28 décembre 2025
Et si le monde ouvrait enfin les yeux sur Haïti ?
Actualités Société

Et si le monde ouvrait enfin les yeux sur Haïti ?

par Ralf Dieudonné JN MARY,

Il y a, dans chaque coin du monde, une part de rêve. Un parfum d’ailleurs. Une image qui réchauffe le cœur : une ville, une plage, un souvenir ou une promesse.

Nous sommes des êtres de ponts, attirés par la beauté, la différence, l’inattendu.

Nous regardons souvent les pays avec admiration. Même quand certaines réalités nous dérangent, nous choisissons de voir ce qui inspire : l’art, la culture, la lumière, l’âme.

Nous aimons l’Italie pour la douceur de Florence.

La France pour ses musées et son art de la table.

L’Espagne pour son flamenco.

La Grèce pour sa sagesse ancienne.

Les Pays-Bas pour leurs tulipes.

La Suède pour ses lacs.

Le Portugal pour sa lumière dorée.

L’Irlande pour ses légendes.

La Suisse pour ses montagnes.

Nous regardons l’Afrique avec tendresse.

Le Sénégal pour sa teranga.

Le Maroc pour ses souks parfumés.

Le Rwanda pour sa résilience.

L’Afrique du Sud pour sa diversité.

Nous rêvons d’Asie :

Le Japon pour son harmonie.

L’Inde pour sa spiritualité.

Le Vietnam pour ses rizières.

Le Liban pour sa poésie.

La Corée pour sa pop-culture.

L’Amérique nous fascine.

Les États-Unis pour leur créativité.

Le Canada pour sa bienveillance.

Le Brésil pour sa musique.

Le Mexique pour ses couleurs.

Même les îles perdues du Pacifique deviennent sources d’émerveillement :

La Nouvelle-Zélande, les Fidji, les Samoa, Vanuatu…

Chaque pays a sa lumière.

Mais pourquoi le monde regarde-t-il Haïti avec des lunettes d’ombre ?

Haïti, ce n’est pas ce que vous croyez.

Ce n’est pas uniquement ce qu’on vous montre aux infos. Ce n’est pas juste une succession de crises ou de malheurs racontés à la une.

Haïti, c’est un peuple. Humain. Résilient. Créatif.

Nous ne voulons pas être réduits à notre passé.

Nous ne voulons pas être une leçon.

Nous voulons être une rencontre.

Rencontrez notre art : des toiles pleines de soleil, des fers découpés qui parlent, des mains qui savent transformer le peu en beauté.

Rencontrez notre musique : le kompa, le rara, le jazz créole, les tambours qui appellent la mémoire, les voix qui disent l’avenir.

Rencontrez notre langue : le créole, chaleureux, chantant, intelligent.

Rencontrez nos marchés : colorés, généreux, pleins de vie.

Rencontrez nos paysages : nos montagnes bleutées, nos plages discrètes, nos cascades cachées, nos mangroves qui respirent.

Rencontrez notre manière d’aimer.

Car chez nous, l’étranger devient invité. L’invité devient ami. L’ami devient famille.

Nous avons peu, mais nous donnons beaucoup.

Nous avons des défis, mais aussi des rêves.

Nous avons du talent. Des jeunes qui innovent. Des femmes qui bâtissent. Des hommes qui résistent. Des enfants qui rient.

Haïti n’a pas besoin de pitié. Elle a besoin d’écoute, de respect, de regard sincère.

Haïti n’a pas besoin qu’on la sauve. Elle a besoin qu’on la découvre.

Et pour cela, il faut venir.

Venez en Haïti. De vos propres yeux.

Pas pour nous juger.

Pas pour nous étudier.

Mais pour vous laisser toucher.

Venez écouter.

Venez ressentir.

Venez goûter.

Venez voir.

Car ce que nous avons à offrir ne s’explique pas.

Ça se vit.

Parfois, vous refusez de venir simplement parce que vos dirigeants vous le déconseillent. On vous dit qu’Haïti est à éviter, qu’il vaut mieux regarder ailleurs. Et, par prudence ou par réflexe, vous acceptez sans chercher à comprendre.

Mais que se passe-t-il réellement quand on nous tourne le dos sans venir voir de près ?

On croit s’éloigner d’un danger, mais on participe, sans le vouloir, à fragiliser une économie, à ternir un visage que l’on n’a jamais vraiment regardé.

Pendant qu’on vous dit de ne pas venir, les ambassades de vos pays, elles, restent ici. Vos représentants vivent parmi nous, accueillis avec respect et protection.

Pourquoi ne pourriez-vous pas, vous aussi, venir voir par vous-même ? Sans naïveté, mais avec ouverture. Sans peur, mais avec discernement.

On vous dit que notre pays est dangereux, que l’insécurité y règne, n’est-ce pas ? 

Pourtant, nous voyons souvent vos journalistes venir jusqu’au cœur des quartiers les plus marginalisés, caméra à l’épaule, micro tendu, pour documenter ce que nous vivons. Ils pénètrent dans des zones qu’on appelle « de non-droit », sans escorte parfois, et y rencontrent même ceux que l’on accuse de semer la terreur.

Ces reportages existent. Et ils révèlent une vérité rarement dite : même au milieu de nos fractures, même dans nos zones les plus fragiles, il reste une forme d’humanité qui accueille. Une forme de respect pour celui qui vient sans arrogance, qui cherche à comprendre.

Je ne dis pas que les chefs d’État ont tort de mettre en garde leurs citoyens. Un dirigeant, c’est un peu comme un père de famille : il protège avant tout. Lorsqu’il perçoit un danger, réel ou potentiel, il se doit de prévenir. C’est un geste de responsabilité, non de rejet.

Je ne jette pas la pierre non plus aux journalistes étrangers. Il faut un réel courage, et parfois même une forme de foi, pour entrer dans des zones de tension et aller à la rencontre de l’inconnu. Leur présence ici témoigne d’une volonté de comprendre, même dans l’adversité.

Et non, je ne cherche pas à excuser non plus ceux qui sèment la peur et le chaos. Mais je crois qu’on peut raconter une histoire plus complète. Parler de ce qui va mal, oui, mais aussi montrer ce qui résiste, ce qui tient debout, ce qui accueille encore.

Ce que je décris ici, ce n’est pas une défense, ni une accusation. C’est simplement une tentative de peindre un pays que trop de gens pensent connaître, alors qu’ils ne l’ont jamais vraiment regardé.

Chez nous, même celui qui tient une arme sait reconnaître la valeur d’un visiteur. C’est paradoxal, mais profondément réel. Haïti n’est pas un terrain perdu, c’est un pays blessé qui, malgré tout, sait encore offrir une main tendue.

À tous les lecteurs du monde, à tous les amoureux de la vérité, à tous ceux qui croient encore en la beauté humaine, nous tendons la main :

Si vous cherchez un pays où l’on vous ouvre les bras sans condition, sachez que chez nous, nous sommes même prêts à vous offrir une nouvelle appartenance. Avez-vous déjà rêvé de devenir Haïtien ? 

Chez nous, l’hospitalité va si loin qu’elle dépasse l’accueil : elle devient adoption. Si votre cœur bat à l’unisson avec le nôtre, alors pourquoi ne pas devenir l’un des nôtres ? 

Venez.

Haïti, ce pays que le monde croit connaître, vous attend.

Ralf Dieudonné JN MARY 

Auteur, conférencier, mentor et enseignant haïtien. Ingénieur civil diplômé de la Faculté des Sciences de l’Université d’État D’Haïti.

jeanmaryralf@gmail.com 

Téléphone : +509 34520855

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