Par Reynoldson Mompoint
Port-au-Prince, le 22 juillet 2025
Ils se sont promis fidélité au pied de la Citadelle. L’un offrait un territoire libéré au prix du sang, l’autre jurait de le servir, de le bâtir, de le faire fleurir. Et pourtant, depuis 1804, ce mariage forcé entre Haïti et l’homme haïtien ressemble plus à un long divorce non consommé, un pacte de trahison continue, une promesse piétinée à chaque génération.
Car enfin, soyons lucides : l’homme haïtien n’a jamais aimé son pays. Il l’exploite. Il le ronge. Il en suce la moelle et accuse la terre quand la récolte est mauvaise. Il refuse de se voir dans le miroir d’un État qu’il a façonné à son image : corrompu, lâche, lâcheur. La nation est là, gémissante, mutilée, vendue à la découpe, et lui ? Il parade en costard dans les forums, les valises pleines de projets creux et les poches pleines d’illusions rentables.
De 1804 à nos jours : l’héritage trahi
Les ancêtres n’ont pas renversé l’ordre colonial pour que leurs descendants deviennent les nouveaux colons de leurs propres frères. L’indépendance n’était pas un point final, mais un point de départ. Or, chaque génération a remis les chaînes avec plus de sophistication : chaînes mentales, chaînes économiques, chaînes politiques. L’homme haïtien, au lieu de construire, détruit avec méthode. À chaque crise, il joue au pyromane et au pompier. Il invente la misère pour mieux se faire le marchand de pauvreté subventionnée.
L’intellectuel ? Un décorateur de ruines. Le politicien ? Un voleur en cravate bénie. Le marchand ? Un parasite sans patrie. Le religieux ? Un négociant de miracles tarifés.
Haïti n’a pas échoué. Haïti a été trahie. Systématiquement. Brutalement. Par ses propres fils.
L’homme haïtien ne gouverne pas : il siphonne. Il ne dirige pas : il trafique. Il ne rêve pas de grandeur collective, mais de passeport diplomatique, de carte verte, de poste à l’étranger.
Ce pays a enfanté des héros, oui, mais aussi des milliers de Judas encravatés. Dès qu’il a un peu de pouvoir, l’homme haïtien devient un seigneur d’arrière-cour, distribuant la misère en petits contrats et les privilèges en clan bien choisis. Il s’invente des ennemis pour masquer son incompétence, pactise avec des ambassades pour se survivre au lieu de se réinventer.
Haïti attendait un partenaire.
Elle a reçu un bourreau.
2025 : l’an de la rupture ou de la répétition ?
Nous sommes en 2025. Haïti n’en peut plus d’espérer. Elle est fatiguée d’appeler à l’aide des enfants qui ne savent que fuir ou frapper. Et s’il fallait enfin poser la vraie question : l’homme haïtien mérite-t-il Haïti ? A-t-il seulement le courage de regarder le cadavre du rêve national et d’avouer : « C’est moi qui l’ai tué » ?
Ce n’est pas l’étranger, ni le sort, ni le diable. C’est l’homme haïtien, ce prince du sabotage, ce roi du désengagement, cet expert du repli. Tant qu’il ne changera pas, tant qu’il ne se réconciliera pas avec les valeurs de service, de dignité, de sacrifice, le pays restera en coma profond, avec pour seul traitement les larmes de ceux qui y croient encore.
Haïti n’a pas besoin de discours. Elle a besoin d’un homme nouveau. Et peut-être que ce mariage-là, tiendra.
Reynoldson Mompoint


