8 octobre 2025
Haïti, ta République livrée aux ennemis intimes
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Haïti, ta République livrée aux ennemis intimes

L’Edito du Rezo

Les ennemis publics numéro un d’Haïti. Leurs disputes ne sont que théâtre : en coulisses, ils partagent la même coupe, celle du parjure levée à l’autel profané de la nation.

Quand une nation ne reconnaît plus ses fondations, quand elle applaudit ses fossoyeurs et exile ses bâtisseurs, elle court à sa propre perte. Quis custodiet ipsos custodes? Qui surveillera ceux qui nous gouvernent sans légitimité ni mandat du peuple? Haïti, jadis fière et rebelle, semble aujourd’hui livrée aux mains d’hostes publici, d’ennemis publics de la République.

Non, il ne s’agit pas ici d’énoncer des noms, car la liste serait aussi longue qu’indigne. Trop de coopérants de l’intérieur, trop de traditores qui, sous prétexte de servir le drapeau, piétinent sans remords la Constitution. Ces gens qui, pour un plat de lentilles ou un fauteuil sans légalité, acceptent que brûle la maison commune, ont fait sécession d’avec l’idée même de patrie. Ils rient de la loi, méprisent le jus publicum, et trahissent chaque jour le serment républicain.

Si la République est aujourd’hui si décriée aux tribunes internationales, ce n’est pas uniquement à cause des armes ou des crises. C’est parce que Res publica non est res privata : une République ne peut être dirigée comme une affaire privée. Or, depuis des décennies, Haïti est tenue par des hommes et femmes qui gouvernent hors du droit, hors du peuple, hors du temps. Le CPT en est la dernière illustration grotesque. Neuf conseillers autoproclamés, sans ratification, sans publication de l’accord fondateur au Moniteur, usurpent le nom de la République. Avec eux, les chefs successifs de la Primature, les directeurs généraux de la police, les présidents provisoires ou prolongés, les ministres de l’illégalité rampante – tous ces acteurs de la forfaiture constitutionnelle méritent d’être interpellés.

On ne bâtit pas une nation sur la dérogation. Nulla poena sine lege, certes, mais nullum imperium sine legitimitate. Il n’y a pas d’autorité sans légitimité. Comment, dès lors, accepter que ceux-là mêmes qui ont transgressé la loi prétendent aujourd’hui organiser des élections, choisir les prochains dirigeants, écrire un référendum à coups de décrets?

Le citoyen haïtien doit désormais poser la question : quand établirons-nous enfin la tabula infamiae, la liste noire des ennemis publics numéro un de la nation? Quand déciderons-nous que ceux qui ont foulé la loi ne peuvent être les futurs arbitres de notre destin commun? Car Haïti n’ira nulle part si elle continue à remettre sa souveraineté entre les mains des illégitimes. Pendant que la République s’agenouille, nos voisins avancent. Et nous, que faisons-nous?

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