L’attribution du statut de « terroristes transnationaux » aux gangs du G9, fédérés par PHTK puis transformés en « Viv Ansanm » sous le régime d’Ariel Henry hautement soutenu par des figures comme André Michel, Edmonde Beauzile, Saurel Hyacinthe, Laurent St-Cyr…, ne doit pas devenir un outil d’appropriation politique opportuniste, notamment de la part de ceux qui, par le passé, ont été accusés d’entretenir des liens directs avec ces groupes lors des périodes de « pays-lock ». Il serait non seulement malhonnête, mais aussi dangereux de permettre à certains individus ou partis de se saisir d’une décision, certes nécessaire, mais tardive. Ces dérives criminelles ont fréquemment été soutenues et instrumentalisées par des leaders politiques en quête de contrôle sur les finances publiques. Les accusations ouvertes de Vitelhomme Innocent, qui désignait des figures de l’ancienne opposition telles que Me André Michel comme complices des gangs, et la position de Claude Joseph, ancien Premier ministre de facto (PHTK 2), en faveur de leur participation aux négociations de Kingston, en témoignent. Ce constat doit nous alerter et nous inciter à la vigilance, afin d’éviter toute réécriture opportuniste de l’histoire. Ils veulent le beurre et l’argent du beurre.
Face à l’expansion des gangs en Haïti, désormais depuis vendredi 2 mai 2025, classés comme organisations terroristes par les États-Unis, il est impératif de repenser les mécanismes de sécurité nationale. Une stratégie nationale de défense territoriale fondée sur une réforme du recrutement militaire, décentralisée au niveau des chefs-lieux départementaux – Fort-Liberté, Cayes, Cap-Haitien, Port-de-Paix, Jacmel… -, s’impose afin d’intégrer les jeunes dans une dynamique de lutte structurée contre l’insécurité.
1. Contexte sécuritaire et nécessité d’une réponse adaptée
La situation sécuritaire en Haïti s’est considérablement dégradée, avec des gangs contrôlant une grande partie du territoire, notamment la coalition criminelle Viv Ansanm qui domine plus de 85 % de Port-au-Prince. Depuis le vendredi 2 mai 2025, ces entités sont officiellement désignées comme groupes terroristes par les États-Unis, ce qui accroît la nécessité d’une réponse nationale robuste et bien structurée. Une stratégie nationale de défense territoriale fondée sur une réforme du recrutement militaire, décentralisée au niveau des chefs-lieux départementaux, s’impose afin d’intégrer les jeunes dans une dynamique de lutte structurée contre l’insécurité.
2. Décentralisation du recrutement : une approche territoriale
Traditionnellement centralisé à Port-au-Prince, le recrutement militaire gagnerait à être réorganisé sur une base départementale. Établir des centres de recrutement dans chaque chef-lieu permettrait :
- Identification locale : Les autorités locales, leaders communautaires et notables peuvent évaluer l’intégrité des candidats, garantissant qu’ils ne sont pas affiliés à des groupes criminels.
- Engagement communautaire : Une sélection locale favorise l’acceptation sociale et renforce le lien entre les forces de sécurité et la population.
- Répartition équitable : Cela assure une représentation nationale équilibrée au sein des forces armées, en prenant en compte les spécificités culturelles et géographiques des régions.
3. Processus de sélection et formation
Le processus proposé se structure autour des éléments suivants :
- Recommandations locales : L’enrôlement se ferait exclusivement sur recommandation de personnalités reconnues — maires, anciens officiers, prêtres, pasteurs, directeurs d’école ou représentants associatifs.
- Contrôle d’antécédents : Une enquête rigoureuse menée en coordination avec les autorités judiciaires et les services de renseignement permettrait d’exclure toute personne ayant eu des liens avec des gangs ou impliquée dans des actes irrévérencieux.
- Formation militaire : Un entraînement de six mois comprendrait :
- Formation aux tactiques d’infanterie légère et à la défense territoriale.
- Instruction en droit humanitaire, civisme et discipline militaire.
- Modules de gestion des situations d’urgence, premiers secours et soutien aux populations civiles.
- Entraînement physique intensif et éthique du soldat.
4. Missions assignées aux nouvelles recrues
Ces jeunes enrôlés auront pour mission :
- Sécurisation des frontières départementales : Chaque contingent devra contenir les mouvements suspects et empêcher les infiltrations de groupes armés à travers les axes routiers secondaires.
- Appui aux forces publiques existantes : En collaboration avec la Police nationale d’Haïti (PNH), ils interviendront dans les zones à haut risque, particulièrement dans les zones urbaines périphériques abandonnées par l’État.
- Participation aux missions civilo-militaires : Notamment dans la reconstruction, la réhabilitation des routes, le soutien aux écoles et dispensaires communautaires, en lien avec une doctrine de « défense utile au développement ».
5. Implications stratégiques et perspectives
La mise en œuvre de cette stratégie engendrerait :
- Un ancrage territorial de la défense nationale : Enracinée dans chaque département, l’institution militaire gagnerait en légitimité et en proximité.
- Une alternative sociale pour la jeunesse : Offrir à des milliers de jeunes une voie encadrée vers l’intégration socio-économique contribuerait à enrayer le recrutement criminel.
- Un effet dissuasif à l’échelle régionale : Le maillage militaire départemental constituerait un obstacle logistique à l’expansion géographique des gangs désormais considérés comme entités terroristes.
La décentralisation du recrutement militaire constitue une mesure stratégique pour refonder la sécurité nationale sur des bases communautaires et inclusives. Elle permettrait de mobiliser les jeunes autour d’un idéal de service patriotique, tout en créant une force de dissuasion crédible face aux menaces terroristes internes. L’appel « sous le drapeau » ne saurait rester une simple rhétorique mémorielle : il doit devenir un levier d’action pour restaurer l’autorité républicaine sur l’ensemble du territoire haïtien. Toutefois, cette réforme exige un cadre institutionnel crédible. Vu que l’organigramme des Forces Armées d’Haïti (FAd’H) n’a pas été redéfini depuis leur remobilisation partielle, un décret présidentiel pourrait établir formellement cette architecture, à condition expresse que les postes clés ne soient pas accaparés par ceux-là mêmes qui ont contribué à la dislocation de l’État.
Aucun projet sérieux de refondation militaire ne saurait être confié à des sapeurs-pompiers autoproclamés qui, en réalité, furent les pyromanes du système. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), dans sa configuration actuelle, où au moins trois de ses membres sont publiquement mis en cause dans des affaires de corruption systémique, ne dispose ni de la légitimité ni de la crédibilité nécessaire pour engager la Nation sur la voie d’un redressement militaire et républicain. Un tel projet, par essence, requiert une refondation morale avant même la structuration stratégique.
cba

