Parfois,
je rêve d’un matin sans passé —
où je ne serais pas moi,
pas cette version
pleine de cicatrices bien rangées.
J’imagine un lieu
où personne ne connaît mon nom,
où chaque regard
est une première fois,
où les erreurs ne me suivent pas
comme des chiens fidèles.
Je voudrais marcher à reculons
jusqu’à l’instant
où j’ai choisi le mauvais silence,
où j’ai dit oui
alors que tout en moi criait non.
Mais le monde ne rembobine pas.
Il avance, maladroit,
avec ses coins usés
et ses soleils incertains.
Alors je m’assois,
je respire,
je tends la main
non pas vers hier,
mais vers ce bout de jour
qui m’attend encore vierge,
et qui me murmure :
essaie encore.
Elensky Fragelus