Le 11 mai ou la politique du vide en Haïti
Annoncé dès janvier comme une échéance décisive pour la tenue d’un référendum constitutionnel, le 11 mai est passé sans fracas, sans explication, sans même l’ombre d’un communiqué officiel. Une fois de plus, la parole publique en Haïti se dissout dans le silence ou la diversion, et ce rendez-vous marqué s’ajoute à une longue liste d’annonces sans lendemain.
Ce n’est pas tant l’échec logistique qui interpelle que l’absence totale de responsabilité politique. Aucun dirigeant n’a cru bon de justifier l’abandon de ce processus, pourtant largement médiatisé en amont. Ce mutisme en dit long sur le rapport au citoyen et au principe de redevabilité. L’État annonce, déclare, promet… puis se tait. Une gestuelle vide qui confine à une forme de masturbation institutionnelle, dénoncée à raison par une société civile de plus en plus désabusée.
L’ironie veut que l’on parle encore, dans les cercles officiels, d’un référendum ex nihilo à venir — sans pour autant être en mesure d’en fixer la date. Un projet sans horizon clair, comme figé dans l’entre-deux d’un pouvoir sans vision. Dans un pays où chaque échéance manquée creuse davantage la fracture entre le peuple et ses dirigeants, l’abandon silencieux du 11 mai n’est pas un simple contretemps : il est le symptôme d’un système qui s’épuise à fuir la responsabilité.