle de groupes armés. La reconstruction des FAd’H, dissoutes en 1995 puis remises sur pied en 2017, est régulièrement évoquée par les autorités comme l’un des leviers possibles pour restaurer l’ordre public.
Ce programme de formation au Mexique intervient alors que la Police nationale d’Haïti (PNH), principal acteur de la sécurité intérieure, est jugée en sous-effectif et en difficulté face à la montée en puissance de la violence armée. Le déploiement d’une mission multinationale d’appui à la sécurité dirigée par le Kenya est également en cours de préparation.
Aucune information détaillée n’a été fournie par les autorités haïtiennes sur le contenu exact de la formation dispensée au Mexique, ni sur les critères de sélection des recrues. Le gouvernement n’a pas non plus précisé comment ces nouvelles capacités militaires seront intégrées dans l’appareil sécuritaire national à court terme.
La relance de la coopération militaire avec des partenaires étrangers, comme le Mexique, intervient dans un contexte où l’État haïtien cherche à se repositionner comme acteur opérationnel de sa propre sécurité. Des interrogations subsistent néanmoins sur la gouvernance, la supervision et les garanties civiles entourant cette relance.
Ce départ constitue l’un des volets visibles d’un effort plus large de réorganisation des institutions haïtiennes, qui devrait selon les autorités inclure également la tenue d’élections à une date encore indéterminée.