25 septembre 2025
Quand l’algorithme pense pour nous : le piège de la personnalisation
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Quand l’algorithme pense pour nous : le piège de la personnalisation

Chaque jour, des milliards de personnes consultent des réseaux sociaux, regardent des vidéos, lisent des articles ou écoutent de la musique. Mais qui décide de ce qu’elles voient ou entendent ? Très souvent, ce n’est pas elles. Ce sont des algorithmes. Conçus pour personnaliser notre expérience, ces programmes décident ce qui mérite notre attention. Mais cette personnalisation est-elle toujours bonne pour nous ? Pas forcément.

Dans nos téléphones, sur nos écrans, partout où nos pouces défilent et nos yeux s’attardent, quelque chose ou quelqu’un choisit à notre place. Ce n’est pas un éditeur, un professeur, un ami. C’est un algorithme. Invisible, rapide, précis, obsédé par une seule mission : nous garder captifs.

Derrière cette « personnalisation » apparemment bienveillante, les géants du numérique nous enferment dans des bulles cognitives confortables mais étouffantes. On ne lit plus que ce qui confirme nos idées. On ne regarde que ce qu’on aime déjà. On entend les mêmes voix, les mêmes musiques, les mêmes colères. Et puis un jour, on s’étonne : Pourquoi le monde nous paraît-il si polarisé, si violent, si binaire ?

L’algorithme n’a pas de morale. Il n’a pas de souci d’éthique, de vérité, ou de diversité. Il ne se demande pas si un contenu est bon ou mauvais pour nous, pour notre santé mentale ou notre société. Il se demande seulement : Est-ce que cette vidéo va te retenir ? Est-ce que ce titre va te faire cliquer ?

La liberté de choix est devenue une illusion. Ce qu’on croit découvrir est souvent le fruit d’un réglage automatique, dicté par nos précédents clics, nos hésitations, notre temps d’attention. Nous ne cherchons plus, nous sommes cherchés.

Certains s’en réjouissent. « C’est pratique. C’est efficace. » Mais que vaut cette efficacité si elle nous rend paresseux, fermés au hasard, incapables d’aller vers l’inconnu ? Une société qui ne confronte plus les idées, qui ne se frotte plus à la contradiction, s’affaiblit.

Il est temps de regarder l’algorithme en face. De réclamer plus de transparence sur ce qui régit nos flux. De défendre le droit au désordre, au contre-pied, au hors-algorithme. Parce qu’un esprit libre ne se nourrit pas de répétition, mais d’exploration.

Aujourd’hui, la vraie révolution, ce n’est plus de publier ce que l’on veut. C’est de choisir réellement ce que l’on voit.

Daniel Alouidor

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