8 octobre 2025
Fritz Jean au Brésil, Saint-Cyr flirte avec OEA à Nice, suggérant un « dialogue avec les gangs », Voltaire trace une ligne rouge
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Fritz Jean au Brésil, Saint-Cyr flirte avec OEA à Nice, suggérant un « dialogue avec les gangs », Voltaire trace une ligne rouge

Dialogue ou fermeté ? Les lignes de fracture se dessinent autour de la crise haïtienne

Fritz Alphonse Jean, troisième président de doublure du Conseil Présidentiel de Transition (CPT),devrait séjourner à Brasília, où il prend part à un sommet dit « inédit », consacré aux transitions politiques en contextes de crise. Selon un communiqué émis par la présidence d’Haïti à sept Tèt — apparemment capable d’être présente en plusieurs lieux à la fois sur la scène internationale —, M. Jean devrait regagner le pays le dimanche 15 juin 2025.

Cette initiative diplomatique — à un moment où la diplomatie haïtienne est vivement critiquée pour clientélisme et mauvaise gestion — coïncide avec une déclaration controversée du nouveau Secrétaire général de l’OEA, M. Albert Ramdin, qui, en marge de la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC3), a proposé, selon un média international, l’ouverture de pourparlers directs avec les groupes armés terroristes opérant en Haïti.

Dans un communiqué diffusé en début de semaine, le bureau du conseiller-président Laurent Saint-Cyr a salué l’ouverture de Ramdin et souligné « l’importance d’une coordination cohérente avec les partenaires internationaux pour accompagner le retour à l’ordre constitutionnel ». La rencontre avec Ramdin à Nice, en France, a été qualifiée de « fructueuse », sans préciser si la question des gangs avait été directement abordée comme interlocuteurs politiques potentiels.

Cette hypothèse a toutefois suscité une levée de boucliers. Le conseiller Leslie Voltaire, ex-président de doublure du CPT, a dénoncé fermement toute forme de dialogue avec les chefs de gangs. « On ne pactise pas avec des terroristes », a-t-il déclaré, en évoquant le sort des policiers assassinés, des familles déplacées et des enfants sans abri.

Selon lui, accepter une telle démarche reviendrait à trahir la mémoire des victimes et à institutionnaliser l’impunité dans le pays — oubliant toutefois qu’au sein même du Conseil présidentiel de transition, l’impunité demeure : trois conseillers, accusés d’avoir exigé des pots-de-vin d’un ancien haut cadre de la Banque nationale de crédit (BNC) en échange du maintien de ce dernier à son poste, siègent toujours en toute impassibilité.

Tandis que l’OEA privilégie une approche pragmatique face à une réalité haïtienne profondément fragmentée — à l’image des compromis politiques controversés de 2011 —, plusieurs voix s’élèvent à Port-au-Prince et dans la diaspora pour réaffirmer les principes non négociables de justice, de légalité et de refus de la terreur. Josué Renaud, directeur exécutif de NEHRO, figure parmi ceux qui insistent sur l’incompatibilité entre un dialogue avec des groupes armés et l’instauration d’un véritable État de droit. Pour ces acteurs de la société civile transnationale, toute solution politique durable doit impérativement se fonder sur l’exigence de responsabilité et la consolidation institutionnelle.

Dans cette perspective, la participation de Fritz Jean à un sommet régional à Brasília apparaît comme une tentative de repositionner le Conseil présidentiel de transition sur la scène diplomatique latino-américaine. Ce geste survient toutefois dans un contexte de vives tensions internes, marqué par un rejet massif — au sein de la population — du projet de référendum constitutionnel, jugé à la fois illégitime dans son fondement et inconstitutionnel dans sa procédure. Cette divergence croissante entre les aspirations populaires et certaines manœuvres institutionnelles souligne l’ampleur de la crise de légitimité qui pèse sur l’ensemble du processus de transition.

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